Le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies sur la prévention du génocide a condamné le discours incendiaire du Président Yahya Jammeh lors d’un meeting, le 3 juin dernier à Tallinding. Au cours de ce rassemblement politique, le chef de l’Etat gambien a fait référence aux Manding comme étant des «ennemis, étrangers». Et pire, Jammeh qui voit la trahison et le complot partout, a même menacé de les tuer un par un et de garder leurs corps là « où même une mouche ne pourra pas les voir. »
«Je suis profondément alarmé par la stigmatisation publique, la déshumanisation et les menaces du Président Jammeh contre les Mandinka », a affirmé d’emblée Adama Dieng, dans une déclaration publiée sur le site de l’ONU.
Et d’ajouter : « Les déclarations publiques de cette nature par un chef d’Etat sont irresponsables et extrêmement dangereuses. Elles peuvent contribuer à la division des populations, à nourrir la suspicion et servir à inciter à la violence contre les communautés, basée uniquement sur leur identité » .
Adama Dieng, Conseiller spécial sur la prévention du génocide
Particulièrement consterné et préoccupé par la « rhétorique de violence» de Yahya Jammeh, M. Dieng souligne que l’histoire a démontré que le discours de haine peut déclencher les pires crimes. « Nous avons vu, au Rwanda, en Bosnie, et plus récemment au Moyen-Orient, comment l’incitation à la violence a conduit à des massacres…», souligne le conseiller spécial de Ban Ki-moon.
Rappelant que les États ont la responsabilité de protéger leurs populations et qu’en 2005, tous les chefs d’État et de gouvernement ont reconnu la responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, ainsi que leur incitation, il appelle le «Babili mansa» de la Gambie à se ressaisir.
Il a rappelé au Président Jammeh que tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par le droit international des droits de l’homme ainsi que dans la législation nationale.
« Je demande instamment au Président de la Gambie pour assumer cette responsabilité, et veiller à ce que les droits de toutes les populations de la Gambie soient respectés, indépendamment de leur appartenance ethnique ou leur affiliation politique », a conclu le conseiller spécial.
Avec Jotay.net