Tunis, le 14 décembre 2016 – «L’emploi des jeunes», émerge comme l’une des préoccupations majeures des consultations que la Banque africaine de développement (BAD) organise depuis le 13 décembre à Tunis (Tunisie) avec les organisations de la société civile (OSC) de l’Afrique du nord.
L’économiste en éducation de la BAD, Oussama Ben Abdelkarim, a indiqué que 31% des jeunes Africains sont sans emplois. Dans le contexte particulier de l’Afrique du Nord, l’on a une augmentation du taux de chômage des jeunes, qui est passé de 26,1% en 2010 à 30,5% en 2015, avec un tauxplus prononcé chez les diplômés notamment de l’enseignement supérieur.
En outre, on note un fossé entre les hommes et les femmes (gap du genre), avec un taux de chômage des jeunes femmes dépassant de 20 % celui des jeunes hommes. Une approche de solution, a indiqué Abdelkarim, est d’avoir une combinaison de « politiques macroéconomiques, sectorielles, du marché du travail et des interventions qui ciblent particulièrement l’entrepreneuriat des jeunes avec un accent sur la qualité».
Face à la tendance générale d’attendre des solutions de l’Etat, des représentants de la société civile estiment qu’il faut véritablement impliquer les populations concernées, à savoir les jeunes eux-mêmes. Selon Ahmed Kamel (32 ans) de l’Association des Jeunes Acteurs de Tunis, « On parle beaucoup des jeunes, du chômage des jeunes, etc. Tout cela est beau, mais il faut consulter les jeunes eux-mêmes, et leur accorderdes espaces d’expression. Les solutions à leurs problèmes ne peuvent pas venir d’autres catégories de personnes. C’est à eux de suggérer ce qu’il y a lieu de faire et dans quel secteur ; que ce soit dans l’agriculture, le tourisme ou ailleurs. Il faut les impliquer dans la recherche de solutions».
Un point de vue partagé par Bouar Fadhila de la Fondation nationale de la santé et le développement de la recherche d’Algérie. Selon elle, « il faut des forums et autres espaces d’expression pour qu’ils indiquent leurs solutions. Il faut les écouter, car ils ont des propositions à faire. ». Et d’ajouter : « C’est une situation difficile et désespérante souvent, mais il y a de l’espoir. En Algérie, il y a un appui aux jeunes de 20 à 40 ans pour les aider à s’installer dans les métiers de la coiffure, de la plomberie, ou de la mécanique ».
Comme proposition de solutions Sabrine Jemaiel, de l’Association Modèle de l’Union Afrique de Tunis suggère une forte mobilisation et une motivation des jeunes pour sortir de leur situation. Et non attendre qu’un Etat providence leur vienne en aide. Elle estime qu’il «ne faut pas que les jeunes tombent dans la facilité de croire qu’un diplôme universitaire doit automatiquement leur ouvrir la porte de l’emploi ou dans le secteur privé ou à la fonction publique. « Il leur faut être innovant et suivre des formations complémentaires pour accroître leur chance d’employabilité ».
Les OSC estiment cependant que l’Etat doit favoriser l’employabilité en créant un environnement favorable. Pour lutter contre l’immigration en Europe et freiner l’exode massif vers les villes, elles demandent que l’Etat construise plus d’infrastructures sociales, culturelles, sportives et économiques susceptibles de retenir les jeunes dans les zones rurales où l’agriculture peut absorber une grande proportion des jeunes sans emploi.
Les rencontres de la BAD avec les OSC de l’Afrique du Nord interviennent après celles de Dakar (31 août- 2 septembre), de Yaoundé (26-28 septembre), de Johannesburg (26-28 novembre) et de Nairobi (7-9 décembre). Elles déboucheront sur un consensus avec des modalités de mise en œuvre d’un partenariat entre les deux parties.