Une enquête sur les accusations selon lesquelles le champion de Premier League Manchester City aurait induit en erreur les régulateurs financiers du football européen dans la poursuite de son succès sur le terrain devrait recommander que le club soit exclu de la Ligue des champions, la compétition la plus riche du football européen et le trophée le plus convoité par le club.
Le nouveau champion d’Angleterre serait sanctionné pour avoir enfreint les règles du fair-play financier. Les autorités de football anglaises et les officiels de l’UEFA, l’instance dirigeante du football européen et l’organisateur de la Ligue des champions, enquêtent depuis des mois sur Manchester City alors que des allégations de violation des règles ont été révélées par des fuites préjudiciables l’année dernière.
Les membres de la chambre d’enquête de la Commission de contrôle financier de l’UEFA, un groupe chargé d’analyser les comptes des clubs soupçonnés d’enfreindre les règles strictes de contrôle des coûts, se sont réunis il y a deux semaines à Nyon, en Suisse, pour mettre au point leurs conclusions.
Le chef du groupe d’enquête, l’ancien premier ministre belge Yves Leterme, aura le dernier mot sur la soumission, à une chambre juridictionnelle séparée, qui pourrait être déposée dès cette semaine. L’organisation envisage de recommander que City soit exclu pour une saison.
La suggestion d’une interdiction serait une lourde punition pour Manchester City et ses propriétaires du Golfe, qui ont célébré un quatrième titre de Premier League dimanche dernier. Depuis longtemps, ils cherchent à remporter la Ligue des champions et tout effort visant à exclure l’équipe est susceptible de déclencher une lutte juridique monumentale.
L’équipe actuelle de Manchester City, constituée et financée à plus d’un milliard de dollars, n’est que le dernier exemple de la puissance financière que le propriétaire du club, le cheikh Mansour bin Zayed al-Nahyan, le frère du dirigeant des Emirats arabes unis, peut mettre à contribution.
Au cours des deux dernières décennies, le cheikh Mansour a investi des milliards de dollars, dans les joueurs, les entraîneurs, les installations et les opérations de l’équipe, pour transformer Manchester City, qui a joué en deuxième division anglaise en 2002, en l’un des clubs les plus importants et les plus prospères.
Il n’est pas encore clair si l’interdiction de la Ligue des champions sera appliquée la saison prochaine ou au cours de la saison 2020-21. Les matches de qualification pour le tournoi de la saison prochaine commencent en juin, ce qui signifie que l’UEFA doit se dépêcher pour s’accorder sur une sanction que le club aura le droit de contester devant le Tribunal arbitral du sport.
Manchester City a nié en bloc tout acte répréhensible et ses responsables ont averti l’UEFA qu’ils réagiraient de manière agressive à toute tentative d’exclure le club de la compétition. « L’accusation d’irrégularités financières est tout à fait fausse », a déclaré Man. City dans un communiqué plus tôt cette année. « Les comptes publiés du club sont complets et relèvent de la législation et de la réglementation », explique le communiqué.
Si l’UEFA n’est pas en mesure d’établir un dossier et d’appliquer une sanction, elle risque de voir son système de règles financières, en place depuis 2011 et conçu pour imposer une certaine équité financière dans l’économie européenne du football, perdre tout son sens. Plusieurs fonctionnaires des organes de contrôle financier ont également déclaré en privé que leur réputation risquait d’être entachée si leur travail était considéré comme inoffensif.
De nombreuses allégations d’irrégularités financières et d’infractions aux règles formulées à l’encontre de Manchester City ont été révélées après avoir été rapportées par des médias d’information ayant accès aux dossiers appelés Football Leaks.
Les dossiers contiendraient des courriels et des documents internes du club montrant les efforts de City pour contourner les règlements financiers de l’UEFA en masquant les infusions d’argent d’une société d’investissement des Émirats arabes unis soutenue par l’État par le biais d’accords de parrainage gonflés avec des entités dont la compagnie nationale Etihad des Émirats arabes unis. Etihad est le sponsor principal du club.
En 2014, le club a conclu un accord de règlement avec l’UEFA concernant une violation antérieure des règles de dépenses ; à titre de sanction, City a accepté de payer une amende conditionnelle de 63,4 millions de dollars.
Dans le cadre de leur enquête actuelle, les enquêteurs de l’UEFA, un groupe indépendant de spécialistes de la gouvernance et des finances dirigé par Leterme, ont rencontré des responsables municipaux en avril en Suisse.
L’issue de cette affaire fera l’objet d’un suivi attentif dans un contexte de préoccupation croissante quant à la crédibilité du règlement financier de l’UEFA en matière de fair-play lorsqu’il s’agit de sanctionner les plus grands clubs. Le Paris Saint-Germain, appartenant également à la royauté du Golfe, en l’occurrence la famille dirigeante du Qatar, a récemment réussi à éviter une sanction majeure lorsqu’il a été confronté à des questions similaires concernant ses accords de sponsoring et sa capacité à respecter les mécanismes de contrôle financier, en achetant les deux joueurs les plus chers du monde, Neymar et Kylian Mbappé.
Afrikmag