La 17ème Session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a ouvert ses travaux mercredi, 17 mai 2017, à Conakry, en République de Guinée.
A l’occasion, le président de la République de Guinée, Pr Alpha Condé, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OMVS, s’adressant à ses homologues et frères dans son discours bilan, a rappelé que les pays membres de cette organisation sous-régionale sont d’abord unis par l’eau qui, naturellement est tributaire du changement climatique.
Selon lui, «la raison d’être de l’OMVS, c’est de bâtir le développement et l’intégration autour de l’eau. L’eau pour la navigation, l’eau pour l’énergie propre et l’eau pour la sécurité alimentaire et l’alimentation des populations et des animaux. Et pour renforcer notre attachement au climat et à la pérennisation de la ressource, nous avions instruit le Haut-Commissariat de l’OMVS à mettre en place un mécanisme de protection des écosystèmes de la source du fleuve, par la création d’un Observatoire de l’Environnement du Massif du Fouta Djallon».
Nous vous proposons le contenu de son discours, dont copies a été transmise à la Rédaction de l’AGP par le Bureau de presse de la Présidence de la République (BPP) :
«C’est avec un honneur renouvelé que je me retrouve avec vous pour vous souhaiter la bienvenue ce matin à Conakry, en terre OMVS de Guinée.
Nous voici réunis pour faire le point de l’état d’avancement des activités de notre Organisation Commune, l’OMVS.
En mars 2015, mes chers frères Ibrahima Boubacar KEITA du Mali, Mohamed Abdel AZIZ de la Mauritanie et Macky SALL du Sénégal, m’avaient fait l’honneur de présider aux destinées de l’OMVS. Tout en vous remerciant de cette confiance, je voudrais à mon tour, vous faire le bilan de l’état d’avancement de nos activités depuis cette date.
En 2015, nous avions tenu la Conférence à quelques mois de la grande réunion de Paris, consacrée au Changement climatique. Nous avions fait une Déclaration, invitant les Etats membres de l’OMVS à soutenir le sommet de Paris et à davantage intégrer cette dimension nouvelle dans les projets et programmes.
C’est parce que, dans le cadre de l’OMVS, nous sommes d’abord unis par l’eau qui, naturellement est tributaire du changement climatique. La raison d’être de l’OMVS, c’est de bâtir le développement et l’intégration autour de l’eau. L’eau pour la navigation, l’eau pour l’énergie propre et l’eau pour la sécurité alimentaire et l’alimentation des populations et des animaux.
Et pour renforcer notre attachement au climat et à la pérennisation de la ressource, nous avions instruit le Haut-commissariat de l’OMVS à mettre en place un mécanisme de protection des écosystèmes de la source du fleuve, par la création d’un Observatoire de l’Environnement du Massif du Fouta Djallon.
En 2015, nous avions insisté sur l’impérieuse nécessité de mettre en œuvre le Système Intégré de Transport Multimodal (SITRAM). Et dans ce cadre, la priorité a toujours été la navigation entre la ville de Saint Louis au Sénégal et Ambidédi au Mali. En plus de l’aménagement du cours d’eau, des ports et escales portuaires sont aussi à aménager. La finalité est de faire du fleuve, une zone de forte circulation des personnes et des biens.
Les études qui devaient être complétées ou actualisées ont été menées, pour l’essentiel, pendant ces deux dernières années.
Il faut ainsi noter, qu’en ce qui concerne le port fluviomaritime et le chenal navigable, les rapports d’investigation de terrain, de topographie, de bathymétrie, des sondages géotechniques, d’inspections subaquatiques et d’aménagement du chenal ont été adoptés.
Les Etudes d’Impact Environnementales et Sociales infrastructures portuaires et de l’aménagement du chenal, l’étude de réhabilitation et de modernisation de l’écluse de Diama et celle de faisabilité économique sont entamées. C’est surtout avec l’appui de la Banque Mondiale, à travers le Projet de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PGIRE) que nous avons réussi à mener tant d’études. Les Pays Bas ont aussi contribué à ce volet Etudes du projet.
