Alors que la frontière entre les deux pays est fermée depuis neuf mois, l’Assemblée nationale guinéenne s’est réunie en plénière, ce 4 juillet, pour ratifier l’Accord de coopération militaire avec le Sénégal signé le 19 juin à Accra.
À la gare routière guinéenne de Bambéto, d’où partent la plupart des voyageurs pour les pays de la sous-région, syndicalistes et transporteurs de la ligne Conakry-Manda se tournent les pouces. Pourtant, difficile d’évoquer avec eux la fermeture de la frontière entre la Guinée et le Sénégal. Le sujet est tabou. « Il n’y a pas de voyage vers le Sénégal. Nous nous limitons à emmener les passagers jusqu’à Koundara », glisse un chauffeur, réclamant l’anonymat. De cette bourgade du nord du pays, à une vingtaine de kilomètres de la frontière, « les voyageurs continuent ensuite en taxi-moto pour traverser vers le Sénégal avec la complicité de certains agents de sécurité et de la douane », détaille-t-il.
« Les prix ont doublé »
La fermeture en septembre dernier des frontières avec le Sénégal et la Guinée-Bissau, officiellement pour des raisons sécuritaires, a eu d’importantes conséquences pour l’économie du nord du pays. Une grande partie de la production agricole guinéenne destinée à l’exportation transitait jusque-là vers le Sénégal. « Cette année, une partie des mangues et des oranges a pourri », regrette Alhassane Baldé.
Koundara, située sur l’axe reliant Conakry à Dakar, a été particulièrement touchée. « L’essentiel de notre activité est tournée vers le Sénégal. En temps normal, les camions, y compris les gros porteurs, peuvent effectuer jusqu’à huit voyages par mois entre Koundara et le Sénégal, explique Alhassane Baldé, président de la Chambre de commerce préfectorale de Koundara. À l’inverse, on ne peut pas dépasser quatre voyages mensuels vers Conakry, car la ville est plus éloignée, et la route est en mauvais état. »
Avant la fermeture, la proximité avec le Sénégal offrait en outre aux commerçants de Koundara un accès privilégié à toute une série de produits à des tarifs très compétitifs. « Le prix d’un sac de ciment de 50 kg ne dépassait jamais 60 000 francs guinéens ici. Aujourd’hui, il se vend aux alentours de 85 000 francs », explique Alhassane Baldé. Depuis septembre dernier, « les prix des produits importés du Sénégal ou de la Gambie ont doublé, parfois même triplé », affirme le président de la Chambre de commerce, qui dénonce la spéculation à laquelle se livrent certains commerçants. « Ceux qui avaient acheté des stocks avant la fermeture en ont profité pour les écouler au prix qu’ils veulent. »
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JA