Le milieu de terrain guinéen Naby Keita (22 ans) incarne depuis son transfert à Liverpool – qu’il ne rejoindra que le 1er juillet 2018 – le transfert le plus cher de l’histoire pour un joueur africain. Le chiffre, 52 à 70 M€ selon les sources, indique à quel point Keita était une priorité des Reds.
On a hâte de voir ça. Dans un an, Liverpool alignera un trio africain unique en son genre. Le 1er juillet 2018, Naby Keita rejoindra le Sénégalais Sadio Mané, acheté 41,2 M€ en juin 2016 à Southampton, et l’Égyptien Mohamed Salah, recruté lors du mercato estival à l’AS Roma en échange d’un chèque de 42 M€. La puissance financière du club de la Mersey et la personnalité de Jürgen Klopp, son charismatique entraîneur allemand, ont permis de réaliser une nouvelle opération sportive d’envergure.
La presse anglaise, BBC et The Times en tête, ont évoqué un transfert de 51,9 M€, soit le montant de la clause libératoire du guinéen. Les Allemands de l’agence SID ont avancé un chiffre plus élevé (70 M€), en expliquant que Liverpool aurait fait cet effort supplémentaire afin de sécuriser l’arrivée du joueur dans un an.
Chafik : On a vite compris qu’il avait quelque chose en plus
D’ici là, Keita aura disputé une saison de plus en Bundesliga, puisque les dirigeants du RB Leipzig ne voulaient pas entendre parler d’un départ cet été. Le joueur aura également découvert la Ligue des Champions avec le club de l’est de l’Allemagne. Un peu plus de trois ans après avoir découvert le professionnalisme avec Istres, alors en Ligue 2, au cœur de l’automne 2013. « Il était arrivé de Guinée quelques mois plus tôt, il avait effectué des essais à Lorient et au Mans, sans pouvoir y signer de contrat. On a vu Naby débarquer un matin à l’entraînement, et on a tous très vite compris qu’il avait quelque chose en plus », se souvient le défenseur international marocain de Dijon (Ligue 1) Fouad Chafik.
« Il a de grosses qualités techniques, il est rapide, percute vite et sait marquer et faire marquer. » Avec quatre buts en neuf passes décisives, Keita joue un rôle important, mais pas suffisant pour éviter la relégation d’Istres en National à la fin de la saison 2013-2014. « S’il était arrivé plus tôt, on aurait peut-être pu se sauver », s’interroge encore José Pasqualetti, son entraîneur de l’époque. « C’était un joueur avec un potentiel au-dessus de la moyenne, dans ses déplacements, sa qualité de passe. Il sait faire jouer une équipe grâce à ses qualités techniques. Il joue simplement, sans en faire des tonnes. Et c’était un garçon facile à gérer, souriant, qui ne posait aucun problème. »
Le fait que deux autres joueurs africains, Salah et Mané, évoluent à Liverpool et y réussissent a été un élément important pour moi
La relégation d’Istres au troisième échelon français précipitera son départ au Red Bull Salzbourg en juin 2014 pour 1,5 M€. En Autriche, après une phase d’adaptation délicate, l’ancien milieu de terrain d’Horoya devient une des pièces essentielles du club le plus riche du pays, avec lequel il remporte deux coupes nationales (2015 et 2016), inscrit 18 buts et délivre dix passes décisives en deux saisons, avant d’être transféré au RB Leipzig. En Bundesliga, Keita explose (8 buts, 7 passes décisives), aide son nouveau club a terminer deuxième du classement, à se qualifier pour la Ligue des Champions et attire l’attention de grosses écuries européennes telles le FC Barcelone, Liverpool, Monaco ou le Paris-SG.
« J’ai laissé mes représentants gérer cela, parce qu’il fallait que je me consacre uniquement au terrain. Mais c’est avec Liverpool que les relations ont été les plus concrètes. J’ai eu Jürgen Klopp au téléphone. Il m’a parlé de l’équipe, de son projet de jeu. Le fait que deux autres joueurs africains, Salah et Mané, évoluent à Liverpool et y réussissent a été un élément important pour moi. La Premier League m’attirait depuis longtemps », explique Keita, qui prépare à Conakry la double confrontation avec la Libye en qualifications pour la Coupe du monde 2018, une compétition à laquelle le milieu de terrain n’a pas renoncé à disputer, « malgré nos deux défaites lors des deux premières journées. »
Bangoura : « On tient peut-être un futur Ballon d’Or »
Keita, qui ne rejoindra donc l’Angleterre que le 1er juillet 2018, ne perçoit pas la prolongation de son séjour allemand comme un problème. « Au contraire ! Je ne voulais pas quitter le club qui va disputer la Ligue des Champions. Je vais encore progresser avec Leipzig. Je n’ai que 22 ans et je n’ai finalement encore rien prouvé ! Tout va vite pour moi, depuis mon arrivée à Istres, mais je garde la tête froide. Je n’ai pas changé et je ne réussirai à faire une bonne carrière que si je travaille beaucoup. »
Le montant de son transfert en Angleterre ne semble d’ailleurs pas le perturber outre mesure. « Ce sont des chiffres importants, assez courants dans le football actuel. J’essaie de ne pas me prendre la tête avec ça, cela concerne les clubs », évacue le Guinéen. Assis à quelques mètres de lui, Lappé Bangoura, le sélectionneur du Sily National, ne doute pas un instant de l’avenir d’un des piliers de son équipe. « Il a tout ce qu’il faut pour s’adapter à la Premier League anglaise. L’intelligence de jeu, la discipline, le mental, la volonté. Il a une grosse marge de progression, et comme c’est un gros travailleur, il va y arriver. Naby a un potentiel énorme. On tient peut-être un futur Ballon d’Or… »
JA