Le comité de crise des événements de Womey a, dans une déclaration rendue publique, condamné les tueries dans la sous-préfecture de Womey, le 16 septembre dernier.
Il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse qu’il a animé ce vendredi 03 octobre 2014 à la maison de la presse de Colèah. Par la même occasion il dénonce les exactions en cours dans ce village mais aussi la stigmatisation dont est victime le village de Womey en particulier et la région forestière en générale.
‘’C’est avec émoi et consternation que le peuple de Guinée a appris les événements tragiques qui sont survenus dans la Sous-préfecture de Womey, le 16 septembre 2014.
Au regard de cette situation, un comité de crise a été mis sur pied pour participer activement à la manifestation de la vérité et à la recherche d’une paix sociale durable en Guinée forestière.
En effet, personne n’a le droit d’ôter la vie à son prochain pour quelques raisons que se soient. C’est pourquoi nous nous inclinons pieusement devant la mémoire des victimes et présentons nos condoléances les plus attristées à leur famille et à l’ensemble du peuple de Guinée
Convaincu que la vie humaine est sacrée et mérite respect, le comité de crise condamne fermement ces actes de violence ayant conduit à des tueries à Womey. Il dénonce par la même occasion les exactions en cours dans ce village, notamment les vols de pillages systématiques des biens appartenant aux citoyens de Womey, les violences physiques, les arrestations arbitraires ainsi que la destruction des habitations. Les auteurs de ces faits, qui qu’ils soient, doivent être également retrouvés et punis à la hauteur de leur forfaiture.
Aussi, le comité constate avec regret que depuis ce tragique événement, nombreux sont ceux qui ont prononcé des jugements hâtifs de nature à compromettre dangereusement l’œuvre de la justice. Tout un village, et par extension, la préfecture de Nzérékoré et la région forestière dans son ensemble, font l’objet de stigmatisation et sont taxés de barbares par certaines autorités au sommet de l’Etat.
Le comité tient à rappeler la responsabilité pénale est personnelle et que chaque citoyen répond individuellement de ses actes contraires à la loi. C’est pourquoi, il est important de s’abstenir de faire des conclusions hâtives sur ces événements en attendant la manifestation de la vérité par le biais d’un procès juste et équitable.
Pour ce faire, et dans l’intérêt du respect des lois de la République, le comité recommande au gouvernement et à la communauté internationale ce qui suit :
Aux autorités civiles, militaires et judiciaires à :
-Diligenter dans les plus bref délais, une commission d’enquête impartiale afin de faire la lumière sur ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui « les incidents regrettables de Womey » ;
– Mettre en place une stratégie efficace et adaptée de communication en vue de contrôler efficacement l’épidémie d’Ebola en Guinée, en général, et dans les zones rurales, en particulier ;
-Situer les responsabilités suites aux pertes en vies humaines en détectant et en punissant les acteurs de quelque bord qu’ils soient, cela conformément aux lois de la République ;
-Ordonner immédiatement le retrait et sans condition des forces de défense actuellement postées à Womey ;
-Ordonner en outre l’arrêt immédiat des arrestations arbitraires et abusives, des pillages, des vols et autres exactions en cours à Womey ;
-S’abstenir de toute stigmatisation de la communauté forestière en générale et celle de Womey en particulier ;
-Associer les communautés dans toutes les stratégies qui seront mises en place pour l’éradication de l’épidémie d’Ebola en Guinée ;
-Eviter la chasse aux sorcières non fondée sur une enquête libre et impartiale en respectant et en protégeant les droits de l’Homme en toutes circonstances ;
-Œuvrer au retour et sans délai des citoyens de Womey dans leur village.
A la communauté et aux organisations humanitaires locales à :
-Organiser des assistantes humanitaire à l’endroit des populations injustement déplacées de Womey ;
Aux communautés de Nzérékoré et des sous-préfectures rattachées à :
-Ne pas recourir à la violence lors des revendications sociales quelque soit l’urgence et la gravité ;
-Privilégier la négociation et les autres modes de règlement pacifique des conflits.
Que Dieu bénisse la Guinée.
Le comité de crise sur Womey.