Dix-sept soldats maliens ont été tués mardi dans l’attaque du principal camp militaire de Nampala, à 500 kilomètres au nord-est de Bamako. Le gouvernement dénonce une opération « terroriste coordonnée », revendiquée par deux groupes armés, un peul et un jihadiste.
« Nous avons perdu 17 hommes et déplorons 35 blessés qui ont tous été acheminés vers des unités de soin dans la région de Ségou », a annoncé dans la soirée du 19 juillet le ministre de la Défense Tièman Hubert Coulibaly à la télévision publique. Plus tôt, le gouvernement avait fait état de « 12 morts et d’une trentaine de blessés » parmi les soldats dans l’attaque le matin-même du principal camp militaire de Nampala, dans le centre du Mali.
« Nous ferons en sorte que cette attaque terroriste coordonnée qui s’est portée sur nos positions à Nampala fasse l’objet d’une réponse appropriée », a assuré le ministre de la Défense. S’agissant de la situation à Nampala mardi soir, ce dernier a assuré que « les FAMa (Forces armées maliennes) tiennent la ville » et procèdent à des opérations pour retrouver les assaillants, a-t-il indiqué.
Ansar Eddine revendique également l’attaque
L’assaut a d’abord été revendiqué auprès de l’AFP par un responsable de l’ »Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ) », un mouvement politico-armé dont la création par Oumar Aldjana a été annoncée en juin après des violences contre cette communauté. « Nous revendiquons l’attaque de ce mardi contre le camp militaire de Nampala en signe de légitime défense », a déclaré Sidy Cissé, secrétaire général adjoint de l’ANSIPRJ dans une brève communication téléphonique avec un journaliste de l’AFP. Le groupe a fait état de huit morts et onze blessés côté armée », et de trois blessés dans ses rangs. Il a aussi indiqué avoir récupéré « cinq pick-up et deux camions transporteurs de troupes ».
Le groupe armé peul n’a pas la logistique d’envergure pour mener seul cette opération
Des sources de sécurité dans la région ont cependant exprimé à l’AFP des doutes sur l’authenticité de cette revendication. L’une d’elles a précisé que le groupe armé peul n’avait « pas la logistique d’envergure pour mener seul une opération de cette nature ». Mardi soir, le ministre de la Défense a également exprimé ses réserves. « Un groupe a émis une revendication. Nous sommes prudents. Nous essayons d’établir un lien entre la façon d’agir » des assaillants de Nampala et les modes opératoires « des différents groupes terroristes qui opèrent dans cette partie du Mali », a-t-il expliqué.
Tard mardi soir, une nouvelle revendication a été émise par le groupe jihadiste malien Ansar Eddine dans un communiqué diffusé par SITE, le centre américain de surveillance de sites jihadistes. Dans ce texte, Ansar Eddine – fondé par l’ex-rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly – a affirmé avoir mené une « très grande attaque » contre la caserne de Nampala, tuant des « dizaines de soldats ». Les assaillants sont membres du « bataillon du Macina », Macina étant l’appellation traditionnelle d’une partie du centre du Mali.
Attaques contre les forces armées
L’Union européenne (UE), disposant au Mali d’une mission qui entraîne l’armée de ce pays, a dénoncé mardi soir une attaque « inacceptable ». Celle-ci « s’ajoute à la longue liste d’actes de violence ciblés contre des forces nationales et internationales chargées de sécuriser le Mali et de faciliter la mise en oeuvre de l’accord de Paix, est inacceptable », ses auteurs « doivent être tenus responsables devant la justice », a-t-elle dit, alors que la mission des Nations unies au Mali (Minusma) est régulièrement endeuillée par des attaques contre ses troupes. .