Un article paru dans votre hebdomadaire ‘’Le Démocrate’’ : N° 714, intitulé ‘’un prélat problématique’’, n’est pas passé inaperçu aux yeux de certains lecteurs. L’ancien Premier Ministre Jean-Marie Doré est de ceux-là. Lisez plutôt sa réaction par rapport à cet article pour mieux comprendre.
Excellence, quelle est votre réaction par rapport à l’article : ‘’un prélat problématique’’ ?
J’ai lu avec beaucoup de surprise cet article, surprise à cause du contenu, surprise à cause de la forme et à cause de la personnalité qui se dessine derrière le document et qui donne l’impression qu’il est chrétien et qui, malheureusement n’a pas le courage chrétien pour parler à son pasteur. Mais quand au-delà de la surprise, j’ai lu plus attentivement le document, le portrait robot de celui qui a fait l’article devient clair et évident et c’est ce qui fait ma surprise. D’autant plus que celui que je crois être le vrai auteur de l’article est quelqu’un qui a vécu du prélat. Il a pris l’habitude de vivre des prélats successifs à la tête de l’Eglise guinéenne, notamment à Conakry et cette fois-ci, il est tombé sur un homme qui est droit, qui ne se prête pas aux manipulations et qui a fermé le robinet.
De quel genre de robinet, parlez-vous ?
Les facilités qu’il avait à la demande, et dont il s’était rendu coutumier, parce qu’ayant été de toutes les organisations, de tous les projets de l’Eglise. Il a fini par donner un certain goût à la vie. Le fait de se retrouver avec un homme qui vous ferme toutes les portes d’accès à ces facilités, peut vous amener â être soit très humble, soit coûte que coûte à vouloir faire valoir vos vieilles habitudes à profiter des biens communs. Que peut-il reprocher à l’Evêque sur le plan de la gestion des finances de l’Eglise, lui qui est l’archétype de celui qui a fait de l’argent sa divinité ? Il a mis tout en œuvre pour adorer l’argent ; il s’est fait des troupeaux avec l’argent de l’Eglise. Il s’est fait des domaines agricoles avec l’argent de l’Eglise ; il s’est fait des villas avec l’argent de l’Eglise et aujourd’hui, les comptes sont vides. Alors il faut qu’il laisse exhaler sa haine viscérale contre le prélat qui a osé le contredire, de vivre dans l’opulence aux dépens de la morale chrétienne.
A partir d’un article Excellence, vous avez déjà une idée de celui-là qui est derrière cet article ?
Absolument ! Sinon, je ne dirai pas, ce que je suis en train de vous rapporter.
Comment Excellence?
Mais à cause du comportement comparé dans l’article et de ce que je connais de la personne et de son passé avec l’Archevêque actuellement en fonction.
Pour vous, tout ce qui est dit de dans, n’est que de la baliverne ?
Je ne dis pas que l’Archevêque a la sainteté de l’archange Michel. Mais ce que je sais de lui m’autorise à le considérer comme un homme droit.
Vous avez cité le nom de l’Archevêque, pourtant, il n’est pas cité dans l’article?
On dit le prélat à Conakry. Il y a combien de prélats à Conakry ? Il y a un seul prélat dans le diocèse de Conakry. C’est Monseigneur Coulibaly, il n’y a pas deux. Si on dit qu’il est Archevêque métropolite de la Guinée, c’est parce qu’il y a un chef de Diocèse à Kankan, un chef de Diocèse à N’Zérékoré et que lui est l’Evêque de la capitale, il est le seul, il est Evêque de son diocèse et il est le Premier Evêque de Guinée. Donc quand on attaque l’Evêque de Conakry, on attaque indubitablement Monseigneur Coulibaly. Pour moi, c’est donc une évidence ; on ne s’attaque pas comme ça à l’Evêque et je trouve cela foncièrement malhonnête et c’est grave. C’est un manque de courage dont-il a fait preuve dans cet article d’attaquer un homme par une lâcheté si extrême qu’il n’ose pas se présenter lui-même, alors qu’il avait une voie plus honorable d’aller voir son Evêque : commencer par le contact avec le Conseil paroissial. Le Conseil paroissial est le lieu où on examine la vie de l’Eglise dans le cadre administratif le plus bas. Après les communautés chrétiennes de base, c’est la paroisse ; après la paroisse, on va au diocèse. Donc, il avait toutes les voies appropriées pour rencontrer le prêtre de sa paroisse, et lui dire, j’apprends que notre Evêque par-ci et notre Evêque par-là et si l’Evêque ne veut pas faire amende honorable, dans le cas où cela est fondé, il va voir qui de droit. Mais à froid comme ça, s’attaquer à un homme qui est le symbole même de la timidité, un homme qui est droit, j’allais dire sans l’insulter que c’est quelqu’un qui manque de malice. Alors le faire comme ça, c’est qu’on n’est pas chrétien.
A vous entendre parler, vous donnez l’impression de blanchir l’Evêque.
Non ! Je ne blanchis pas l’Evêque. Je dis exactement ce que je sais de lui.
Selon bon nombre d’observateurs, de surcroit, chrétiens, l’Archevêque trainerait beaucoup de casseroles ?
