Plusieurs personnes ont été arrêtées ces onze derniers jours en Gambie lors d’une opération visant les homosexuels, a annoncé mardi l’ONG de défense des droits humains Amnesty International, accusant les autorités gambiennes de les torturer et réclamant leur libération.
« Depuis le 7 novembre, l’Agence nationale du renseignement (NIA) et la garde présidentielle du pays mènent une opération homophobe ayant conduit à l’arrestation de cinq hommes, dont un garçon de 17 ans, et de trois femmes », affirme dans un communiqué le bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basé à Dakar.
Selon cette ONG, les trois femmes ont ensuite été libérées le 13 novembre, mais elles demeurent sous le coup d’enquêtes. La NIA leur a confisqué leurs pièces d’identité et leur a demandé de ne pas quitter le pays. Les cinq hommes restaient détenus au secret, sans accès à un avocat, au mépris des dispositions légales.
Sollicitées par l’AFP, les autorités gambiennes se sont refusées à toute déclaration. Selon Amnesty International, tous les détenus ont été conduits au siège de la NIA à Banjul, la capitale, où il leur a été signifié qu’ils étaient sous le coup d’enquêtes pour « homosexualité » mais aucun d’eux n’a été formellement inculpé.
« Ils subissent des tortures et mauvais traitements pour les forcer à avouer leurs prétendus ‘crimes’ et à donner des informations sur d’autres présumés gay et lesbiennes », indique Amnesty.
Ils sont frappés ou menacés d’être violés avec des objets pour « vérifier » leur orientation sexuelle, d’après l’ONG, qui les considère « comme des prisonniers d’opinion » et estime qu’ »ils doivent être libérés immédiatement et sans conditions ».
Comme dans la plupart des pays d’Afrique, l’homosexualité est interdite en Gambie, où elle est passible de 14 ans de prison, en dépit des appels de la communauté internationale au respect des droits des homosexuels.
En août, l’Assemblée nationale gambienne a voté une loi durcissant la répression contre l’homosexualité. Selon des ONG de défense des droits humains, c’est un texte rédigé en termes vagues qui pourrait permettre de condamner à la prison à vie des personnes séropositives ou vivant ouvertement leur homosexualité.