Le chef de l’État guinéen, Mamady Doumbouya, a effectué une sortie très remarquée à l’Assemblée générale des Nations Unies. Le dirigeant ouest-africain a plaidé pour le continent dans son entièreté. Non sans égratigner la CEDEAO mais aussi l’Occident. Invoquant la maturité et la jeunesse d’Afrique, il a appelé à rompre avec l’ancien ordre mondial.
Mamady Doumbouya a dénoncé un modèle de gouvernance « imposé par l’Occident » à l’Afrique. Prenant part aux débats à l’Assemblée générale des Nations Unies, le tombeur d’Alpha Condé le considère comme un échec. « L’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui nous a été imposé, un modèle certes bon et efficace pour l’Occident, qui l’a conçu au fil de son histoire », a d’abord campé le dirigeant guinéen.
« Nous ne sommes ni pro ni anti-chinois, russe…»
« Nous sommes tous conscients que ce modèle de démocratie que vous nous avez si insidieusement et savamment imposé, après le sommet de la Baule en France, presque de façon religieuse, il ne marche pas », a insisté le Président guinéen. Ce modèle « a du mal à passer et à s’adapter à notre réalité… Hélas, j’aimerais dire que la greffe n’a pas pris », a lancé Doumbouya, devant l’Assemblée générale. Ce qui a lui a valu une salve d’applaudissements.
« Nous ne sommes ni pro, ni anti-américains, ni pro, ni anti-chinois, ni pro, ni anti-français, ni pro, ni anti-russes. Nous sommes tout simplement pro-africains, c’est tout », a poursuivi le chef de la junte, encore applaudi. « Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte à une population de plus d’un milliard d’Africains, a-t-il martelé, dont environ 70% des jeunes totalement décomplexés. Des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre en main leur destin », estime Mamady Doumbouya.
« Regarder l’Afrique avec les yeux neufs »
Dès lors, appelle-t-il de ses veux pieux « la communauté internationale à regarder l’Afrique avec les yeux neufs ». Doumbouya invite à « entreprendre avec le continent une coopération franche dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant ». Venu au pouvoir à la faveur d’un putsch contre Alpha Condé, perpétré le 5 septembre 2021, le gradé se veut clair. « Je ne suis pas un bidasse qui veut tordre le cou à la démocratie, ou encore un soldat qui veut imposer sa dictature », se défend le colonel.
Et d’égratigner certains dirigeants africains. « Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes, qui renverse un régime. Les vrais putschistes, les plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, ce sont aussi ceux qui manigancent, qui utilisent la fourberie, qui trichent pour manipuler les textes de la Constitution ». Dans quel but ? « Se maintenir éternellement au pouvoir », a-t-il dénoncé.
« Arrêter de nous traiter comme des enfants »
« Mon uniforme, je l’ai mis au service de mon peuple. Je vous serai reconnaissant de respecter ces serments », indique Doumbouya. Il va plus loin, soulignant que « le Sahel traverse l’une des histoires les plus graves de sa très vieille histoire, mais il a les ressorts nécessaires pour y faire face ». Non sans donner des leçons à la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest. « C’est pour cela que la CEDEAO, dont la vocation était économique, doit cesser de se mêler de la politique et privilégier le dialogue ».
Défendant le non-alignement, il a interpellé les anciennes puissances coloniales. « L’Afrique de papa, la vieille Afrique, c’est terminé… C’est le moment de prendre en compte nos droits, de nous donner notre place. Mais aussi et surtout le moment d’arrêter de nous faire la leçon. De nous prendre de haut, d’arrêter de nous traiter comme des enfants ». Espérant ainsi que ce message est passé auprès de certaines puissances coloniales. Lesquelles continuent d’adopter une posture paternaliste vis-à-vis du continent.
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