Le Président Alpha Condé, coordinateur de l’énergie en Afrique et son homologue tchadien, Idriss Déby Itno, Président du Conseil d’administration de l’initiative pour les énergies renouvelables, ont lancé le mardi 11 juin 2019 à Conakry, les travaux du Forum des énergies renouvelables pour l’Afrique.
Premier du genre en Guinée, le Forum des énergies renouvelables pour l’Afrique a pour objectif de permettre aux décideurs de haut niveau, les partenaires techniques et financiers, les organisations internationales et la société civile, d’échanger leurs expériences sur la manière de relever le défi lié à l’énergie durable en Afrique. Une démarche qui est un facteur de développement et qui permettra à l’Afrique de sortir de la pauvreté.
L’Afrique est riche en ressources énergétiques mais a un très faible taux d’accès aux services énergétiques modernes. Environ 650 millions de personnes vivent aujourd’hui sans accès à l’électricité sur le continent et ce chiffre est susceptible de croître de manière importante compte tenu du doublement prévu de la population de l’Afrique d’ici 2050.
La production d’une énergie fiable, abordable et largement disponible est essentielle pour le développement du continent. L’accès à l’énergie est fondamental pour le développement humain et économique et pour la réalisation de l’Agenda 2030 et des Objectifs de développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et l’assainissement, la santé, l’éducation, la prospérité, la création d’emplois et la responsabilisation des jeunes et des femmes. Un virage vers des solutions énergétiques durables est également essentiel pour la réalisation de l’Accord de Paris sur le changement climatique. De nombreux gouvernements intensifient leurs efforts pour améliorer le cadre réglementaire et s’attaquer aux obstacles politiques qui freinent l’investissement dans le domaine de l’approvisionnement énergétique.
Pour relever les divers défis liés à l’énergie durable en Afrique, l’Initiative sur les énergies renouvelables (AREI) a été lancée en 2015 sous la coordination du Président Alpha Condé. L’AREI représente un effort significatif dirigé et pris en main par l’Afrique pour accélérer et augmenter la domestication de l’énorme potentiel en sources d’énergies renouvelable du continent.
Sous mandat de l’Union africaine et comme approuvé par le Comité des Chefs d’Etat et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC), l’initiative se donne pour objectif d’atteindre au moins 10 GW de capacité nouvelle et additionnelle de production de sources d’énergies renouvelables d’ici 2020, et de mobiliser le potentiel africain pour porter cette capacité à au moins 300 GW d’ici 2030.
Le directeur général de la Coopération et du Développement de l’Union européenne, Stefano Manservisi, dit avoir cru en cette initiative grâce au leadership du Président Alpha Condé. Pour M. Manservisi, l’Afrique a des ambitieux projets et beaucoup de partenaires et cela dénote que l’Afrique est un continent de protagonistes. Pour cela, il a indiqué qu’il est nécessaire que l’Union européenne ait une alliance avec l’Afrique pour développer les économies et créer l’emploi .
Poursuivant, il a souligné que le changement climatique est un défi que l’Afrique et son institution doivent relever et fournir de l’énergie renouvelable qui, selon lui, est moins cher et crée plus d’emplois.
D’après les estimations de ce dernier, les énergies renouvelables peuvent aller jusqu’à 60% de production du continent africain. Il a aussi indiqué qu’avec le plan mis en place, plus de 140 millions de populations peuvent bénéficier de l’électricité en un temps record. Pour lui, l’Afrique est en bonne voie dans son processus d’électrification et qu’il sera nécessaire de veiller à la bonne gestion de ses ressources énergétiques et investir dans les milieux ruraux pour permettre aux paysans d’avoir de l’électricité et créer de l’emploi.
Dans ce partenariat, M. Manservisi a rassuré que l’Afrique et l’UE sont en phase d’accélération et 3 milliards d’euros sont mobilisés. Et qu’il est question aussi d’orienter cette initiative vers le secteur privé. Il a également annoncé qu’il y a 8 projets pouvant mobiliser 8 milliards d’euros en faveur de cette initiative.
