L’ancien Président de la Guinée, Moussa Dadis Camara, inculpé pour son rôle présumé dans le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry, avait fait la Une des médias guinéens au moment de son inculpation par la justice de son pays, le 8 juillet dernier. Il a déclaré, ce lundi 3 août 2015, vouloir instaurer une « nouvelle dynamique politique » en Guinée, dans une interview à Aminata.com.
Une « responsabilité morale »
L’ex-chef de la junte avait refait son apparition sur la scène politique guinéenne au moment de l’annonce de son alliance avec Cellou Dalein Diallo, un des chefs de l’opposition, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), contre l’actuel Président Alpha Condé. Alors qu’il vit dans la capitale burkinabè, Ouagadougou, depuis 2010, son retour prévu en Guinée a pris du retard en raison de considérations liées à sa sécurité, selon lui.
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Revenant sur son inculpation pour le massacre du 28 septembre 2009 quand, sous sa présidence, près de 157 personnes avaient été tuées au stade de Conakry, lors d’un rassemblement de l’opposition et des dizaines de femmes violées, il a indiqué avoir une « responsabilité morale » mais vouloir rentrer au pays pour « balayer toute culpabilité ». Il veut mettre en place « un réel projet de société ».
« Classe politique sclérosée et vieillissante »
Son parti, le Front patriotique pour la démocratie et le développement (FPDD), est en pleine négociation avec l’UFDG, pour établir « un programme et des propositions nouvelles à l’avant-garde des autres partis », a-t-il déclaré. Alors que Cellou Dalein Diallo a récemment déclaré officiellement sa candidature à l’élection présidentielle du 11 octobre prochain, le contexte politique est tendu. L’opposition, qui a longtemps bataillé contre le calendrier électoral proposé par le Président Alpha Condé en faisant descendre les Guinéens dans la rue, ne démord pas.
Moussa Dadis Camara n’est pas tendre avec la classe politique de son pays qu’il veut rajeunir. Il l’a qualifiée de « corrompue », « sclérosée et vieillissante », et responsable en partie des difficultés que rencontre le chef de l’Etat. Réformer le système sociale, notamment de santé, est également l’une des priorités de son programme politique par la mise en place de « systèmes d’allocations familiales ». L’emploi des jeunes par le développement de la formation et du secteur privé constitue aussi un des axes sur lesquels il veut travailler.
L’ex-chef de la junte, au-delà de ses problèmes judiciaires, travaille à réhabiliter sa stature d’homme politique guinéen. Critiquant la « gestion américaine » et « l’ingérence française en Libye », comme des facteurs responsables de l’augmentation de la menace terroriste en Afrique de l’Ouest, il conclut : « Il est grand temps que l’Afrique présente un front commun pour enfin éradiquer la menace djihadiste ».
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