Les dirigeants européens et africains sont réunis ce jeudi à Malte pour un sommet extraordinaire sur l’immigration. L’objectif des Européens : éviter d’apparaître comme une « forteresse » aux yeux d’Africains avec lesquels ils vont signer un plan d’action censé endiguer l’afflux de migrants.
Une lourde tâche attend donc les chefs d’État européens à La Valette, à Malte, ce jeudi 12 novembre. En dépit de l’hiver qui approche, le flux de migrants ne faiblit pas et il a conduit mercredi la Slovénie à installer des barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Quelques heures plus tard, la Suède annonçait quant à elle qu’elle rétablissait des contrôles à ses frontières.
Dans leur déclaration commune, qui doit être signée dans la journée, Européens et Africains s’engagent à « gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects », selon un projet de texte obtenu par l’AFP. La cinquantaine de dirigeants européens et africains présents à La Valette doit également souscrire à un plan d’action comportant une série de mesures visant à freiner les flux de migrants.
La Commission européenne met sur la table 1,8 milliard d’euros, un montant qu’elle espère voir doubler avec la contribution des 28 États membres de l’UE. « Nous ne devrions pas voir cette crise migratoire comme une menace. Nous devrions reconnaître les opportunités offertes par les migrations », a déclaré mercredi le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker, à l’ouverture de ce sommet entre Européens et Africains.
Davantage de visas
Ces derniers ont pris les Européens au mot en réclamant davantage de visas dans le cadre d’une migration légale. « La situation actuelle interpelle nos partenaires européens sur l’urgence de promouvoir la migration légale et la mobilité entre nos deux continents », a ainsi déclaré devant ses pairs le président ivoirien Alassane Ouattara.
Les Européens ont timidement répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains, selon le projet de plan d’action consulté par l’AFP. En contrepartie, les pays de l’UE veulent que leurs homologues africains les aident à renvoyer les migrants africains jugés indésirables sur le Vieux Continent.
Un sujet qui a posé problème pour la plupart des dirigeants africains. La réadmission « dépend aussi des conditions qui seront mises en place », selon le président nigérien Issoufou Mahamadou. « Le retour dans le pays d’origine ne saurait être la seule réponse de l’Europe aux migrants Africains. En effet, (certains d’entre eux) ont besoin, à l’instar des migrants venus d’autres régions, de protection », a rappelé le président ivoirien.
Les départs forcés, un « pré-requis »
Le plan d’action proposera de favoriser la venue en Europe d’officiers d’immigration africains, chargés d’aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L’objectif est de mettre en place des expérimentations dès l’an prochain avec au moins dix pays africains volontaires.
« Pour garder les portes ouvertes pour les réfugiés et les migrants légaux, les migrants illégaux doivent être renvoyés de manière effective et rapide », a insisté le président du Conseil européen, Donald Tusk. Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n’est pas possible, les départs forcés sont un « pré-requis pour une politique migratoire efficace », a-t-il ajouté.
Le sommet doit prendre fin à la mi-journée et sera immédiatement suivi d’un autre, entre seuls Européens, surtout focalisé sur les discussions en cours avec la Turquie, visant à limiter les arrivées de réfugiés syriens.