« L’augmentation du prix du carburant dans le contexte actuel, est une menace sérieuse contre la paix et la quiétude sociale en Guinée !».
A moins de cinq mois de la crise avec les enseignants qui a secoué toute la nation, le Gouvernement guinéen plonge à nouveau le pays dans une profonde incertitude, à travers une décision unilatérale et appauvrissante d’augmentation du prix du carburant à la pompe.
La société civile Guinéenne a appris cette nouvelle dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2018, sans aucune concertation préalable et en pleine saison des pluies où nos populations ont du mal à joindre les deux bouts.
Cette décision qui tombe brutalement, prouve à suffisance que les leçons des crises passées n’ont jamais été tirées pour améliorer les mécanismes de prises de décisions et fait montre de l’insouciance de l’Etat à éponger les frustrations et peines du peuple de Guinée.
Les mauvaises négociations avec les partenaires sociaux et le manque d’information et de concertations avec les vrais interlocuteurs sont les facteurs qui ont conduit l’Etat à s’engager dans des arrangements affaiblissants.
Cependant, les réactions immédiates de rejet de l’opinion nationale depuis l’annonce faite par le Ministre du Budget, en date du Mercredi 14 mars 2018 sur les ondes de la RFI et France 24, relative à une possible révision à la hausse des prix du carburant et de la récurrence des délestages dans la distribution de l’électricité due à la baisse des subventions à l’EDG devraient attirer l’attention du gouvernement sur l’inopportunité et la précocité de ses mesures.
Face à cette situation, nous organisations de la société civile guinéenne, réunies en session extraordinaire, ce Mardi 03 juillet 2018 au siège du CNOSCG ; après avoir écouté les cris de cœurs des citoyens, observé et analysé les conditions de vie de nos populations sur toute l’étendue du territoire national, estimons que cette mesure bien qu’inévitable était inopportune dans le contexte actuel.
C’est pourquoi dans le souci de préserver la paix sociale, en cette période d’accalmie politique apparente, la société civile guinéenne lance un appel pressant :
Au gouvernement :
- De sursoir immédiatement à cette décision unilatérale et impopulaire et de privilégier un dialogue inclusif, franc, sincère et constructif dans l’intérêt supérieur des citoyens ;
- De favoriser désormais, une démarche participative et inclusive sur toutes les questions et mesures ayant un impact social ;
- De réduire le train de vie ostentatoire de l’Etat, avant d’initier toutes mesures d’austérité dans le contexte actuel.
Au Mouvement syndical Guinéen :
- De favoriser et consolider l’unité d’action tout en tenant compte du fait que le problème de carburant est moins catégoriel que transversal et citoyen ;
- De favoriser le dialogue comme levier incontournable de la Bonne Gouvernance.
Aux Organisations de la Société Civile guinéenne :
- De rester mobiliser à travers une synergie d’action pour la défense dans la légalité des droits citoyens ;
- D’user de toutes les voies légales et pacifiques pour amener les acteurs autour de la table de dialogue et dans l’intérêt supérieur de la nation.
Par ailleurs, la société civile salue et encourage toutes les initiatives légales contraignant le gouvernement à revoir sa décision dans l’intérêt général des citoyens.
Elle interpelle l’opinion nationale et internationale sur l’inopportunité de cette décision d’augmentation du prix du carburant à la pompe et informe le gouvernement du lancement d’une désobéissance civile sur toute l’étendue du territoire national si aucune mesure urgente n’est envisagée pour annuler cette décision dans un bref délai.
La Société Civile s’engage à prendre contacts avec les différents acteurs en fédérant les efforts des uns et des autres pour une sortie heureuse de crise à travers un cadre de concertation formalisé, structuré et inclusif.
Il est incompréhensible qu’avec un taux de croissance de plus de 8% annoncé préalablement par le gouvernement, de faire supporter par la population une nouvelle crise d’austérité : augmentation des taxes, des factures d’électricité, d’eau et du carburant, enfin.
Pourquoi en pleine saison de labours, à moins de 100 jours de la prise de fonction du Gouvernement et à une semaine du passage du Premier Ministre devant l’Assemblée Nationale, qui l’avait pourtant mis en garde face à une telle aventure, le Gouvernement s’obstine à prendre une telle décision ?
Nous sommes conscients que le prix du carburant ne peut rester indéfiniment fixe dans notre pays, mais toute variation devrait suivre un processus consultatif transparent qui prend en compte le contexte et des mesures d’accompagnement proportionnelles.
Sur la base des analyses faites, la société civile guinéenne prenant la température dans l’opinion, demande au Chef de l’Etat de jouir de ses prérogatives pour faire revenir le gouvernement sur sa décision, en donnant une chance au dialogue et permettre au citoyen d’apprécier les premières actions du gouvernement, notamment la lutte contre la corruption. Ceci est un gage de confiance, qui, une fois approuvé par l’opinion, pourrait favoriser l’adhésion populaire à toutes initiatives garantissant la mobilisation de ressources nécessaires à la constitution d’une richesse nationale suffisante ainsi qu’à sa redistribution équitable au bénéfice de la population.
Vive la République !
Ont signé : des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG, UNTRG, CROSC, SIFOG, RAJGUI, CECIDE, etc…)