Les députés sénégalais ont voté, ce vendredi 25 juin, une loi jugée « liberticide » par l’opposition, qui accuse la majorité de vouloir l’utiliser pour réprimer toute contestation à l’encontre de Macky Sall. Pourtant, une grande partie de ces dispositions avaient déjà été votées en 2016.
Au Sénégal, un simple manifestant pourrait-il tomber sous le coup de condamnation pour terrorisme ? C’est l’inquiétude de l’opposition et d’une partie de la société civile, qui s’insurgent contre l’adoption de ce projet de loi par les députés. Le texte a été adopté à 70 voix pour contre 11 contre, sans surprise, l’Assemblée nationale étant largement dominée par la coalition présidentielle. Présenté en commission des lois mardi 22 juin par le ministre de la Justice Malick Sall, le texte a été voté en procédure d’urgence, ce vendredi 25 juin.
Les députés ont adopté la réactualisation de la loi sur le terrorisme et son financement après de longues heures de débat dans un climat de tension, au sein d’une Assemblée nationale sécurisée par un important dispositif policier. Des débordements ont été signalés au cours de la journée dans la capitale, notamment au niveau de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et du quartier des Parcelles assainies.
Au moment où les députés étaient réunis à l’Assemblée, un appel au ralliement place de la Nation était lancé. Un mot d’ordre : « Résistons ! »
Dans l’après-midi, plusieurs personnes dont les activistes Guy Marius Sagna (Frapp-France dégage), Aliou Sané (Y’en a marre) et le rappeur Kilifeu ont été arrêtés.
Sur les réseaux sociaux, le mode d’ordre « #FreeSenegal » a essaimé à nouveau : il était devenu le cri de ralliement des Sénégalais se disant lassés des restrictions démocratiques et ulcérés par l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, en mars dernier.
Manifestants, ou terroristes ?
La levée de boucliers contre le projet de loi a été déclenchée par les dispositions prévues dans l’article 279-1 du code pénal, qui répertorie les crimes considérés comme constituant des actes de terrorisme, punis de la « réclusion criminelle à perpétuité » lorsqu’ils sont commis avec l’intention de « troubler gravement l’ordre public ou le fonctionnement normal des institutions, de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque par la terreur ».
JA