La mort mystérieuse d’un membre de la garde rapprochée du président libérien George Weah alimente un climat déjà tendu dans le pays.
Depuis son élection, le 26 décembre 2017, il se trouve de moins en moins de personnes pour parler de l’ambitieux programme social, le « Pro Poor Agenda » (programme pour les pauvres), de l’ancienne star du football Georges Weah. De plus en plus critiqué, celui qui avait suscité l’espoir lors de sa prise de pouvoir est aujourd’hui comparé à Samuel Kanyon Doe, dont le régime brutal avait précédé la guerre civile à la fin des années 1980.
Devient-il dangereux de critiquer le président libérien ? La mort de Melvin Early, membre de la garde rapprochée du chef de l’État, vient en tout cas alimenter les inquiétudes. Ce garde du corps de George Weah s’est officiellement suicidé le 19 février dernier, à proximité de la maison où séjournait le chef de l’État à Tappita, dans le comté Nimba (Nord).
Milice secrète ?
Il s’avère toutefois que Melvin Early était suspecté de déloyauté au sein du cercle présidentiel. Sa mort est-elle due à un suicide, comme l’a affirmé le gouvernement ? Sa famille ne croit pas une seconde à cette thèse : selon ses proches, Melvin Early aurait été touché par trois balles : une à l’abdomen, une à la poitrine et la dernière à la tête.
Les doutes se font d’autant plus grands que le garde du corps ne serait pas le premier à avoir subi les conséquences d’une éventuelle défiance envers le président. En janvier 2020, des gardes du président avaient brutalement attaqué le journaliste Zenu Koboi Miller, mort des suites de ses blessures trois semaines plus tard. Depuis, les médias libériens, traditionnellement critiques vis-à-vis du pouvoir, semblent être moins prompt à tacler le régime en place.
En octobre 2020, quatre experts réalisant une mission d’audit des comptes du gouvernement sont morts, dans des circonstances étranges. Selon Africa Confidential, « beaucoup de Libériens pensent qu’il existe une milice secrète pour intimider ou éliminer les adversaires du président ».
Manque de confiance
Le 30 mars, le département d’État des États-Unis indexait le Liberia pour « des atteintes sérieuses aux droits humains », citant notamment « des restrictions à la liberté de la presse, dont des actes ou des menaces de violence contre les journalistes ». Le rapport américain condamnait également « des exécutions extra-judiciaires par la police » ainsi que des « cas de traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants de la part des forces de l’ordre ».
« Weah est dépeint par ses détracteurs comme une personne confuse, souffrant d’un manque de confiance en elle. La moindre offense, réelle ou perçue comme telle, provoque chez lui colère et menace », à la différence de sa prédécesseure Ellen Johnson Sirleaf, selon Africa Confidential.
Source: Jeuneafrique