Pour qu’un pays puisse se développer, il faut promouvoir d’une part le secteur agricole considéré comme le levier de la croissance économique en incitant plus d’investisseurs. Car ce secteur fait de nos jours la convoitise tant au niveau des paysans, des agronomes, qu’au niveau des agriculteurs.
Il reste pour bon nombre de spécialistes la pierre angulaire du développement d’un pays. Si certains pays ont connu d’énormes progrès, c’est grâce à l’agriculture. Pour parler de l’importance de ce secteur, notre rédaction est allée à la rencontre du Directeur National de l’Agriculture, El Hadj Mohamed Lamine Touré. Avec lui, nous avons échangé sur les acquis et perspectives du secteur agricole en République de Guinée.
A l’entame de cet entretien, le Directeur National de l’Agriculture, a d’abord remercié le président de la République pour son soutien indéniable au secteur Agricole.
« Comme vous le savez, depuis que la Guinée est indépendante, on a toujours considéré l’agriculture comme une priorité. D’abord, la première république avec le feu Ahmed Sékou Touré, l’agriculture était réellement une prérogative, en fonction de la politique et des réalités du moment. La deuxième république également, l’agriculture a été toujours une priorité. On a vu ici la libéralisation, le renforcement de l’encadrement et des reformes au niveau du développement rural jusqu’en 2010 ». a-t-il rappelé Le Directeur National de l’Agriculture.
Plus loin, il dira que: « A partir de 2010, à l’avènement de la troisième république, vous avez écouté le discours de présentation du programme du Président de la république, l’agriculture était la priorité des priorités. Et il est venu, il a pris un élan pragmatique. Parfois, il y a la décision politique, mais il y a aussi la mise en œuvre. C’est pourquoi vous avez vu le renforcement de la mécanisation, l’adaptation d’une politique semencière, le renforcement de l’encadrement, la relance des filières. Tout cela est connu parce que vous avez le café et cacao (le café arabica au Fouta, le café robusta en forêt), vous avez l’anacarde. Il y a aussi d’autres filières comme le maïs, l’arachide, l’ananas. La Guinée était un pays agricole. Avant l’indépendance, les plus riches étaient les agriculteurs, ce n’était pas un fonctionnaire, ni un commerçant. Vous savez pourquoi ? C’est parce qu’on avait des filières porteuses ».
« En Basse Guinée par exemple, si vous prenez le port de Benty, c’était le port destiné à l’exportation des produits. Mais depuis plus de 50 ans cela n’existe plus. C’est pourquoi je parle de relance de filière. Aujourd’hui, il faut voir le niveau et l’engagement des jeunes. C’est pourquoi il faut créer le partenariat jeune. Il faut que les jeunes s’intéressent à l’agriculture. Nous relançons aussi la culture de banane, du riz, il y a des aménagements. La Guinée est considérée comme le château d’eau. Il ne s’agit pas d’avoir l’eau, mais il s’agit de la maitriser pour l’utiliser comme on le veut. L’agriculture c’est l’eau. C’est pourquoi nous nous battons depuis 2010 à ce qu’il y ait deux récoltes pour que les rendements s’améliorent », explique le DN de l’Agriculture. A-t-il ajouté.
« Il ya un programme d’aménagement au niveau de la Direction Nationale du génie rural. Il y a aussi des intrants. On a commencé par vingt mille tonnes, et aujourd’hui on est à cent mille tonnes depuis deux ans. Si vous sillonnez à l’intérieur du pays, tous les magasins sont pleins. Il y a tous les types d’engrais. Il y a même les engrais spécifiques qui sont une première en Guinée. Les engrais spécifiques ananas, anacarde, arachide etc. On a envoyé tout ça en Guinée, parce que l’objectif ce n’est plus le discours, c’est pour réellement appuyer le monde agricole », dit-il, avant de poursuivre.
« Par rapport à la mécanisation. Le Président de la république, à son arrivée, a mis en place une stratégie à travers les centres de prestation agricole. C’est-à-dire chaque préfecture avait son centre avec un certain nombre d’équipements : des équipements de labour tracteur, des équipements de récolte, les décortiqueuses, les moulins etc. Et tout cela était géré par les techniciens. Il y avait un chef de centre et des techniciens, et subventionnés à plus de 50%. Par exemple, si vous voulez récolter votre champ à un (1) million et quelque, on le faisait à quatre cent cinquante mille (450.000) francs guinéens. Et cela existait depuis trois à quatre ans. Et les pièces détachées étaient commandées. »
Depuis cette date, un changement positif semble opéré, selon notre interlocuteur qui ajoute ceci : « Aujourd’hui au fur et à mesure que nous évoluons, nous tirons des leçons, nous faisons des reformes. On est au niveau des grands centres de mécanisation. À cette date, on est à 7 centres de mécanisation. Chaque centre a au minimum 15 tracteurs et 20 moissonneuses. Il y a un centre à Famoïla dans Beyla, c’est le centre le plus mécanisé de la forêt. Un centre à Kankan pour la région. Un centre à Faranah. En Haute Guinée, Kankan a la même écologie que Faranah jusqu’à Dabola, Dinguiraye et Kissidougou. Il y a un autre centre à Mamou. Si vous prenez par exemple Soumbalako, c’est une zone rizicole aussi, une zone de production maraichère. Ensuite, il y a un centre de mécanisation à Koundara. Le centre de Koundara peut servir aussi Tougué et Koubia qui sont une grande zone agricole. Il y a un centre à Koba qui sert Fria, Boké etc. Au niveau de Forécariah, il y a un centre qui envoie des équipements jusqu’à Télimélé, Kindia, Dubreka et Coyah ».
« Nous allons augmenter ces centres, puisque notre pays est une grande zone agricole. C’est un pays à vocation agricole. Le président est en train de prendre des dispositions pour qu’il y ait assez d’équipements pour que la population agricole ait accès aux équipements sans beaucoup de difficultés. C’est pourquoi il accepte de subventionner et d’acheter les équipements pour les envoyer un peu partout dans le pays », a-t-il conclut.
Entretien réalisé par Aboubacar 2 Sylla