En exil au Burkina Faso depuis janvier 2010, l’ex-chef de la junte Dadis Camara a tenté mercredi de rentrer à Conakry. Mais son avion n’a pas pu atterrir en Côte d’Ivoire où il devait faire escale avant de gagner la capitale guinéenne. Explications.
Si Moussa Dadis Camara se trouvait toujours mercredi 26 août en fin d’après-midi à Ouagadougou, il n’a jamais été aussi proche de rentrer à Conakry. Après un premier retour avorté il y a deux semaines, il a une nouvelle fois tenté sa chance, en catimini, cette fois.
C’est en effet sans l’autorisation des autorités ivoiriennes que l’ancien chef de la junte prend place à 8 heures 15 à bord d’un vol Air Burkina à destination d’Abidjan. Aucun vol direct ne reliant Ouagadougou et la capitale guinéenne, Dadis et sa délégation (son avocat Me Jean-Baptiste Haba et trois de ses proches) comptaient y prendre un vol de la compagnie Air Côte d’Ivoire pour Conakry à 12h10.
Mais « dix minutes avant d’atteindre Abidjan, le commandant de bord nous annonce qu’il n’a pas reçu l’autorisation d’atterrir et que l’avion doit être dérouté à Accra », raconte Me Jean-Baptiste Haba, joint à Ouagadougou, qui affirme que le même commandant lui aurait déclaré « qu’Abidjan a refusé que le vol se pose à la demande de la Guinée ».
Retour à la case départ
Sur le tarmac de l’aéroport d’Accra, où le vol Air Burkina se pose à 10 heures, les autorités ghanéennes laissent les passagers descendre de l’avion. Seuls Dadis, son avocat et ses trois proches sont bloqués à l’intérieur. Après avoir contrôlé leurs identités, la police leur indique qu’ils doivent regagner Ouagadougou.
« Depuis quand un citoyen de la Cedeao a besoin d’une autorisation pour circuler dans cette zone, s’énerve Me Haba. On ne peut pas empêcher Dadis de rentrer en Guinée. »
Kafando et Zida informés ?
L’avocat de l’ancien chef de la junte, au pouvoir de décembre 2008 à janvier 2010, assure que le président burkinabè Michel Kafando a été informé de son départ par l’intermédiaire de son directeur de cabinet. Et Dadis Camara en aurait lui-même fait part au Premier ministre Isaac Zida lors d’une entrevue entre les deux hommes le 25 août à Ouagadougou.
Le fils de la Guinée forestière a annoncé sa candidature à la présidentielle guinéenne le 11 mai dernier. Il a été inculpé le 9 juillet par la justice guinéenne pour complicité d’assassinats, séquestration et viols, lors du massacre du 28 septembre 2009.
JA