Le diplomate avait été envoyé à Bamako, pour lire un message du secrétaire général de l’ONU, à l’occasion de la signature de l’Accord de paix entre le gouvernement malien et les groupes rebelles.
Seulement, le diplomate français, nommé en septembre 2011 par Ban Ki Moon, au poste de Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, a voulu ajouter sa touche personnelle dans le discours par des mots qui, visiblement, ont dérangé plus d’un Malien. En effet, Mr. Ladsous, comme pour dire que l’Accord qui venait d’être signé ne signifiait pas grand-chose à ses yeux, a déclaré qu’il ne devrait pas servir de «prétexte » pour attaquer ceux qui ne l’ont pas signer. Venant de la bouche de l’homme de la rue, on ne prêterait guère attention. Mais venant du chef de maintien de la paix de l’ONU qui de surcroit, est un Français, il y a de quoi réagir. Ce d’autant plus que la France, supposée être la première alliée du Mali dans ce conflit, n’a pas jugé nécessaire de se faire représenter à la signature de l’accord de paix ni par son président de la République ni par son ministre des Affaires Etrangères. Comme pour dire, que cette signature ne représente rien à leurs yeux.
Après cette sortie ratée de Hervé Ladsous, et la réplique cinglante du Chef de l’Etat malien qui lui a rappelé les règles de bonne courtoisie, le bon sens voudrait que le diplomate français, reconnaisse son abus de langage et demande des excuses. Mais non ! A sa sortie de la salle de signature de l’accord, il a rassemblé la presse pour leur dire que les sacrifices de l’ONU ne sont pas reconnus à leur juste valeur par les autorités maliennes. Un tel comportement de la part d’un diplomate censé chercher les voies et moyens pour faire la paix, est à déplorer. La réaction du chef de l’Etat malien a été claire et précise. Et elle n’était pas préméditée. Si Monsieur Ladsous n’avait pas utilisé un langage discourtois, il n’y aurait jamais eu une telle réaction de la part du président IBK qui avait préparé un autre discours qu’il a dû abandonner à cause des propos pleins de sous-entendus d’Hervé Ladsous. En réunissant la presse pour dire que le Mali ne reconnait pas les sacrifices de l’ONU, Hervé Ladsous, déplace le débat et cherche à mettre sa structure (ONU) et les autorités maliennes dos à dos. A quelles fins utiles ?
Décalage entre discours français et américains
En tous cas, la cérémonie de signature de l’Accord d’Alger, aura eu le mérite de faire tomber les masques. Le discours de la représentante américaine à cette cérémonie, a été on ne plus clair : que ceux qui n’ont pas encore signé l’Accord, le fassent « sans délais ». Alors que côté franco-européen, on parle de prolongation des discussions. C’est-à-dire, donner le temps nécessaire aux groupes rebelles de signer. Sans aucun délai. Alors que l’équipe de la médiation, avait été très claire là-dessus : pas de réouverture des discussions ; mieux, ceux qui n’auront pas signé sont à considérer comme des ennemis de la paix. Comme par miracle, à la veille de la signature, la Coordination des groupes rebelles, décident de parapher et non de signer. Ce qui les met à l’abri d’être désignés « ennemis de la paix » et leur permettre de pouvoir continuer leurs actions terroristes sur le terrain sans qu’ils ne soient exposés aux sanctions de l’ONU. La preuve, au lendemain de la signature de l’accord de paix, l’armée malienne est attaquée, faisant des morts. L’ONU s’est contentée de condamner. Pas de sanction en vu bien que l’attaque ait été revendiquée par la CMA.
La paix repoussée par les faux rapports
Beaucoup d’experts pour les questions de paix en Afrique. Mais peu sont ceux qui connaissent réellement leur sujet. Cela va sans dire, que l’avis d’un homme comme Hervé Ladsous compte à l’ONU. Même plus que celui d’un chef d’Etat africain. Visiblement, les autorités maliennes et Hervé Ladsous n’ont pas la même vision du conflit au nord du Mali. Si la médiation et Bamako ont vite fait de dire que les discussions sont closes à Alger, c’était sans compter avec la vision d’un homme comme Hervé Ladsous dont la position paraît maintenant très claire : protéger la rébellion touareg (CMA) contre Bamako. Le principe qui guide les opérations de maintien de la paix de l’ONU qui est l’impartialité, est bien un mot relatif et varie selon les circonstances. A la question de savoir si les FAMA violeraient-ils les cessez-le-feu, Hervé Ladsous répond vaguement. En réalité, le diplomate déclare n’avoir pas de preuve de violation de cessez-le-feu par l’armée malienne, mais soutient que les FAMA ne sont jamais loin des milices d’auto-défense à l’image de la GATIA. Et pourtant, Monsieur Ladsous a toujours soutenu que toutes les parties violeraient le cessez-le-feu. Sur quoi alors, fonde-t-il de telles accusations ?
Mépris pour un peuple ?
Dans sa réplique à la réplique du Président IBK, Hervé Ladsous met en avant la mort des soldats de la MINUSMA sur le champ de bataille au nord du Mali. Une trentaine de morts selon lui. Pour lui, jamais une mission n’a été aussi coûteuse pour l’ONU. Mais jamais, dans sa réplique, Hervé Ladsous n’a fait allusion aux civils tués par la MINUSMA à Gao lors d’une manifestation populaire. Il ne fera pas non plus allusion aux nombreux « Maliens » tués chaque jour par les groupes rebelles et terroristes ni aux milliers de réfugiés du fait de la guerre. La position franco-onusienne permettra-t-elle aux groupes rebelles de tuer encore combien de personnes ?
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