Le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement a organisé, ce mercredi 27 mars 2024, son cinquième webinaire de l’année 2024 sur le cancer pédiatrique en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Deux experts à savoir Docteur Issimouha Dille, Chargée de la lutte contre le Cancer au bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Afrique et le Professeur Atteby Jean-Jacques, Chef du service d’oncologie pédiatrique à l’hôpital Mère/Enfant de Bingerville en Côte d’Ivoire, l‘ont animé pendant plus d’une (1) heure avec une vingtaine de journalistes, membres du Rémapsen, éparpillés en Afrique de l’Ouest et du Centre ainsi qu’en Angola et au Madagascar.
A l’entame, madame Sybille Mengué, Modératrice de ce webinaire, a rappelé le contexte mondial du cancer pédiatrique, marqué par ce chiffre portant sur la présence de plus de 400.000 enfants cancéreux.
Selon certaines statistiques d’après elle, seuls 3% d’entre eux échappent au diagnostic précoce en Europe et en Amérique du Nord alors que ce taux est estimé à plus de 50% des cas chez les enfants cancéreux de 0 à 19 ans en Afrique.
Prenant la parole, Docteur Dille a tout d’abord planté le décor non reluisant dans lequel baignent les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, pointillé par un faible taux de couverture tournant autour de 20% soit 1enfant/5 qui bénéficie de la prise en charge alors que l’objectif initial est fixé à 60% qui est le reflet de l’engagement des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre d’ici 2030 conformément au point 2 des 17 Objectifs du Développement Durable (ODD).
8/10 des cas sont curables en Afrique Cependant 4/5 des cas guérissent dans les pays développés alors que 1/500 de cas des enfants souffrant de cancers guérissent en Afrique de l’Ouest et du Centre. 90% de ces cas sont présents dans les pays à revenus faibles et à revenus intermédiaires.
Elle a aussi énuméré les six (6) cas de cancers, présents en Afrique de l’Ouest et du Centre notamment les cancers de reins, d’œil, du sang, les cancers de la moelle osseuse, des ganglions (lymphomes) avant d’évoquer l’initiative Mondiale de l’OMS, lancée en 2018 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Ces cas ont pu être Identifiés grâce à cette initiative mondiale de l’OMS.
Cette Initiative Mondiale de l’OMS vise en effet à mobiliser les partenaires au développement des pays africains et les Etats africains en vue de leur forte implication dans la lutte contre les cancers chez les enfants en Afrique.
Cette implication revêtira alors plusieurs formes d’intervention en faveur des enfants cancéreux notamment la formation des agents de santé, de l’appui technique et de l’approvisionnement en médicaments à moindre coût que celui qui est actuellement pratiqué sur le marché d’approvisionnement des médicaments en Afrique.
Aujourd’hui, selon elle, plus de 100 pays ont rejoint cette initiative de l’OMS.
Elle s’est également empressée de déclarer qu’il n’y a pas à ce stade de causes avérées de ces types de cancers en tant que telles parce que ces cancers ne sont pas bien cernés comme le cancer des adultes dont les causes sont liées au tabagisme, à l’alcoolisme et à l’alimentation.
Elle a, en outre, souligné que les femmes pendant la période de la grossesse pourraient être exposées à des radiations, aux oxydes et à toutes sortes d’infections particulières si l’on n’y prend pas garde.
Elle a regretté par ailleurs le fait que les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ne disposent pas de données fiables puisque ceux-ci n’ont pas encore de registres appropriés afin de relever les données liées aux enfants cancéreux dans ces zones du continent africain.
Elle a donc déploré le fait qu’il n’y ait que seulement cinq (5) pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre qui détiennent de registres de qualité mais ceux-ci n’intègrent malheureusement que peu de données fiables relatives aux enfants atteints par cette pathologie
Par conséquent, l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont confrontées au problème de collecte de données et de leur fiabilité.
Ce défi reste entier et risque d’empirer la situation de la problématique liée au diagnostic précoce des enfants malades et de leur prise en charge efficiente à cause de l’inexactitude de ces données qui ne constituent pas la priorité des priorités des pouvoirs publics dans ces pays pour que ce défi soit pris à bras le corps.
Les cas de cancers des enfants de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont curables si ces données sont bien tenues et gardées pourvu que le diagnostic soit aussi établi tôt
L’entrave à l’atteinte de cet objectif demeure néanmoins le manque d’agents de santé qualifiés et d’équipements adéquats notamment la radiothérapie ainsi que de médicaments. D’ailleurs seuls 25 pays africains disposent de radios thérapeutiques.
L’intervention contre ces cas de cancers chez les enfants requiert aussi l’association de plusieurs spécialités, d’agents de santé qualifiés et de l’accès aux médicaments à faible cout
A propos des symptômes de ces cancers chez les enfants, elle a dit que dès qu’une tâche blanche apparait dans les yeux des enfants qu’il faut les envoyer rapidement à l’hôpital, car plus le diagnostic est fait tôt, plus les enfants ont la forte chance de survie.
