La France n’a pas à donner de bons points ou de mauvais points aux dirigeants africains, a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo, Lambert Mende.
Il réagissait aux propos du président François Hollande qui, jeudi à Cotonou, a élevé le Bénin au rang de référence démocratique sur le continent.
Le président Hollande n’a pas de bons points ou de mauvais points à donner à des présidents africains, a lancé M. Mende lors d’une conférence de presse, en réponse à une question sur les déclarations du chef de l’État français à Cotonou.
On n’a pas de leçons à recevoir, on ne démocratise pas les pays africains pour faire plaisir à M. Hollande, au gouvernement français ou à je ne sais quelle opinion publique en France. Nous ne tolérons plus ce genre d’attitude paternaliste 55 ans après l’indépendance, a insisté le porte-parole du gouvernement de l’ancien Congo belge.
Je me garde de commenter la réaction des Béninois (aux propos de M. Hollande), je constate simplement que dans un autre pays, on parle seulement économie, a ajouté M. Mende, dans une allusion aux contrats signés vendredi par des entreprises françaises à l’occasion de la visite de M. Hollande en Angola.
Les relations entre Kinshasa et la communauté internationale sont tendues depuis plusieurs mois, alors que les pays occidentaux – États-Unis en tête – et l’ONU répètent à l’envi leur souhait de voir le président congolais Joseph Kabila abandonner le pouvoir à l’issue de son mandat.
M. Kabila est à la tête de la RDC depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se présenter à la prochaine présidentielle, prévue pour novembre 2016. Mais l’opposition et une partie de sa majorité le soupçonnent de chercher à tout faire pour se maintenir en place après l’expiration de son mandat.
En visite à Cotonou jeudi, première étape d’une tournée africaine éclair, M. Hollande a déclaré que le Bénin était une référence sur le plan démocratique après avoir rencontré son homologue Thomas Boni Yayi.
Le président béninois a récemment annoncé qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, conformément à la Constitution.
Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner, a ajouté M. Hollande.
M. Kabila a accédé au pouvoir à la mort de son père, Laurent-Désiré Kabila, ex-rebelle devenu chef de l’État par les armes. Il a été élu président en 2006 lors des premières élections libres depuis l’indépendance du Congo, avant d’être réélu en 2011 à l’issue d’un scrutin marqué par des fraudes massives.
Revenant sur les appels de Washington pressant M. Kabila d’abandonner le pouvoir fin 2016, M. Mende, s’est attardé sur le cas du président Franklin Delano Roosevelt, mort en 1945, quelques mois après avoir entamé son quatrième mandat.
Même les Américains n’ont pas respecté ce principe des deux mandats. (…) Ils ont violé eux-mêmes cette règle parce qu’ils avaient un bon président, a-t-il déclaré.
Ce qu’on retient, c’est ce que le chef de l’État fait pour son pays et non pas le nombre de mandats, a dit M. Mende, faisant référence à l’héritage de Roosevelt. Il faut laisser les Congolais, qui ne sont pas des Américains, faire les choses comme ils l’entendent.
Craignant une dérive monarchique pour la jeune démocratie américaine, le président des Etats-Unis, George Washington, avait refusé de briguer un troisième mandat à la fin du XVIIIe siècle.
La limitation à deux du nombre des mandats présidentiels aux États-Unis n’a cependant été instituée qu’en 1951, près de six ans après la mort de Roosevelt.
AFP