Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, Chef de la délégation gouvernementale,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les Ministres et Membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs les représentants des institutions de la République,
Messieurs les anciens Premiers Ministres,
Monsieur le Chef d’Etat-Major des Armées, Messieurs les Officier généraux,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants des institutions internationales,
Madame et Messieurs les conseillers consulaires, Chers compatriotes, chers amis guinéens,
Comme chaque année, c’est avec un immense plaisir que la Résidence
de France vous ouvre ses portes pour la célébration de notre fête nationale. Cette manifestation sera rehaussée, ce soir, par la remise officielle des insignes de Commandeur de la Légion d’Honneur au Docteur Sakoba Keita, Coordinateur nationale de la lutte contre l’épidémie d’Ebola.
Je tiens tout d’abord à vous adresser le salut d’amitié et de fraternité de la République française au Président Alpha Condé et au peuple de Guinée.
La dernière fois que nous avons été ainsi rassemblés, ne remonte pas au 14 juillet 2014 mais au 11 janvier de cette année, lorsque par centaines, par milliers, nous nous sommes retrouvés pour dénoncer les attentats terroristes qui avaient frappé Paris et avons proclamé côte à côte, Français, Guinéens, amis de toutes les ambassades et de tous les pays ici représentés, notre attachement aux principes de la démocratie et de la liberté d’expression.
Ce jour-là, le Président Alpha Condé était à mes côtés à l’Ambassade. Dans les jours qui avaient précédé, beaucoup de responsables politiques, d’hommes et de femmes de toutes opinions et de toutes confessions nous avaient témoigné leur solidarité avec la France dans l’épreuve. Ce jour- là, nous pouvions sentir battre plus fort encore le cœur de l’amitié entre la France et la Guinée, au nom des principes nés de la Révolution française, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.
Tout au long de cette année, le terrorisme n’a cessé de frapper, et en particulier, en ce mois de Ramadan : en France, en Tunisie, au Koweït, au Nigéria, au Tchad.
Plus que jamais le moment est venu de rassembler nos forces pour y faire face et pour contrer son avancée.
Je voudrais à cet égard saluer l’engagement courageux de l’armée guinéenne au Mali dans le cadre de la MINUSMA, avec son bataillon formé et équipé par la France et les Etats-Unis. Une armée républicaine est un pilier indispensable de la consolidation de l’Etat de droit et la sous-région en a plus que jamais besoin.
Lorsque les menaces se font plus fortes, plus forte doit se faire la volonté de consolider le cadre politique, économique et social, plus urgentes deviennent les réformes, plus étroites doit être la coopération pour y parvenir. Aucun secteur ne saurait y échapper : la sécurité, la gouvernance, le développement, ces trois dimensions indissociables de la paix et de la stabilité.
Lorsque la Guinée subit des épreuves – et l’épidémie d’Ebola est une épreuve sans précédent, que nous n’avons pas encore définitivement surmontée et dont nous n’avons pas encore mesuré toutes les conséquences – la France est aux cotés de votre pays. C’est tout le sens de la visite historique du Président François Hollande à Conakry le 28 novembre 2014.
Je voudrais rendre hommage une fois encore à tous les Français, médecins, chercheurs, personnels soignants, civils et militaires, membres d’organisations non gouvernementales, officiers et sous-officiers de la Sécurité civile, diplomates, collègues du Ministère, qui se succèdent depuis près d’un an et demi en Guinée pour œuvrer à vos côtés et aux cotés des Nations-Unies, de l’Union européenne, de tous les pays engagés pour éliminer cette épidémie.
Vigilance, persévérance : n’ayez pas, n’ayons pas d’autres principes à l’esprit pour venir à bout de cette épidémie.
Lorsque la Guinée s’engage sur la voie des élections et qu’il s’agit d’aider à faire prévaloir le dialogue sur la violence dans les rues, la France est à ses côtés.
Elle l’est avec les Nations-Unies, avec la CEDEAO, l’OIF, l’Union Européenne et nos partenaires bilatéraux. Le dialogue, c’est un état d’esprit, mais pas seulement : c’est une démarche, un engagement, une sagesse du compromis, en vue de parvenir à des résultats utiles et concrets pour l’organisation d’élections transparentes, libres et inclusives, dans l’intérêt général du pays et de ses institutions, dans le respect de sa constitution. Mes collègues de la communauté internationale et moi-même espérons avec confiance dans la volonté de chaque partie d’y parvenir et renouvelons nos encouragements à l’équipe qui préside à ce dialogue.