Pour accélérer la réalisation du Projet Navigation, l’OMVS a eu recours aux financements innovants. C’est dans ce cadre qu’un Protocole a été signé avec le partenaire stratégique indien soutenu avec EXIMBANK Inde, pour mobiliser le financement nécessaire à cet important projet.
Une nouvelle feuille de route vient d’être adoptée par le Conseil des ministres en sa 69ème session ordinaire tenue à Dakar. Nous comptons sur la mise en œuvre diligente de celle-ci, dont l’objectif est d’accélérer la mise en œuvre de la navigation. C’est pour moi l’occasion de vous remercier pour les appuis apportés à ce secteur stratégique de notre programme de développement communautaire.
L’énergie a toujours été un secteur dynamique, qui a fait l’objet des premiers investissements, avec le barrage hydroélectrique de Manantali.
En 2015, nous étions encore dubitatifs sur le déroulement normal des travaux de Gouina. De nombreux obstacles, non moins complexes, en constituaient le frein.
En plus des volets administratifs liés au mécanisme financement avec la satisfaction des conditions préalables au premier décaissement, nous étions aussi confrontés au choix de la Banque pour le Compte Domiciliataire, au recrutement de l’Ingénieur Conseil et à la mise en place d’un mécanisme de gouvernance consensuel. Tous ces problèmes sont maintenant résolus.
Les travaux ont démarré, tant pour la composante barrage que pour celle du Plan d’Action de Réinstallation, marquée par les constructions des maisons et équipements collectifs des Populations à déplacer.
Nous remercions le gouvernement malien pour les diligences apportées à la délivrance des actes administratifs, tels que la déclaration d’utilité publique et le déclassement de forêt classée.
De 2013 à 2014, notre Organisation menait une série d’intenses discussions avec Eskom Energie Manantali (EEM-sa), l’Opérateur de Manantali et Félou. Malgré de nombreux compromis proposés, les différentes concessions et médiations faites et l’implication des Présidents Zuma et Macky Sall, la rupture avec, Eskom Energie Manantali (EEM-sa) a été constatée le 30 juin 2014. Notre Organisation a pris ses responsabilités en mettant en place, le 1er juillet 2014, une structure de substitution dénommée « Société d’Exploitation de Manantali et Félou » (SEMAF-SA), qui est une filiale de la SOGEM.
Conformément à nos accords avec les partenaires financiers, nous allons procéder au recrutement du Directeur Général de la SEMAF-SA., d’une firme technique devant assister la SEMAF, et à la mise en place du contrat d’exploitation.
Prévue pour une durée de 4 ans, SEMAF SA a démontré notre capacité de gérer le patrimoine de l’Organisation. C’est un grand pas dans notre marche vers le progrès.
Pendant la période 2013-2017, se résolvait progressivement la lancinante question de panne des groupes du barrage de Manantali. Les travaux de réparation se poursuivent normalement et vont s’achever en 2018, dans le cadre d’un programme dénommé Manantali.
Ce programme d’envergure a été mis en place dans le souci de préserver le patrimoine existant et de valoriser l’énergie qui sera produite par le barrage hydroélectrique de Gouina. Il consiste en la réhabilitation du Patrimoine existant, tel que défini dans le plan technique décennal 2013-2022 et le développement du Réseau Interconnecté de Manantali (RIMA) pour desservir de nouvelles zones, notamment les zones minières au Mali et au Sénégal, les zones agro industrielles du Sénégal et de la Mauritanie.
Le programme a reçu l’adhésion de différents partenaires, qui ont pris des engagements de financer une partie des lignes de transport de l’énergie. C’est ainsi que la Banque Mondiale s’est engagée pour la ligne Kayes-Tambacounda (Sénégal) et l’Agence Française de Développement pour la ligne Manantali-Kita-Bamako (Mali). Les démarches se poursuivent pour l’obtention du financement de la ligne Kayes-Tintane-Kiffa.
