Onze personnes ont été tuées samedi dans une nouvelle attaque des insurgés islamistes somaliens shebab contre un hôtel de la capitale Mogadiscio avec un mode opératoire désormais éprouvé: l’explosion d’une voiture piégée suivie d’un commando qui pénètre dans l’établissement.
« Les forces spéciales ont mis fin à leur siège après avoir tué trois assaillants à l’intérieur de l’hôtel. Onze civils, dont deux médecins, ont été tués dans l’attaque », a déclaré à la presse le porte-parole du ministre de la Sécurité, Abdi Kamil Shukri. Outre ces victimes, l’attaque a fait une vingtaine de blessés, selon l’un des responsables des secours.
Il était environ 16H30 (13H30 GMT) samedi lorsqu’une forte déflagration a secoué la capitale somalienne, suivie d’un épais panache de fumée s’élevant dans le ciel bleu de Mogadiscio: les shebab venaient de faire exploser une voiture piégée conduite par un kamikaze contre l’enceinte de l’hôtel Naasa Hablood, situé dans la partie sud de la ville.
Dans la foulée, un photographe de l’AFP et plusieurs témoins ont entendu des tirs à l’arme automatique en provenance de la direction de l’hôtel. Cauchemar des forces de sécurité, le commando avait réussi à pénétrer dans le Naasa Hablood, un établissement souvent fréquenté par des hommes politiques et des membres de la diaspora somalienne.
Très rapidement après le début de l’attaque, le quartier avait été bouclé par les forces de sécurité somaliennes qui entamaient alors un siège de plusieurs heures. Selon un témoin, Adan Ibrahim, un nombre indéterminé de personnes a pu fuir l’hôtel grâce à une porte située à l’arrière de l’établissement.
Comme souvent, les shebab ont revendiqué l’attaque alors que celle-ci était encore en cours. « Des membres lourdement armés de la brigade commando des combattants shebab ont lancé une attaque coordonnée contre l’hôtel Naasa Hablood cet après-midi », ont-ils déclaré dans un communiqué posté sur le compte Telegram de leur antenne Radio Andalus.
Le communiqué précise que l’attaque a débuté par l’explosion d’une voiture piégée conduite par un kamikaze, pour permettre au commando, dont on ignore le nombre, de pénétrer dans l’hôtel.
– Stocks d’explosifs –
Les shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont mené ces derniers mois plusieurs opérations en tous points similaires contre certains des hôtels les plus en vue de la capitale somalienne
L’attaque de samedi intervient un peu plus de trois semaines après celle de l’hôtel Ambassador, qui avait fait 10 morts le 1er juin. Le face-à-face entre les assaillants et les forces de sécurité avaient alors duré plus de douze heures.
Le 1er novembre dernier, une douzaine de personnes avaient été tuées dans l’attaque de l’hôtel Sahafi, situé au centre de Mogadiscio et fréquenté par des parlementaires, des fonctionnaires et des hommes d’affaires.
Plus récemment, fin février, les shebab avaient aussi attaqué l’hôtel YSL situé dans le centre-ville de la capitale somalienne avec une voiture remplie d’explosifs. Mais ils n’étaient pas parvenus à pénétrer dans l’établissement.
Confrontés à la puissance de feu supérieure de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), déployée depuis 2007 en Somalie, les shebab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011.
Ils ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions mais contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils orchestrent des opérations de guérilla et des attentats-suicides – souvent jusque dans la capitale – contre les symboles du fragile gouvernement somalien ou contre l’Amisom.
Ces derniers mois, ils ont ainsi revendiqué des opérations spectaculaires, tant à Mogadiscio que contre des bases de l’Amisom.
En janvier, les shebab avaient entièrement détruit une base du contingent kényan de l’Amisom à El-Adde, dans le sud de la Somalie, troisième attaque en quelques mois contre des bases de la mission africaine, au cours desquelles ils ont fait main basse sur de l’armement et d’importants stocks d’explosifs.