En dépit du deuil national que vit le pays et de la préoccupante épidémie Ebola, Conakry a vécu, en ce lundi 4 août, une nouvelle journée de tension. Au cœur de cette surchauffe, les jeunes de l’axe Bambéto-Hamdallaye d’une part et ceux de Gbessia de l’autre. Pour les premiers, le motif de la sortie soudaine et de l’occupation de la rue réside dans le récurrent délestage électrique. Alors que pour ceux de Gbessia, il est question de ce qu’ils assimilent à une négligence de la part des autorités en charge du curage des caniveaux.
Indépendamment de ces raisons relativement différentes, les deux protestations populaires se sont conjuguées pour créer un véritable calvaire aux populations en général, et celles qui désiraient se rendre à leurs services respectifs en particulier.
Prétextant d’une absence de courant dans leurs quartiers depuis quelques jours, les jeunes de l’axe Hamdallaye-Bambéto se sont très tôt, ce lundi matin, emparés du tronçon qui relie ces deux ronds-points, réputés chauds, de la capitale guinéenne. Procédant comme à leur habitude, ils ont bloqué la circulation avec des barricades de fortune formées de divers objets (morceaux de bois, grosses pierres, troncs d’arbre, immondices, etc.).
Estimant que ces obstacles n’étaient pas suffisamment dissuasifs aux yeux de certains conducteurs, ils ont eux-mêmes littéralement occupé la chaussée, menaçant quiconque veut passer outre leurs injonctions. Du coup, tous les véhicules, en provenance de la haute banlieue et empruntant la voie de la route Le Prince, étaient littéralement obligés de bifurquer au niveau du rond-point de Bambéto. A ce niveau, deux options s’offraient aux chauffeurs : se rabattre sur la corniche nord, via la Transversale qui mène de Bambéto à Kipé (Centre émetteur) ou se résoudre à rejoindre l’autoroute.
Beaucoup ont pris cette seconde option, se disant que c’est le meilleur moyen de se mettre à l’abri d’une quelconque surprise avec cet axe de la route Le Prince, quelque peu imprévisible. Sauf que pour une fois, ce ne fut pas un meilleur choix. Parce qu’au niveau du quartier Gbessia, un autre groupe de jeunes avait décidé de se faire entendre, pour une raison tout autre.
Là, en effet, ce n’est pas la rareté du courant dans les familles qui préoccupe tant. Le problème c’est qu’en raison de ce que les habitants des quartiers assimilent à une négligence, les foyers risquent de se voir engloutis par les eaux. En dépit de tout le grand battage médiatique que fait le gouverneur de la ville de Conakry autour de la question de l’assainissement de la capitale guinéenne, les caniveaux de Gbessia demeurent pleins d’ordures en tous genres. Ainsi, à la moindre pluie, les eaux envahissent toute la chaussée. Mais avec les grosses pluies qui sont tombées dans la nuit du dimanche à lundi, la voie publique ne fut pas la seule inondée. Quelques concessions familiales aussi et surtout. En sorte que beaucoup se sont réveillés, les pieds dans les eaux.
Comme cédant à un réflexe d’autodéfense, les jeunes décident subitement de dire leur ras-le-bol. Reprochant surtout aux autorités le fait qu’elles ne mettent pas à disposition des véhicules pour le transport des déchets, ils curent les caniveaux, mais déversent le contenu aux abords de la chaussée. Très vite, la route qui n’est pas particulièrement large se retrouve plus exiguë que jamais. D’où un indescriptible bouchon.
Beaucoup d’automobilistes y ont passé une bonne partie de la journée. Les passagers quant eux, tout au moins pour bon nombre d’entre eux, la solution consistait à sortir du véhicule pour reprendre la marche, le plus souvent pour reprendre le chemin de la maison.
M BRRRY