Alors que la CEDEAO, pilotée par le Nigeria, menace des pays comme la Guinée, Mohammed VI du Maroc renforce ses liens avec Mamadi Doumbouya. La Guinée ayant joué la carte du Sahara Occidental pour charmer le royaume chérifien.
Le nouveau président en exercice de la CEDEAO, le chef de l’Etat nigérian, Bola Tinubu, s’est dit déterminé à restaurer l’ordre démocratique au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry. Trois pays dirigés par des militaires putschistes. « Nous ne permettrons jamais que les coups d’Etat se succèdent en Afrique de l’Ouest », a déclaré le nouveau Président du Nigeria. De sévères mises en garde qui n’ont pas convaincu le Maroc de revoir sa copie.
Dissonance entre le Maroc et la CEDEAO
En effet, au moment où le dirigeant nigérian prononçait ces mots, le Maroc et la Guinée tenaient la 7ème session de la Commission mixte de coopération. Opportunité saisie pour procéder à la signature, lundi, à Dakhla, de huit accords de coopération et conventions. La session a été co-présidée par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue guinéen, Morissanda Kouyaté.
« Les signes envoyés par le régime (guinéen) sont des signes d’espoir et de confiance, et le Royaume du Maroc ne peut qu’apporter son soutien au Colonel Mamadi Doumbouya », a indiqué Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Des propos qui vont dans le contresens de la vision des dirigeants de la CEDEAO.
CEDEAO, une coopération limitée avec la Guinée
En effet, les chefs d’État de l’instance régionale ont déploré « une coopération très limitée de la part des autorités de transition » en Guinée. Mieux, ils somment la junte au pouvoir à mener « les processus de transition de manière transparente ». Non sans appeler au respect du calendrier. La CEDEAO a, en outre, invité les dirigeants guinéens à organiser des élections dans un délai de 24 mois.
Le Maroc, qui a pourtant insisté pour adhérer à la CEDEAO, voit et fait autrement. « Dans le cadre de la solidarité effective avec la Guinée, le Maroc est pleinement disposé à développer un partenariat efficace entre les secteurs public et privé qui sera mutuellement bénéfique aux deux pays et servira de modèle pour la coopération Sud-Sud en Afrique », a d’ailleurs déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Pourquoi le Maroc rame-t-il à contre-courant ?
La Guinée joue la carte du Sahara
La réponse coule de source. En effet, l’opportunité de la 7ème commission mixte entre le Maroc et la Guinée, tenue à Dakhla, ville du Sahara Occidental, a été mise à profit par Conakry. Les autorités guinéennes ont, en effet, réitéré leur appui à l’initiative du plan d’autonomie proposé par le Royaume. L’émissaire de Mamadi Doumbouya a renouvelé la confiance de son pays au « soutien à l’intégrité territoriale du Maroc ». Suffisant pour que Conakry séduise Rabat.
Cette séquence rappelle la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. En dépit du fait que Mohammed VI assure la présidence du Comité Al-AQods, chargé de défendre les intérêts des Palestiniens. L’intervention du Président américain d’alors, Donald Trump, avait su convaincre le souverain alaouite de se rapprocher de l’État Hébreu. Contre cette normalisation, Trump avait proposé la reconnaissance de la marocanité du Sahara. La Guinée sembla voir joué la même carte sahraouie.
Afrik-foot.com