De même nous soutenons la réforme de la justice qui a été engagée avec courage et détermination par le Garde des Sceaux. La lutte contre l’impunité est la clé de voûte de l’édifice. L’instruction du procès du massacre du stade du 28 septembre avance, comme en a témoigné une série d’inculpation au cours de ces derniers mois dont celle de l’ancien responsable du CNDD Moussa Dadis Camara. Agir dans le sens de la Justice, c’est aussi le sens du prix franco-allemand des Droits de l’homme qui a couronné cette année, avec le Ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques, des initiatives des femmes qui s’engagent et se battent pour la reconnaissance de leurs droits. C’est également par la construction de l’édifice judiciaire que les forces de police et de sécurité pourront pleinement accomplir leur mission au service du droit et des citoyens.
Lorsque la Guinée avance sur la voie du développement, la France est à ses côtés. Pour s’en tenir au secteur crucial de l’énergie qui connaît d’heureuses améliorations ces derniers temps, grâce à Kaleta, je rappellerai les signatures récentes des conventions d’annulation et d’aménagement de la dette EDG/SEG, avec l’Agence Française de Développement, et la signature du contrat de gestion entre VEOLIA et EDG, qui marque une étape majeure dans le renforcement de la présence économique française en Guinée. La France est aux côtés de la Guinée par ses entreprises, qui, telles Bolloré et Total, investissent, forment et innovent. Face à Ebola, l’Ambassade et Air France ont su faire front commun, la ligne a été maintenue, l’embarquement des passagers sécurisé grâce à la mobilisation des équipes de médecins et d’infirmiers du Ministère français de la Santé. Chaque fois que cela a été nécessaire, l’Ambassade est intervenue pour maintenir la présence et l’activité des entreprises françaises, je pense en particulier aux contrats routiers de SOGEA-SATOM. Ce faisant, nous n’avons pas seulement défendu la position d’entreprises françaises, dans le cadre de la diplomatie économique, nous avons aussi contribué à sauver des emplois en Guinée. Que toutes les entreprises françaises en Guinée soient remerciées pour leur généreux soutien à l’organisation de ce soir de fête, malgré une conjoncture difficile. Je tiens également à associer à ces remerciements l’ensemble des personnels de la Résidence sous la conduite efficace de Xavier Malaret secondé par Pascal Sans.
Parce que nous vivons une ère de menaces globales et mondiales – j’ai mentionné le terrorisme, les épidémies, nous avons plus que besoin d’une présence internationale forte du continent africain. Ces valeurs que nous partageons, nous devons les défendre ensemble. Je tiens à cet égard, Monsieur le Ministre d’Etat, cher François, à vous exprimer tout spécialement ma gratitude pour votre disponibilité permanente et votre soutien efficace et si amical dans toutes les entreprises qui nous associent face aux défis du moment.
Ainsi du dérèglement climatique. Les menaces sur l’environnement et l’urgence d’adopter un pacte global réduisant à +2° le réchauffement de la planète, c’est tout l’enjeu de la prochaine conférence Paris-Climat 2015. Pour citer le Secrétaire Général des Nations-Unies, il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B. Donc il faut bâtir un agenda de solutions dans le cadre de cette alliance nouvelle pour le climat que nous espérons conclure à Paris.
Et la Guinée a un rôle particulier : pays tête de source de grands fleuves africains, le Sénégal, le Niger, elle a la responsabilité de préserver, avec ses voisins, un patrimoine naturel d’une valeur inestimable, fluvial, maritime, forestier. Rarement, dans son histoire, la Guinée n’a porté une telle responsabilité.
Nous avons également ensemble la responsabilité de promouvoir des solutions innovantes d’économies d’énergie, car il est nécessaire et possible de concilier développement et environnement. C’est tout le sens de l’innovation technologique portée, là encore, par des entreprises françaises en Guinée – et la Guinée, grâce à Bolloré et sa Blue solution, grâce à Total et ses solutions d’énergie solaire, peut être fière aujourd’hui de faire partie des pays novateurs sur le continent africain.
C’est aussi un défi culturel et éthique, car ce qui est en jeu, c’est bien l’équilibre du monde que nous préparons pour les générations futures.
La lutte contre le dérèglement climatique est l’occasion d’une nouvelle rencontre avec le continent africain. Je tiens à cet égard à saluer toutes les initiatives qui, cette année, sont allées dans le sens de cette prise de conscience : les 72h du livre consacrées à l’environnement et au climat, la nuit de la lumière au Lycée français, la programmation du centre culturel franco-guinéen qui revisite les rapports entre l’homme et les forces de la nature. L’Afrique est une terre de grands récits, des origines de la mythologie des sociétés de chasseurs à la cosmogonie des dieux d’eau de Marcel Griaule. Que deviendra Baro le jour où sa mare sera asséchée ? Il est encore temps d’agir. Ensemble et solidaires.
Que nous faut-il pour cela ? Comme le réclamait Danton « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! »
Parce que c’est, ensemble, que nous pourrons relever ces défis, soyez assuré, Monsieur le Ministre, de l’amitié toujours plus vive et plus forte de la France aux côtés de la Guinée.
Vive la France, vive la Guinée, vive l’amitié franco-guinéenne !