La récente détention d’Ousmane Gaoual Diallo va t-elle impacté son engagement politique ? Qu’est-ce qui a prévalu à la libération de ce député de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée ? Après sa libération, Ousmane Gaoual Diallo s’est confié en exclusivité à notre rédaction…
Vous venez de bénéficier d’une liberté provisoire après trois jours de garde à vue. Que pouvez-vous dire par rapport à votre détention ?
Je pense que ce n’est pas important. Les hommes de droit, les journalistes se sont suffisamment expliqués pour montrer l’incongruité de la procédure et les défaillances que cela a causées. Pour moi l’essentiel était ailleurs.
C’était quoi l’essentiel selon vous ?
Pour moi, l’essentiel est que la société guinéenne a pu mesurer les risques d’une escalade verbale. Les risques que cela faisait courir à la stabilité de notre pays. Je pense que les acteurs politiques aussi étaient tout à coup, par l’implication de la presse, par le fait que cela a fait une controverse nationale, a suscité l’émoi dans l’opinion publique, je pense que ça a dû interpeler la responsabilité de tous les acteurs politiques quant à la nécessité d’avoir un discours plus apaisé, plus responsable et mieux structuré. La stigmatisation, les discours va-t-en-guerre, les discours d’accusations fantaisistes doivent cesser pour permettre à la Guinée d’avoir un débat plus responsable.
Maintenant, nous n’oublions pas que dans ce pays, il y a ceux qu’on appelle les businessmans de la crise. Il y a un certain nombre d’acteurs politiques qui n’ont leur place dans le débat, dans la société guinéenne, sauf lorsqu’il y a des crises. C’est par ça qu’ils mobilisent des ressources, ils donnent de la voix, c’est par ça qu’ils montrent qu’ils sont indispensables pour leurs formations politiques respectives. Je pense qu’aujourd’hui, nous allons faire en sorte que ces gens-là ne trouvent plus de place dans le débat politique parce qu’il faut poser le débat de façon responsable, non pas pour exacerber les tensions, mais pour apporter des solutions aux besoins des populations.
L’année dernière à la même période, à la suite d’un fait divers, vous aviez eu maille avec la justice. Peut-on parler d’acharnement de la Justice contre vous d’autant que les propos dont vous reproche ont été tenus dans la foulée d’une escalade verbale venant de tous les bords ?
Je ne suis pas à l’origine de cette escalade verbale. Je n’ai fait qu’une réponse à ceux qui avaient outrageusement, accusé, attaqué, vilipendé l’opposition à laquelle j’appartiens. Maintenant, c’est vrai qu’on n’écarte pas qu’il y a au sein du système judiciaire guinéen un certain nombre d’acteurs qui rêvent de voir Ousmane Gaoual derrière les barreaux, qui s’activent pour ça. Mais pour moi, être derrière les barreaux, n’est pas important en soit. Ce qui est important pour moi, c’est que ce pays retrouve sa dignité dans le rapport que nous avons avec la loi. Les guinéens doivent, du président de la République à n’importe quel citoyen, chacun doit se rendre comme obligation de se conformer aux dispositions de la loi. C’est comme ça qu’on bâti une démocratie. C’est comme ça qu’on bâti un pays. Il faut que chaque acteur se dise qu’il y a des lois qui balisent ses activités, son comportement, qui limitent ses possibilités dans la société. C’est comme ça qu’on régule les rapports humains. Si cette leçon est comprise, si chacun s’astreint de respecter la loi, quelque part je me dis que cette controverse aura produit un effet miraculeux à la société guinéenne. Parce qu’on a tous intérêt.
Est-ce que cet épisode ne va pas influencer sur votre engagement Politique ?
Non pas du tout ! La seule chose qui pourrait infléchir ma position, c’est si on commence à agir en respectant la loi. Parce que la défense de la loi, la défense de la constitution sont au cœur de mes ambitions politiques, au cœur de mon combat. Il faut que chaque acteur se donne ça comme objectif. Autrement, on est dans l’obligation de dénoncer toutes ces turpitudes, tous ces comportements déviant par rapport aux dispositions de nos lois et de la constitution. Et donc, pour ça, je ne pense pas que ces comportements souvent un peu cavaliers, peuvent influer sur mon engagement politique. non. Je pense que si par contre les adversaires d’en face, tirent la leçon et agissent avec beaucoup plus de responsabilité conformément à la loi, il n’y a pas de raison que notre position ne puisse pas changer parce que notre engagement, c’est de bâtir une société de Justice, une société d’harmonie dans laquelle la loi est le référentiel pour réguler nos relations dans le pays. C’est ça qui est fondamental.
Votre libération provisoire fait encore couler beaucoup d’encre. D’aucuns estiment qu’elle a été négociée et qu’il y aurait même eu un marchandage entre l’UFDG et le RPG arc en ciel. Qu’en dites-vous ?
Encore une fois, je ne suis pas dans les secrets des anges. Je n’en sais absolument rien du tout. Je suis en liberté conditionnelle parce que le procès n’a pas encore lieu. Mais l’important pour moi, que ce soit l’objet de la négociation, que ce soit l’objet de quelques marchandages que ce soit, si la leçon tirée est de rappeler à chaque acteur par rapport à ses responsabilités devant la loi, on aura gagné quelque chose. Parce que la Guinée souffre de déficit de référentiel par rapport à l’utilisation de la Loi. Donc quel que soit le mode utilisé, il faut que les acteurs politiques réalisent qu’ils ne peuvent pas dire tout, n’importe quoi et n’importe où. C’est ce qui est important.
Regrettez-vous votre sortie qui a suscité la controverse ?
Ecoutez ! Si cette sortie n’avait pas eu lieu, cette discussion n’aurait pas de sens, même entre nous. La société guinéenne a pu poser le débat, elle a pu discuter, et a pu se rendre compte du danger qu’il n’y a pas, à continuer à exacerber les tensions dans une société déjà très fragile. Il faut que chacun en toute responsabilité agisse et prenne conscience sur les risques qu’on fait courir à notre société, à la stabilité et à la paix. L’UFDG, l’Opposition, nous ne pouvons exceller que dans une société où il y a la paix où c’est la loi qui est le référentiel. Nous sommes demandeurs de cette forme de société, c’est pour ça que nous voulons pousser les acteurs d’en face à regarder la loi, à agir et à oublier le mépris, les stigmatisations, les injures et que chacun d’entre nous se réfère à la loi pour poser les bases de ses actions politiques.
Un dernier message ?
C’est de dire que cette controverse, aussi présente qu’elle soit, elle a permis à la Guinée de se regarder dans un miroir et de dire qu’il y a risque dans la demeure, risque de mettre notre société déjà fragiliser en péril.
Je profite de l’occasion pour remercier l’ensemble des acteurs de la démocratie, ceux qui ont le souci de faire de la Guinée un pays de Droit avec une justice impartiale. Je remercie tous ces acteurs qui se sont mobilisés dans la rue, dans les médias, sur les réseaux sociaux, partout pour faire en sorte que force reste à la loi. Je les remercie de leur engagement. Et je dis encore une fois que ce n’est qu’un début. La Guinée, il faut qu’on continue à se donner les mains pour pousser chaque acteur à regarder la loi avant d’agir.
Honorable Gaoual Diallo merci
Je vous en prie.
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