En plus de la réhabilitation du patrimoine et du renforcement du réseau de distribution, le Projet Manantali 2 va renforcer notre capacité d’interconnexion avec d’autres zones de production et de consommation d’électricité et de consommation.
Dans l’optique d’accélérer le développement du Barrage de Koukoutamba le schéma de financement de l’ouvrage a été revu. Alors que tous nos ouvrages ont été financés suivant le même schéma d’endettement classique, nous avons réussi à intéresser les entreprises soumissionnaires pour la réalisation du Projet sur le Mode «Clef en Main avec Apport de Financement». Les études ont été actualisées sur cette base. Nous sommes dans la dernière phase d’évaluation des dossiers Offres reçues. Si tout se déroule bien, Koukoutamba sera le premier grand ouvrage de l’OMVS édifié sur le sol guinéen. Tout un symbole de maturité et d’intégration.
Il convient de signaler que cet ouvrage est situé dans une zone de haute diversité biologique, grand sanctuaire des chimpanzés sauvages rares en Afrique et dans le monde. Dans ce cadre, nous travaillons avec toutes les parties concernées, y compris la Banque Mondiale pour que la construction des ouvrages se fasse en harmonie avec la préservation des écosystèmes de la zone. J’ai personnellement écrit à la Banque Mondiale et donné des instructions à mon chef de gouvernement, pour mettre sur pied un Comité Interministériel pour une bonne gestion de la question environnementale. La démarche en cours conduira à la sauvegarde de ces espèces protégées, sans compromettre la réalisation des ouvrages (Koukoutamba, Boureya, Balassa) prévus dans la zone.
Ces barrages seront gérés par la Société de Gestion des Ouvrages du Haut Bassin en Guinée (SOGEOH), que nous venons de créer, physiquement en tant qu’entité de l’OMVS en Guinée. Tout un symbole d’intégration avec ce maillage marqué par le Haut Commissariat à Dakar, la SOGEM à Bamako, la SOGED et la SOGENAV à Nouakchott et la SOGEOH à Conakry. C’est l’intégration en marche.
Pour le barrage de Gourbassi, en plus de l’accord de principe de l’Agence Française de Développement (AFD), nous comptons toujours sur l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD) qui l’a inscrit dans le Programme Prioritaire de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA).
Notre Organisation s’est toujours engagée dans la voie de la sécurité alimentaire pour ses Etats membres. Ces deux dernières années, nous avons lancé l’actualisation du Plan d’Action Régional pour l’Amélioration des Cultures Irriguées (PARACI). Nous l’avons fait dans l’esprit d’intégrer, dans ce document, les nouvelles orientations de nos Etats respectifs et les nouveaux programmes liés à la question de la sécurité alimentaire. Avant la fin de cette année, nous espérons avoir de nouveaux programmes issus des engagements des partenaires que nous allons convier à une table ronde dans le courant du second semestre 2017.
Avec l’appui de la FAO, un programme cadre complémentaire est en cours d’exécution. Il aboutira à un document d’investissement dont l’élaboration sera achevée en fin 2018.
Dans le cadre de la seconde phase du Projet de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PGIRE), nous renforçons nos Agences Nationales dédiées au secteur : Direction Nationale du Génie Rural en Guinée, Agence de Développement Rural du Bassin du Fleuve Sénégal (ADRS) au Mali, Société Nationale d’Aménagement Rural (SAED) en Mauritanie et Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta (Sénégal). Tous les appuis du PGIRE 2 vont se matérialiser à travers le financement de programmes nationaux jugés prioritaires, et à fort impact sur la sécurité alimentaire.
Avec le même projet, nous apportons un appui quasi similaire aux Directions Nationales des Pêches continentales pour mieux développer la production halieutique, tout en renforçant les équipements et le niveau d’organisation du secteur de la pêche continentale.
Comme je l’avais évoqué, notre environnement est fortement tributaire des impacts du changement climatique. Nous avions fait une Déclaration solennelle de soutien à la COP 21. Fort heureusement, nous avons tous signé les accords de Paris sur le climat.
