Le Premier ministre guinéen Mohamed Saïd Fofana a appelé mardi au dialogue pour parvenir à un « consensus autour des échéances électorales », après deux jours d’affrontements entre forces de l’ordre et partisans de l’opposition, qui a annoncé suspendre ses manifestations jusqu’à lundi.
« Nous avons décidé de suspendre les manifestations pour les reprendre lundi, afin de permettre à nos militants et à la population de souffler », a déclaré à l’AFP par téléphone le chef de file de l’opposition, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo.
« Concernant le dialogue avec le gouvernment, il faut que la Céni (Commission électorale nationale indépendante) annule son chronogramme électoral et mette fin à ses activités sur le terrain », a précisé M. Diallo, peu après la publication d’un communiqué gouvernemental.
Selon ce communiqué, lors d’une réunion dans l’après-midi avec dix ministres, en l’absence,du président Alpha Condé, à Washington pour des réunions financières internationales, le chef du gouvernement a « mis en place un comité restreint chargé de lui faire des propositions concrètes permettant la reprise rapide du dialogue avec les partis de l’opposition ».
« En attendant ces propositions, le Premier ministre demande solennellement aux responsables des partis politiques d’accepter de venir à la table des discussions afin que le débat puisse se tenir dans la sérénité », selon le texte.
« Le gouvernement reste ouvert à toute suggestion respectueuse des lois et prenant en compte toutes les contraintes qui permettra d’aboutir à un consensus autour des échéances électorales », souligne-t-il.
M. Fofana a en outre « donné des consignes fermes de maintien de l’ordre dans le strict respect de la loi et a souhaité que toute la lumière soit faite sur les tirs enregistrés lors des affrontements et les circonstances qui ont occasionné des blessés », selon le communiqué.
L’opposition avait appelé à manifester lundi dans toutes les communes de Conakry contre l’insécurité, après l’agression de son porte-parole le 4 avril, et jeudi contre l’inversion du calendrier électoral par la Céni, qui a encore repoussé, à mars 2016, soit après la présidentielle fixée à octobre 2015, les élections locales.
Faute de scrutin local depuis 2005, les exécutifs communaux sont désignés par le pouvoir, ce qui risque, selon l’opposition, de favoriser des fraudes massives en faveur de M. Condé à la présidentielle.
Le pouvoir rejette ces accusations et a affirmé inviter officiellement des observateurs internationaux à garantir l’intégrité du scrutin.
M. Condé, un ancien opposant qui a connu la prison, est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française, indépendante depuis 1958, dirigée jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires, une période jalonnée de coups d’Etat et de répressions sanglantes.
AFP