La vice-première ministre de la Namibie, Netumbo Nandi-Ndaitwah, a, quant à elle, mis l’accent sur l’importance des énergies renouvelables pour le développement de l’Afrique avant de saluer le partenariat entre le continent africain et l’Union européenne. Elle a développé les méfaits du changement climatique surtout en Afrique de l’Ouest où le désert avance et il faudrait y mettre fin. Selon elle, cette méthode ne doit plus continuer. La vice-première ministre namibienne a salué le leadership du Président Alpha Condé dans ce combat pour le développement de l’Afrique.
Le Président de la République du Tchad, SEM Idriss Déby Itno, Président du Conseil d’administration de l’Initiative des énergies renouvelables pour l’Afrique a remercié son homologue guinéen, le Président Alpha Condé, pour l’accueil et la parfaite organisation de ce forum. Le Président tchadien a réitéré sa détermination à poursuivre les engagements pris pour cette initiative. Pour lui, l’énergie est cruciale quand on sait que beaucoup d’Africains n’ont pas accès à cette ressource, qui n’est pas un luxe mais une nécessité et dans cette démarche, il faut avoir les moyens de ses ambitions. Il a précisé que dans son pays, 2% de la population n’ont pas accès à l’électricité. « Ce qui veut dire que le chemin à parcourir est long », dira-t-il. Pour le Président Déby, il s’agit d’atteindre 10 GW en 2020 et 300 GW d’ici 2030.
C’est pourquoi, il a invité tous les partenaires à contribuer pour éclairer l’Afrique. « Chaque pays africain a un projet d’électrification et j’invite les partenaires à s’engager fortement à réaliser leurs engagements conformément aux accords de la COP 21. Si les jeunes africains se déplacent pour mourir en Méditerranée, c’est qu’il y a manque de développement et tant que ce problème de développement n’est pas résolu l’immigration va continuer » a-t-il martelé. Le Président tchadien souhaite que les partenaires fassent de ce projet un objectif commun. Il a également ajouté que pour que le secteur privé soit encouragé à venir investir, il faut que les engagements soient respectés et qu’ils soient suivis d’effets.
Il a salué le combat du Président Alpha Condé pour l’électrification de l’Afrique, un combat qui doit être soutenu, d’où sa présence à Conakry. « L’Afrique a toutes les ressources pour être éclairée, et j’invite tous les partenaires à être aux côtés du continent dans le concret », précise-t-il. Le Président Déby a rappelé que l’Afrique est unie et la zone de libre échange est une réalité. Mais selon lui, aucun développement n’est possible sans l’électricité et l’ambition de l’Afrique est de permettre à la nouvelle génération d’avoir une vie meilleure.
Dans un bref discours, le Président Alpha Condé, coordinateur des énergies renouvelables pour l’Afrique, a remercié son homologue tchadien pour son rôle panafricain, un champion pour l’emploi des jeunes au niveau de l’Union africaine. Le Président Alpha Condé a fait remarquer que dans la lutte contre le terrorisme, le Tchad est champion compte tenu de sa position géographique. « L’Afrique a besoin d’’énergies renouvelables. Mais en attendant de réunir tous les moyens, nous faisons l’énergie mixte. Car, selon le Président Kagamé, il vaut mieux avoir une mauvaise énergie que pas du tout », a dit le Chef de l’Etat. Il a salué les différentes interventions qui expriment la convergence des points dans cette démarche pour les énergies renouvelables.
Il a enfin remercié tous les partenaires avant de souhaiter que le plaidoyer du Président tchadien soit entendu : « Jusqu’à présent nous ne sommes pas sûrs que les engagements seront respectés. C’est pourquoi, il faut parfois titiller les partenaires » a-t-il conclu.
Après l’ouverture de cette cérémonie qui se poursuivra jusqu’au 14 juin les deux Présidents ont eu un long tête-à-tête avant d’animer ensemble une conférence de presse. Nous y reviendrons.
BPP