Le Front national pour la défense de la Constitution avait appelé à une marche dans la banlieue de Conakry pour réclamer la libération des « prisonniers politiques ». La junte dirigée par Mamadi Doumbouya a fait appel à l’armée pour interdire tout rassemblement.
Au moins un manifestant est mort jeudi 16 février dans la banlieue de Conakry lors de heurts ayant opposé des groupes de jeunes à des membres des forces de sécurité guinéennes, malgré l’interdiction de tout rassemblement par la junte au pouvoir de Mamadi Doumbouya, ont indiqué un responsable municipal et un parent de la personne décédée.
Abdoul Karim Bah, l’oncle de la victime, a déclaré que son neveu, un jeune homme de dix-huit ans, avait été abattu dans la banlieue de Hamdallaye et était mort avant de parvenir à l’hôpital. Il a assuré que le jeune homme ne manifestait pas mais travaillait comme chauffeur de taxi-moto quand il a été tué. Cellou Kansala Diallo, vice-maire de Ratoma, dans la banlieue de Conakry, a confirmé le décès.
L’opposition a par ailleurs fait état de « nombreuses arrestations » et de blessures par balle. La manifestation avait été organisée à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), organisation dissoute par la junte, pour réclamer la libération de trois de ses responsables et de tous les autres prisonniers détenus pour des raisons selon lui politiques, ainsi qu’un retour rapide des civils au pouvoir. Les coalitions politiques formées autour des grands partis – l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, l’ex-parti au pouvoir) – avaient conjointement apporté leur soutien à la mobilisation.
Recours à l’armée
Des quartiers situés le long de la route le Prince, qui traverse la banlieue, ont été le théâtre de confrontations répétées entre des groupes lançant des pierres et dressant, dès la veille, des barricades sur la route, et des gendarmes et des policiers tentant de les disperser à coups de grenades lacrymogènes. Des coups de feu ont été entendus.
NOUS NE COMPRENONS PAS CE QUI PEUT JUSTIFIER LA MOBILISATION DE L’ARMÉE
Le FNDC « déplore une trentaine de personnes blessées, dont certaines par des tirs à balles réelles, et dénombre aussi de nombreuses arrestations », a-t-il indiqué dans un communiqué jeudi après-midi. Afin d’empêcher toute manifestation, le ministre de l’Administration du territoire, Mory Condé, ex-FNDC, avait mobilisé l’armée, en soutien des forces de l’ordre.
Ce recours aux militaires a été jugé comme « préoccupant […] dans la mesure où nous ne comprenons pas ce qui peut justifier une telle décision », a fait valoir le porte-parole de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH), Alseny Sall.
AFP