Mais il ne dit pas où sont ces casseroles-là, parce que celui qui pense que l’Archevêque en traine derrière lui, il faut beaucoup de casseroles pour faire la sauce, pour faire la grillade, pour faire les pommes de terre, il fallait citer les lieux où il a acheté ces casseroles, où il a utilisé ces casseroles. Il ne le dit pas. Il ne suffit pas de dire que vous journalistes, vous tirez de casseroles. Vous n’avez pas le droit de l’écrire. Ce n’est pas la vérité. Il faut plutôt camper le lieu où on a acquis la casserole, comment on l’a acquise, quels sont les témoins de l’acquisition de la casserole. Autant de choses pour dire qu’il faut éviter de spéculer à partir des informations dont on n’a pas les preuves. Si ceux qui en parlent en avaient, pourquoi ne les ont-ils pas relatées ici ?
D’aucuns pensent aussi que le patrimoine bâti de l’Eglise catholique est bradé ?
A qui c’est bradé ? Qu’est-ce qui est bradé ? Posez-leur la question.
Selon eux, cela ne profite qu’à un groupuscule et non à l’Eglise ?
Mais oui, ce sont des paroles en l’air, qu’est-ce qui m’empêche de dire que vous avez bradé les biens de toute la presse guinéenne. Ce n’est pas intelligent de juger un homme à partir de telle affirmation légères. L’Evêque n’est pas au-dessus de tout soupçon. Si notre Evêque commet des fautes, il y a un cadre pour discuter de tout cela. On ne peut pas s’attaquer à un homme aussi gratuitement. C’est comme si vous voyez une jeune fille causer avec le Grand Imam de Conakry et puis vous allez diffuser en ville, j’ai vu le Grand Imam de Conakry avec une femme. Où est le problème ? La population guinéenne, nous sommes aujourd’hui près de 14 millions, il y a plus de femmes que d’hommes. Est-ce que c’est extraordinaire qu’un homme qui vit dans une communauté où il y a plus de femmes que d’hommes rencontre une femme.
En tout cas certains lui reprocheraient de manquer de leadership ?
Comment il manque de leadership ? Si la communauté chrétienne n’était remplie que par l’auteur de l’article, il serait difficile d’avoir de leadership dans une communauté comme ça, où personne n’accepte la discipline parce qu’il y a une discipline dans toute communauté humaine.
Excellence, pour beaucoup aussi le clergé catholique de Guinée est divisé, qu’en pensez-vous?
Ce n’est pas écrit dans l’article, je me prononce sur ce qui est écrit dans l’article.
Excellence, en tant que chrétien, vos observations?
Je ne crois pas qu’il soit sage et honnête de parler de division ; l’Eglise est un lieu d’échange, de débat, il ne faut pas idéaliser ce qui appartient à l’humain, car tout ce qui appartient à l’être humain est fragile. Vous comprenez ! Le fait pour moi de venir trouver un prêtre avec une femme ça ne veut rien dire par rapport à l’évangile. Parce qu’il est écrit que la nature de l’homme est faible. Donc, vous ne pouvez pas juger la communauté chrétienne à travers un prêtre que vous avez vu dans un moment de faiblesse. De quel droit moi, je vais le faire, puisse que moi aussi j’aime les femmes. Parce que l’obligation qui s’impose aux prêtres s’impose à moi, le fait que le prêtre fasse vœu ne me dispense pas moi qui n’ai pas fait vœu de chercher à être bon chrétien. Mais qu’est-ce que le christianisme ? C’est l’imitation de la vie humaine de Jésus Christ. Est-ce que nous parvenons à imiter Jésus Christ en plénitude ? Non ! Nous ne pouvons pas. Si on y parvient, on devient saint sur terre, parce que lui n’a pas commis un acte qui puisse être apparenté au pêché. Mais moi donc, je tends à m’identifier au modèle, c’est pourquoi je suis chrétien.
Pourtant ils se sont engagés à la chasteté, à l’obéissance, à la sainteté ?
Oui ! Mais le fait de vous engager, si tous les engagements allaient jusqu’au bout, atteignaient n’est-ce pas le sommet, la Guinée serait un paradis. Combien se sont engagés à respecter la loi, le droit … et personne n’y est parvenu.
Nous sommes dans la religion, cela ternit leur image ?
Pourquoi ? Vous aussi vous allez tomber dans ce travers là. On fixe un objectif, on dit sera sacré champion, celui qui pourra grimper sur le tronc d’arbre jusqu’à 80 m. Sera alors déclaré premier, celui qui aura atteint 60 m, si personne d’autre ne le dépasse. Donc, il ne faut pas idéaliser. C’est ça ! Vous faites la presse, c’est pour que l’opinion soit informée. Vous croyez que tout ce que vous écrivez, trouve de l’effet chez les Guinéens ? Les gendarmes et les policiers ont prêté serment de défendre les citoyens. Malgré tout, on continue à tuer des citoyens. Donc d’après vous, il faudrait interdire la profession des gendarmes et des policiers. Moi je pense qu’il faut tenir compte de l’idéal et des contingences inhérentes à la vie en société. Que vous soyez musulman ou chrétien, le plus important est le devoir de respect de la communauté à laquelle vous appartenez.
Par rapport à l’article paru dans le journal Le démocrate : ‘’Le prélat problématique’’, quel serait le mot de la conclusion ?
Moi, je pense que cela s’apparente aux trente deniers de Juda (ndlr : dans la bible celui qui a trahi Jésus Christ).
C’est-à-dire ?
C’est un traitre qui a écrit, il a écrit pour salir ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est supérieur, ultime dans la recherche du parfait et en s’attaquant à cela, je crois, qu’il a perdu ce qui est en lui et qui s’apparente au christianisme. Et c’est dommage !
In Le Démocrate