Au lendemain de la manifestation qui a réuni des milliers de personnes à Bamako, vendredi, des représentants de l’Union africaine, de la Cedeao et de la Minusma ont rencontré l’un de ses principaux initiateurs : l’imam Mahmoud Dicko.
“Nous avons eu une première réunion avec la communauté internationale qui voulait comprendre nos motivations et rappeler son souci du respect des fondements de la démocratie et du respect des institutions”, explique à Jeune Afrique Cheick Oumar Sissoko, à la tête du mouvement Espoir Mali Kura (EMK).
Deux jours après la manifestation ayant réuni des milliers de personnes à Bamako, le responsable de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, le représentant de la Communauté économiques des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Hamidou Boly, et le Haut représentant de l’Union africaine (UA), Pierre Buyoya, ont rencontré Choguel Maïga et l’imam Mahmoud Dicko. Ce leader religieux est devenu ces derniers mois la principale voix de contestation du pays en dénonçant la corruption et la gestion de la crise sécuritaire.
Cette réunion “fait partie des rencontres régulières [de la Minusma] dans le cadre des bons offices”, a déclaré lundi à l’AFP le porte-parole de la Mission onusienne Olivier Salgado. Mahamat Saleh Annadif “a rencontré certains organisateurs [de la manifestation de vendredi] mais aussi des représentants des autorités nationales pour trouver le moyen de renouer le dialogue”, a-t-il poursuivi.
“Nous maintenons notre mot d’ordre”
La coalition d’acteurs qui exige le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta et l’organisation d’une transition s’est désormais constituée au sein du “Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali”.
“Nous maintenons notre mot d’ordre mais plusieurs partis politiques et organisations de la société civile nous ont rejoint depuis la manifestation de vendredi, se félicite Cheick Oumar Sissoko. Nous prévoyons donc une assemblée générale, jeudi, pour décider ensemble de la marche à suivre”, ajoute Cheick Oumar Sissoko.
“Des discussions sont en cours avec le Haut conseil islamique du Mali et avec l’Union nationale des travailleurs du Mali afin d’élargir la base du mouvement”, précise pour sa part Nouhoum Sarr, à la tête de l’un des partis membres du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), coalition de l’opposition dirigée par Soumaïle Cissé, toujours aux mains de ses ravisseurs depuis son enlèvement, le 25 mars dernier.
Sur le plan national, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM, au pouvoir) et chef de la majorité présidentielle, Bokary Treta, a également rencontré plusieurs responsables de mouvements ayant appelé à la manifestation, en vue de “nouer le dialogue”. Des partis politiques et associations proches du pouvoir préparent également une contre-marche en soutien au président et aux institutions.
Samedi, le gouvernement malien a invité “au respect du cadre institutionnel républicain et démocratique” et a “renouvelé son offre de dialogue”. La nomination, en mai 2019, d’un gouvernement ouvert à des leaders de l’opposition et de la société civile visait déjà à apaiser les tensions avec l’opposition. En décembre 2019, un dialogue national inclusif a également eu lieu, avec pour objectif de discuter des réformes institutionnelles et constitutionnelles nécessaires pour ramener la paix dans le pays, en proie à une crise multiforme depuis 2012.
JA