Simandou : Un précédent qui interpelle
La Guinée, surnommée le « scandale géologique », peine encore à exploiter pleinement ses ressources minières en raison de blocages administratifs et d’un manque de transparence. L’exemple du méga-projet Simandou illustre parfaitement ces défis.
Après des années d’incertitudes et de rebondissements, le projet Simandou, qui détient l’un des plus grands gisements de fer au monde, a enfin connu une avancée avec l’entrée du géant chinois Baowu Steel. Cependant, l’opacité entourant le ticket d’entrée de 800 milliards de francs guinéens (environ 91 millions USD) versé par Baowu soulève de nombreuses interrogations.
Selon le Conseil National de la Transition (CNT), cette somme, censée être encaissée par le Trésor public, demeure introuvable. Une situation préoccupante qui a conduit le CNT à interpeller le gouvernement afin d’obtenir des explications et des mesures concrètes pour récupérer ces fonds stratégiques.
Simandou montre ainsi comment les lenteurs administratives et le manque de transparence peuvent ralentir, voire compromettre, des projets majeurs pour l’économie nationale. Ce constat alarmant s’applique aujourd’hui au cas de GBG Guinea Bauxite, une entreprise qui attend depuis plus de deux ans l’attribution de ses permis miniers, alors qu’elle dispose des financements nécessaires pour développer un projet industriel d’envergure.
GBG Guinea Bauxite : Un projet minier intégré en suspens
Dans le cadre de la vision économique du Général Mamadi Doumbouya, qui encourage la transformation locale des ressources minières, GBG Guinea Bauxite a soumis un projet ambitieux, prévoyant :
Une mine de bauxite d’une capacité de 5 millions de tonnes par an
Une raffinerie d’alumine de 2 millions de tonnes par an, réduisant ainsi la dépendance aux exportations brutes
Un chemin de fer de 95 km pour assurer le transport des ressources
Un port polyvalent à Boffa pour faciliter les exportations
Une centrale énergétique hybride combinant thermique, charbon, solaire et hydroélectricité
Avec un investissement de 3,5 milliards de dollars et un calendrier de réalisation de 30 mois, ce projet est conçu pour générer plus de 10 000 emplois directs et indirects et injecter environ 500 millions USD dans l’économie locale à travers les PME et PMI guinéennes.
Un blocage administratif injustifié
Bien que la demande de GBG Guinea Bauxite ait été approuvée par le cadastre minier en août 2022, l’entreprise constate, avec regret, qu’aucune avancée concrète n’a été enregistrée. Pire encore, en mai 2024, son nom a été retiré du cadastre minier, et les zones convoitées ont été morcelées en quatre blocs distincts, désormais attribués à d’autres sociétés pour une exploitation brute de la bauxite.
Bien qu’aucun permis n’ait été octroyé, l’administration minière continue de procéder aux retraits de permis et à l’enlèvement des noms des sociétés qui s’efforcent de développer leurs mines. Cette pratique met en péril des investissements pourtant cruciaux pour l’industrialisation du pays et compromet la confiance des entreprises dans le cadre réglementaire guinéen.
Ce revirement rappelle étrangement le long feuilleton de Simandou, où les hésitations et les décisions controversées ont freiné le projet pendant des années. Pourtant, comme Simandou, le projet de GBG Guinea Bauxite est stratégique pour l’industrialisation du pays. Pourquoi alors empêcher une entreprise disposant des ressources financières et techniques nécessaires de mener à bien ses travaux ?
Un appel à la transparence et à l’action
Face à cette situation, GBG Guinea Bauxite réitère son engagement et demande aux autorités de rétablir ses droits sur les zones sollicitées. L’entreprise rappelle que ses demandes ont été validées et enregistrées au cadastre minier et que leur exécution garantirait un projet industriel intégré bénéfique pour l’ensemble de la nation.
Alors que le gouvernement guinéen met en avant son ambition de promouvoir la transformation locale des ressources minières et d’attirer les investisseurs, des cas comme celui de GBG Guinea Bauxite risquent de ternir l’image du pays auprès des acteurs internationaux.
L’exemple de Simandou montre que la volonté politique et la transparence sont essentielles pour garantir la réussite des grands projets miniers. Le gouvernement saura-t-il tirer les leçons du passé et éviter de reproduire les mêmes erreurs ? L’avenir de l’industrialisation minière en Guinée en dépend.