L’opposant historique ougandais Kizza Besigye, qui avait été arrêté mercredi dans la capitale Kampala, a été inculpé vendredi de trahison par un tribunal de Moroto (nord-est), a-t-on appris auprès de ses avocats.
« Nous avons été informés par la police aujourd’hui que Besigye a comparu devant le tribunal à Moroto où il a été inculpé de trahison », a indiqué à l’AFP Me Erias Lukwago.
Cette information a été confirmée par le porte-parole de la police Fred Enanga, qui n’a fourni aucun détail supplémentaire: « Besigye a comparu à Moroto et a été inculpé de trahison », s’est-il contenté de répondre à l’AFP.
Kizza Besigye avait obtenu 35,61% des voix lors de la présidentielle du 18 février, remportée par Yoweri Museveni, réélu pour un 5e mandat. Depuis, il a contesté les résultats et a été assigné à résidence. Son placement en résidence surveillée a été levé le 1er avril, à l’issue de 43 jours, mais il avait depuis à nouveau été arrêté, puis relâché, pour rassemblement illégal.
« C’est absurde »
Mercredi, à la veille de l’investiture officielle du président Museveni, l’opposant ougandais avait procédé à une prestation de serment alternative à Kampala, juste avant d’être une nouvelle fois arrêté par la police et emmené à Moroto dans la région reculée de Karamoja, au nord-est du pays.
Selon Me Lukwago, son client n’a pu être assisté vendredi devant le tribunal et il a ensuite été placé en détention, où il devrait rester jusqu’à sa prochaine comparution prévue le 25 mai. « C’est absurde car aucun de nous n’était là pour le représenter », a-t-il dénoncé.
La trahison est un crime passible de la peine capitale en Ouganda mais le pays n’a procédé à aucune exécution depuis des années. Besigye a déjà été inculpé de trahison en 2005 mais les charges contre lui avaient finalement été abandonnées.
Opposant de longue date à M. Museveni, M. Besigye avait été arrêté plusieurs fois avant et après les élections, accusé tantôt de trahison, tantôt de viol, parfois battu et hospitalisé.
Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, a été réélu dès le premier tour avec 60,62% des voix au terme d’un scrutin conduit, selon des observateurs internationaux, dans une « atmosphère d’intimidation » imposée par un régime qui a muselé toutes les voix dissidentes. Le dirigeant ougandais rejette de son côté toute accusation de fraude.