Au lendemain d’un scrutin présidentiel marqué par des violences, sur fond d’instrumentalisation politique des appartenances ethniques, le mouvement « Guinée avant tout » propose d’instaurer le bipartisme. Mais l’idée a ses détracteurs.
Le 3 avril 1984, lorsqu’il prend le pouvoir après 26 ans de parti unique sous Ahmed Sékou Touré, le colonel Lansana Conté est un partisan déclaré du bipartisme. Mais sept ans plus tard, le militaire cède au vent de la démocratie qui souffle sur le continent au lendemain de la conférence de la Baule et, sous la pression de l’opposition, une Constitution consacrant le multipartisme intégral est adoptée, le 23 décembre 1991.
En 1993, le pays tient sa première présidentielle ouverte, remportée par Lansana Conté, qui se maintiendra au pouvoir jusqu’à sa mort, en décembre 2008. « Lansana Conté était inspiré par l’exemple nigérian qui avait décidé dans les années 1980 d’aller à un bipartisme, se souvient Bah Oury qui comptait à l’époque parmi les opposants au régime. Nous, au contraire, nous estimions que deux partis ne pouvaient pas refléter la diversité d’opinions. Cela aurait signifié la naissance d’une oligarchie politique, au détriment de l’écrasante majorité de la population ».
Dépasser le bras de fer RPG-UFDG
Mais 30 ans après, et plus encore après l’épisode des violences électorales qui ont marqué le scrutin présidentielle du 18 octobre, certaines voix s’élèvent pour promouvoir l’instauration du bipartisme. L’argument de ses partisans ? Ce système permettrait d’en finir avec l’affrontement que se livrent Malinkés et Peuls, les deux ethnies majoritaires dans le pays, à travers le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel, d’Alpha Condé), réputé majoritairement malinké, et l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, de Cellou Dallein Diallo), considéré comme essentiellement peul.
JA