En visite au Niger et au Tchad, du 3 au 5 juin, le nouveau président du Nigeria, Muhammadu Buhari, abordera les thèmes de la coopération régionale dans la lutte contre Boko Haram.
Coopération régionale
Quelques jours après sa prestation de serment, le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari a choisi le Niger le Tchad pour effectuer ses premiers déplacements à l’étranger. Il est arrivé mercredi 3 juin à Niamey « pour une visite de travail et d’amitié », comme l’indique un communiqué de la présidence nigérienne. Buhari se rend ensuite le lendemain à N’Djamena pour s’entretenir avec Idriss Déby Itno.
« C’est un signal très fort qui montre l’importance qu’il (Muhammadu Buhari) attache aux relations avec le Niger », a dit mardi matin à Paris le président Mahamadou Issoufou, répondant à la presse à l’issue d’un entretien avec son homologue français, François Hollande. « Avec la nouvelle administration au Nigeria, nous allons pouvoir rendre opérationnelle la force multinationale avec l’ensemble des pays du lac Tchad », a affirmé le chef de l’État.
Lancé en mars dernier par l’Union africaine, la force multinationale mixte contre Boko Haram doit être composée de 10 000 hommes des pays du bassin du lac Tchad et du Bénin. Son état-major a été tout récemment inauguré à Ndjamena, au Tchad.
Boko Haram toujours menaçant
Malgré de réels succès la lutte menée jusqu’à présent n’a pas permis de mettre fin aux exactions de Boko Haram. Un attentat-suicide a frappé mardi un marché à Maiduguri. Au moins treize personnes ont été tuées, selon la Croix-rouge nigériane, mais le bilan pourrait être bien plus élevé.
Maiduguri, fief historique de Boko Haram, avait déjà été visée par des tirs de roquettes dans la nuit de lundi à mardi, ainsi que samedi. Samedi, un kamikaze s’était également fait exploser dans une mosquée, tuant 26 fidèles et en blessant 28 autres.
« Boko Haram est un groupe de gens fous et sans Dieu, qui sont aussi éloignés de l’islam qu’on peut l’imaginer », a lancé Muhammadu Buhari dans son discours d’investiture dans la capitale fédérale. Le nouveau président a notamment indiqué qu’il mettrait en place un nouveau centre de commandement militaire à Maiduguri, la grande ville du nord-est, jugeant que « la victoire ne peut pas être atteinte depuis un centre de commandement à Abuja », dans le centre du pays.
Crimes de guerre
Dans un communiqué publié mercredi, Amnesty International a dénoncé les dérives de la lutte contre Boko Haram. Selon l’ONG, plusieurs hauts responsables de l’armée nigériane se sont livrés à des crimes atroces affirmant que quelque 8 000 personnes sont notamment mortes assassinées, de faim, d’asphyxie ou sous la torture.
« Se fondant sur plusieurs années de recherche et d’analyse de documents – dont un certain nombre de rapports et de correspondances militaires ayant fuité, ainsi que des entretiens avec plus de 400 victimes, témoins et hauts responsables des forces de sécurité nigérianes – l’organisation dénonce toute une série de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, perpétrés par l’armée nigériane », lit-on dans le communiqué.
(Avec AFP)