En 2015, nous avions aussi instruit le Haut Commissariat à mettre en place l’Observatoire de l’Environnement du Massif du Fouta Djallon. Au sujet de cette question, je me suis investi, en ma double qualité de Président en Exercice de l’Union Africaine et de Président en Exercice de notre Organisation pour accélérer le transfert du programme de l’Union Africaine à la CEDEAO. L’objectif étant de répondre à l’esprit de notre résolution qui inscrit ce projet dans un cadre d’intégration, entre l’OMVS et la CEDEAO.
Pour faire face aux nombreux problèmes liés à la prolifération du typha, plante aquatique nuisible proliférant dans le delta, nous avons développé des programmes de lutte pour la maîtrise de la plante.
Pour baliser notre voie dans le domaine environnemental, nous nous sommes récemment dotés d’un nouveau «Plan d’Action Environnemental Stratégique (PAS) pour l’horizon 2025».
En vue d’affiner notre méthode de planification, nous sommes en train d’évaluer le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion (SDAGE) qui sera actualisé.
Notre partenariat s’est à la fois consolidé et diversifié. L’OMVS a été reconnue à l’international, comme meilleur organisme de bassin dans le monde. L’engagement exemplaire de notre organisation dans le dialogue du NEXUS et de la paix pour l’eau est ainsi fortement magnifié.
C’est là une consécration exceptionnelle pour laquelle vous me permettrez d’adresser nos chaleureuses félicitations à notre Conseil des ministres, au Haut-commissaire de l’OMVS et à toute son équipe.
Je voudrais profiter de cette heureuse opportunité pour remercier notre frère et ami, le Président Macky Sall, pour avoir justement magnifié l’exemple de notre Organisation au Conseil de Sécurité des Nations Unies en juin dernier et pour avoir initié la prise de conscience à ce niveau pour que les cours d’eau transfrontaliers soient considérés comme facteur de paix et de coopération à l’image du fleuve Sénégal.
Je voudrais porter à votre connaissance que parallèlement aux activités en cours, l’Organisation, avec le soutien bienveillant du Conseil des Ministres, a engagé des études pour moderniser son fonctionnement, mettre en place un système de financement autonome et préparer un programme ambitieux d’adaptation du Bassin du Fleuve aux changements climatiques.
Dans la même dynamique, conscient des capacités d’endettement de nos états, une opportune réflexion est en cours pour pouvoir accéléré la réalisation de certains de nos ouvrages structurants en mode PPP.
Nous avons réalisé de bonnes actions, entamé de grands programmes, conçu d’imposants projets. Nous sommes assurés qu’avec l’élan en cours, nous sommes convaincus que les conditions sont en voie d’être réunies pour aménager tous nos sites de barrages hydroélectriques, naviguer en temps plein sur le fleuve, aménager et exploiter tout le potentiel cultivable et protéger l’environnement.
La crédibilité de notre Organisation et le soutien sans faille des plus Hautes Autorités que nous sommes, constituent un gage certain de succès.
Avant de terminer, vous me permettrez d’adresser, en notre nom à tous, nos vives félicitations à notre Conseil des ministres, au Haut-commissaire et à l’ensemble du système OMVS pour avoir œuvré de manière louable à la réputation et à la crédibilité de notre Organisation.
A vous mes chers frères et amis président Ibrahim Boubacar Keita, Président Mahmoud Abel Aziz, et président Macky Sall, j’adresse la grande reconnaissance du peuple de Guinée et des populations de l’OMVS pour avoir continué et renforcé la voie de la coopération fraternelle et pacifique tracée par nos illustres devanciers.
Nous nous devons tous de poursuivre cette noble ambition au profit du bien-être de nos peuples car, pour paraphraser Mandela, on peut aller vite en allant seul, mais on est plus sûr d’aller loin quand on chemine ensemble.
Vive l’OMVS
Vive l’Entente et la Coopération entre les Peuples du Mali, de la Mauritanie du Sénégal et de la Guinée.
Je vous remercie».