Le président guinéen Alpha Condé a rejeté tout changement de date de l’élection présidentielle, ce mercredi 22 avril à Paris, à l’issue d’un entretien avec François Hollande. L’opposition a manifesté à plusieurs reprises ces derniers jours et appelle de nouveau à défiler aujourd’hui, pour obtenir une modification du calendrier électoral qui renvoie les élections locales à 2016, après la présidentielle fixée à octobre 2015.
A Paris, le chef de l’Etat, élu en 2010, a réaffirmé que la présidentielle en Guinée se tiendrait en octobre, à l’échéance fixée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), excluant implicitement l’organisation du scrutin local auparavant, comme le demande l’opposition.
L’opposition craint en effet que les exécutifs communaux provisoires désignés par le pouvoir – faute de scrutin à cet échelon depuis 2005 – ne favorisent des fraudes massives à la présidentielle, si ce calendrier électoral est maintenu. Selon le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé ne veut pas d’un scrutin local par crainte d’une défaite qui jetterait le doute sur sa réélection. « Il faut supprimer le calendrier de la discorde si l’on veut un dialogue crédible », a réaffirmé l’opposant guinéen, le 14 avril dernier.
« Le gouvernement est ouvert au dialogue »
Mais Alpha Condé, à l’issue d’un entretien avec son homologue français François Hollande, a, lui, réitéré ses propos tenus la semaine dernière à Washington. Des propos qui avaient remis de l’huile sur le feu, fragilisant les perspectives de négociation avec l’opposition, même s’il a affirmé hier que le dialogue était toujours possible.
« Le gouvernement est ouvert au dialogue, nous, nous n’avons jamais fermé le dialogue. Ça dépend, un dialogue sur quoi. Nous nous sommes mis d’accord avec l’opposition sur le choix d’un opérateur par appel, sur ce que nous avons fait. Il n’y a jamais eu de discussion sur les locales. », a-t-il d’abord déclaré à RFI, avant de réaffirmer sa position.
« Par contre, évidemment, la condition guinéenne impose que les élections, les présidentielles, aient lieu à une date précise, sinon il n’y a plus de pouvoir. Nous, nous voulons une Céni technique et c’est eux qui ont demandé une Céni politique. La Céni est élue pour sept ans. Une fois qu’ils ont prêté serment, ils sont engagés par leur serment. Donc nous, nous sommes ouverts. Mais quand des manifestations consistent à lancer des pierres contre les gendarmes, nous faisons tout pour qu’il y ait un maintien de l’ordre républicain. »
Dimanche, une délégation gouvernementale s’est rendue chez Cellou Dallein Diallo, candidat malheureux au second tour en 2010, pour tenter de renouer le dialogue. Mais à l’issue de cette rencontre l’opposition n’a pas suspendu ses manifestations.
Après une journée « ville morte » à Conakry au début du mois, puis des manifestations non autorisées la semaine dernière et en début de semaine dans la capitale, l’opposition tente d’étendre sa contestation à l’ensemble du territoire. Elle a notamment appelé à manifester dans tout le pays aujourd’hui.
rfi