Boutons, taches, brûlures… Près de Conakry, la mer provoque de curieuses lésions épidermiques. De quoi inquiéter les professionnels du secteur halieutique, mais aussi les amateurs de poisson.
Un mystère sanitaire chasse l’autre. Depuis la semaine dernière, des centres de santé guinéens reçoivent des pêcheurs artisanaux nationaux, mais aussi sierra-léonais et ghanéens dont l’épiderme – notamment les lèvres, l’intérieur de la bouche et les parties intimes – présente des lésions: boutons, taches, et même brûlures du deuxième et du troisième degré. Les premières semaines, les supputations tournaient autour d’allergies bénignes et passagères. Seulement, les patients en question sont affiliés aux ports de Bonfi et de Gbessia notamment, tous deux situés à proximité de Conakry.
Étrange pathologie
Le nombre de personnes affectées par cette pathologie aussi étrange que soudaine évolue sans cesse, et plus d’une centaine de malades auraient déjà été auscultés. Les cas les plus inquiétants ont été hospitalisés, notamment dans le service de chirurgie plastique et des grands brûlés du centre hospitalier de Donka. D’autres sont simplement placés sous suivi médical.
Un comité de crise interministériel a été mis en place. Le ministère de la Santé et le service du ministère de la Pêche chargé de la sécurité sanitaire ont effectué des prélèvements sanguins et collecté des échantillons d’eau dans la zone maritime incriminée, afin d’identifier, via des examens chimiques et biomédicaux, les substances qui pourraient avoir causé ces problèmes cutanés.
Certains supposent que des navires ont déversé des produits toxiques en haute mer, notamment dans les zones de Boffa, Kamsar ou Kassa, et interpellent déjà les armateurs.
Un secteur déstabilisé
Si aucune source bactérienne ne semble pour l’heure retenue par les enquêteurs, qui ne craignent pas de contagion, une certaine psychose se fait jour à l’idée de consommer des poissons de la zone. L’analyse d’échantillons devrait déterminer l’éventuelle dangerosité des produits halieutiques, notamment des dorades. Des poissons qui ont été acheminés dans les marchés pendant la période de latence où les malades ne se décidaient pas à consulter un médecin.
Les clients prudents et les pêcheurs condamnés à l’inactivité ne sont pas les seuls à être affectés par ce qui commence à ressembler à une crise sanitaire locale. Pour bien des familles, la pêche est la principale activité pourvoyeuse de revenus et tout le secteur commence à être déstabilisé. Le prix du rare poisson a déjà commencé à monter en flèche dans les marchés pour les amateurs qui ne prisent par le principe de précaution.
JA