Les Burundais sont appelés aux urnes, ce mercredi, pour une élection présidentielle qui marquera la fin des quinze années de présidence de Pierre Nkurunziza. Thierry Vircoulon, chercheur à l’IFRI, juge cependant que ce scrutin, qu’il estime « joué d’avance », n’a pour seul objectif que d’assurer la « continuité du régime ».
Cette élection permettra-t-elle au pays de tourner la page et d’en finir avec la crise politique dans laquelle il est plongé depuis les manifestations violemment réprimées de 2015 ? Les 5,1 millions d’électeurs burundais sont appelés aux urnes ce mercredi pour des élections générales, mais, surtout, pour choisir le successeur de Pierre Nkurunziza, qui a présidé au destin du Burundi depuis son accession au pouvoir, en août 2005.
Après avoir longtemps laissé planer le doute sur ses intentions, le futur ex-président burundais a décidé de passer la main, et de ne pas briguer un troisième mandat.
Si sept candidats sont en lice pour lui succéder, son dauphin désigné, Évariste Ndayishimiye, candidat du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, au pouvoir), part grand favori de ce scrutin. En face de lui, Agathon Rwasa, candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), principal parti d’opposition, n’en a pas moins attiré les foules lors de plusieurs meetings.
La campagne, organisée dans le contexte de pandémie et sur fond de bras de fer avec les institutions internationales, au premier rangs desquelles l’OMS dont quatre fonctionnaires ont été tout récemment déclarés persona non grata, a été marquée par des violences. Le CNL d’Agathon Rwasa accuse les Imbonerakure, les membres de la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, d’en avoir été à l’origine. Plusieurs candidats ont également accusé la Commission électorale nationale indépendante d’être favorable au CNDD-FDD.
Thierry Vircoulon, chercheur au Centre Afrique Subsaharienne de l’Institut français des relations internationales, livre à Jeune Afrique son analyse de ce que plusieurs ONG et opposants qualifient « d’élections à huis clos », le Burundi ayant rejeté tout déploiement d’observateurs des Nations unies, de l’Union africaine ou de l’Union européenne.
Jeune Afrique : Ce scrutin présidentiel peut-il permettre au pays de tourner la page de la crise politique ?
Le seul enjeu, c’est la continuité du régime, de la dictature. Le CNDD-FDD a mis toutes les chances de son côté, il a déjà désigné qui sera le prochain président. À partir du moment où le président change, mais que le régime reste le même, les politiques restent, en général, les mêmes.