Alors que les tensions se poursuivent après l’annonce des résultats de la présidentielle, Hama Amadou s’est présenté de lui-même à la police, à Niamey. Depuis le 23 février, 468 personnes ont été arrêtées et deux autres sont décédées dans des échauffourées dans la capitale.
Hama Amadou s’est rendu à la police, en début d’après-midi le 26 février. Soupçonné par les autorités d’incitation à la violence et d’avoir appelé ses partisans à manifester dans les rues de Niamey, l’opposant, principal soutien de Mahamane Ousmane, s’est présenté de lui-même à un commissariat de Niamey pour y être entendu, a appris Jeune Afrique. Il est accompagné de deux de ses avocats.
Depuis deux jours, les tensions se sont peu à peu intensifiées à Niamey, considérée comme un bastion de l’opposition. Les manifestations ont fait suite à l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle, lesquels ont donné Mohamed Bazoum vainqueur avec 55,75% des suffrages. Mais Mahamane Ousmane a rejeté ce verdict et revendique lui aussi la victoire, affirmant avoir comptabilisé 50,3 % des voix, selon les comptes de l’opposition.
Hama Amadou soupçonné d’ »appel au meurtre »
À Niamey, plusieurs bâtiments ont notamment été incendiés et les échauffourées entre les manifestants et la police – qui a répliqué à grand renfort de gaz lacrymogène – ont fait deux morts, selon le ministère de l’Intérieur. Ce dernier a également annoncé jeudi 25 février avoir procédé à 468 arrestations depuis le 23 février, « y compris certains hommes politiques », selon les mots du ministre Alkaché Alhada.
D’après les autorités, l’une des personnes décédées a été victime d’une crise d’épilepsie pendant une manifestation, l’autre, un garde de corps de l’ancien Premier ministre Seini Oumarou, ayant été tuée par balle. Il y a eu « des dégâts, destructions d’infrastructures, de biens publics et privés », a précisé le ministre de l’Intérieur, qui avait pointé du doigt Hama Amadou, « principal responsable » et coupable selon lui d’ »appel au meurtre, à la violence », de « propos racistes inacceptables » et de « xénophobie ».
La France, la Cedeao et l’ONU appelle au dialogue
Parmi les personnes arrêtées figure l’ancien chef d’état-major des armées Moumouni Boureima, proche de Amadou Hama, accusé d’être un des « meneurs » des troubles qui ont émaillé l’annonce des résultats. Le 25 février, le domicile du correspondant de RFI, a également été incendié. La direction de RFI a estimé que son correspondant « a été visé en tant que journaliste » et « condamne cet acte liberticide et continuera de défendre la liberté d’informer ».
La France, la Cedeao et l’ONU ont quant à elles appelé au dialogue. Condamnant ces violences, Paris a appelé l’ensemble des parties au « dialogue » et « à recourir aux voies légales pour régler tout différend ». Dans un communiqué commun, la Cedeao et l’ONU « condamnent fermement les actes de violence » et « appellent toutes les parties prenantes à la retenue ». Lors d’une rencontre à Niamey avec les diplomates étrangers et les représentants des organisations internationales, le Premier ministre nigérien Brigi Rafini leur a demandé d’aider son pays au dialogue avec l’opposition « pour un Niger uni et sans fractures ».
JA