L’OMS a produit un document, à cet effet, qui sera mis à la disposition des médias pour une communication et sensibilisation efficaces.
De son coté, Professeur Atteby Jean-Jacques a aussitôt évoqué qu’il y a plus de 300 nouveaux cas diagnostiqués qui sont confirmés chez les enfants et la tendance générale tend maintenant vers plus de 1000 nouveaux cas de cancers en Afrique de l’Ouest et du Centre même si ces 250 cas qui y sont seulement diagnostiqués
Cette tendance est presque de même en Côte d’Ivoire comme le révèlent les statistiques qui varient entre 200 voire 250 cas en Côte d’Ivoire.
Au sujet de l’hôpital Mère/Enfant de Bingerville, Professeur Atteby a déclaré que cet hôpital a un caractère universitaire et social et qu’il est le deuxième centre de ce type depuis 5ans en Côte d’Ivoire.
Hôpital Mère/Enfant enregistre 80% d’hospitalisation au cours des derniers mois de l’année et ses patients sont pris en charge par une équipe de plusieurs spécialités notamment les Chirurgiens, les Pédiatres, les Biologistes. Même si la radiothérapie est réalisée à l’externe plus précisément à Abidjan.
L’hôpital a aussi reçu les 2/3 des cas des enfants souffrant de cette pathologie diverse avec parfois à une phase avancée Mais l’hôpital a à son actif plus de 40% de cas de rémission.
L’hôpital traite en outre tous les types de cancers chez les enfants et les adolescents
Professeur Atteby Jean-Jacques a conclu son exposé en déclarant que les cancers pédiatriques se guérissent rapidement quand ils sont détectés à temps.
Questions des journalistes des pays présents à ce webinaire ont porté sur le respect des Etats de leur obligation internationale, relatif à la santé publique, sur la problématique liée au diagnostic précoce, à l’équipement adéquat des centres d’oncologie pédiatrique, au coût du traitement, à l’accès aux médicaments ainsi que sur les causes et sur le rapport cancer/diabète.
Au sujet de l’engagement international des pays de l’Afrique, relatif à la santé, Docteur Dille a répondu que l’OMS oriente les pays en vue de permettre à ces pays de prendre les meilleures décisions en matière de santé publique.
Elle a par ailleurs rappelé que l’OMS œuvre pour atteindre 60% de cas de survie, liés aux cancers chez les enfants en Afrique et vouloir même porter ce taux à 100%.
A cet effet, il y aura l’évaluation et l’élaboration d’un plan d’action incluant la formation des agents de santé, l’équipement, la mise en place d’un protocole et d’une technologie dans les services d’oncologie pédiatrique en Afrique.
Docteur Dille a ajouté que l’OMS élabore actuellement la liste des outils et des signes de cancers présents chez les enfants en Afrique en vue de favoriser leur diagnostic précoce et traitement.
Elle a également souligné l’existence d’une Plateforme mondiale pour l’accès aux médicaments en préconisant un achat groupé en vue d’améliorer le système d’approvisionnement en Afrique pour que ces médicaments soient sept fois moyens chers que le prix qui est actuellement pratiqué dans le monde.
Elle a en outre rappelé qu’Il n’y a pas de vaccination, ni de prévention primaire, il n’y a que l’action au stade précoce tout en précisant que le traitement de cancers est lourd, pouvant même entrainer l’infertilité chez les enfants.
Elle s’est réjouie du travail du Groupe franco-africain oncologie pédiatriques qui, existe depuis 25 ans, appuie et conseille en faisant avancer la prise en charge des enfants cancéreux en Afrique.
Les modules sont aussi mis en place pour un diagnostic précoce et une orientation appropriée des enfants cancéreux.
Quant au Professeur Atteby Jean-Jacques, à propos des causes des cancers chez les enfants en Afrique, il a dit qu’il y a deux facteurs qui sous-tendent celles-ci notamment les facteurs génériques soit 40% des cas relevés et environnementaux qui sont néanmoins très marginaux.
Au sujet du coût de traitement dans un contexte de précarité généralisée en Afrique, Professeur Atteby a évoqué l’exemple de la Mauritanie où la prise en charge est gratuite,
Il a en outre rappelé que les initiatives privées et des ONG appuyées par les partenaires, permettent aussi de sortir le cancer de l’enfant de l’anonymat.
Le Professer Atteby a déclaré que la Journée internationale de la lutte contre le cancer chez l’enfant est célébrée le 15 février de chaque année.
Il a ensuite soutenu que la médicine traditionnelle n’est pas toujours efficace, elle peut nuire à la santé puisque les plantes peuvent générer les effets néfastes comme la malformation des enfants.
Il a salué les efforts des Fondations des Premières Dames du Bénin, du Cameroun et de la Cote d’Ivoire en faveur des enfants atteints par les cancers
Il a conclu en déclarant qu’il n’y a pas de similitude entre le diabète et le cancer, car le traitement de cancers est très lourd.
Iboun Conté