Barack Obama va annoncer ce mardi, durant le sommet États-Unis – Afrique, que des sociétés américaines vont investir 14 milliards de dollars en Afrique, notamment dans la construction, les énergies propres, la banque et les technologies de l’information.
Après une première journée consacrée à la démocratie et aux droits de l’homme, le sommet États-Unis-Afrique doit se recentrer aujourd’hui sur l’économie, objectif central de cette réunion préparée pendant un an par le président Barack Obama qui voit dans le continent africain la « prochaine succès story mondiale ». Le président américain, son prédécesseur Bill Clinton, le secrétaire d’État John Kerry et un aréopage de capitaines d’industrie (General Electric, Coca-Cola, Walmart) devraient prendre la parole ce mardi.
Dans son allocution, le président américain va annoncer qu’un ensemble de sociétés américaines se sont engagées à investir 14 milliards de dollars sur le continent africain, selon un responsable de la Maison Blanche cité par l’AFP. Ces investissements, dont le calendrier n’a pas été précisé, se concentreront sur les secteurs de la construction, des énergies propres, de la banque et des technologies de l’information.
« Je le dis sans complexe : nous voulons et nous allons travailler dur pour que davantage d’entreprises américaines investissent en Afrique », a déclaré John Kerry.
« Sans complexe »
L’administration américaine et les géants de l’industrie espèrent renforcer leurs liens économiques avec l’une des régions les plus prometteuses de la planète, avec un PIB en hausse moyenne de 5 % par an depuis une décennie – et qui entame cette année sa vingtième année consécutive de croissance.
Une percée économique dont la première puissance mondiale a mis du temps à s’apercevoir, ce qui se réflète dans le fait que les États-Unis soient largement distancés en Afrique par l’Union européenne, solidement en tête grâce aux liens historiques et coloniaux, et par la Chine. En 2013, les échanges commerciaux entre le continent et Pékin ont atteint 210 milliards de dollars, contre 85 milliards de dollars entre Washington et les pays africains.
Le secrétaire d’État John Kerry l’a d’ailleurs reconnu lundi, en ouverture du sommet. « Je le dis sans complexe : nous voulons et nous allons travailler dur pour que davantage d’entreprises américaines investissent en Afrique », a-t-il indiqué. « Nous voulons également qu’il y ait plus d’entreprises africaines qui investissent ici, aux États-Unis, et il n’y a pas de raison qu’elles ne le puissent pas », a martelé le ministre des Affaires étrangères américain.
« La croissance est là, maintenant, et pour de vrai. Il n’y a aucune raison que les milieux d’affaires américains ne rattrapent pas » leur retard, a rappelé pour sa part le patron de General Electric Jeffrey Immelt, dont le groupe prévoit d’investir 2 milliards de dollars en Afrique d’ici à 2018.
Réformer l’Agoa
Toutefois, les responsables officiels américains reconnaissent que le principal outil d’échanges entre l’Amérique et l’Afrique – l’Agoa (African Growth and Opportunity Act) – n’est plus adapté. Ce programme américain accordant des avantages commerciaux à certains produits africains date de 2000 et doit en principe être renouvelé en 2015.
« Il est clair que l’Afrique de 2014 n’est pas l’Afrique de 2000 », a reconnu le représentant américain au Commerce, Michael Froman. « Beaucoup d’entre vous se détournent de ce système unilatéral d’avantages et scellent des accords avec des partenaires commerciaux, comme le fait l’Union européenne », a-t-il dit devant des chefs d’entreprise, sans indiquer les réformes que compte introduire l’administration Obama.
« Partout en Afrique il y a des hommes d’affaires chinois, brésiliens. Aucun d’entre nous n’est allé leur demander de venir investir en Afrique. Ils se sont débrouillés », ironise Mo Ibrahim
Le réveil tardif de l’Amérique au potentiel économique du continent n’est pas sans provoquer ironie et surprise chez certains entrepreneurs africains.
« Je suis un peu surpris par tous ces Africains que j’ai rencontrés dans l’avion (…) venant en Amérique pour dire à des hommes d’affaires chevronnés ‘eh vous savez, il y a de bonnes opportunités en Afrique' », a ironisé le magnat des télécoms Mo Ibrahim, d’origine soudanaise et devenu l’un des premiers milliardaires africains.
« Partout en Afrique il y a des hommes d’affaires chinois, brésiliens. Aucun d’entre nous n’est allé au Brésil, en Asie ou en Chine pour leur demander de venir et d’investir en Afrique. Ils se sont débrouillés, ils sont venus et ont investi », a conclu l’entrepreneur.
AFP