Le premier tour de la primaire de la droite a livré son verdict ce dimanche : l’ancien Premier ministre François Fillon est arrivé largement en tête, devant Alain Juppé, son adversaire au second tour dimanche prochain. Nicolas Sarkozy est éliminé et a annoncé son retrait de la vie politique.
Revenu du fin fond des sondages, l’ex-Premier ministre a recueilli un score de 44,1%. Il devance de loin le favori Alain Juppé (28,6%) et, surtout, Nicolas Sarkozy, qui ne recueille que 20,6%, selon les derniers chiffres fournis par l’entité organisatrice du scrutin, lundi 21 novembre, portant sur plus de 3,9 millions de votants et 9 352 des 10 229 bureaux de vote.
Loin derrière suivent Nathalie Kosciusko-Morizet (2,5%) − elle a annoncé rallier Alain Juppé − Bruno Le Maire (2,4%), qui a appelé à voter pour François Fillon, puis Jean-Frédéric Poisson (1,4%) et Jean-François Copé (0,3%), encore non alignés.
Arrivé en tête dans 87 départements alors qu’il a longtemps été placé en quatrième position dans la plupart des enquêtes d’opinion, François Fillon prend une éclatante revanche. Ce dimanche 20 novembre, il parlait d’une « vague », d’une « dynamique puissante enclenchée ». « Ma campagne va encore s’accélérer », a-t-il assuré.
La retraite de Nicolas Sarkozy
François Fillon a néanmoins eu « une pensée particulière » pour Nicolas Sarkozy qui, arrivé en troisième position, a immédiatement apporté son soutien à son ancien Premier ministre. L’ancien chef de l’État avait pourtant recalé François Fillon au rang de « collaborateur » après l’avoir nommé à Matignon en 2007.
Éliminé dès le premier tour d’un scrutin organisé par son propre parti − il en avait reconquis la présidence en 2014 − Nicolas Sarkozy a surtout annoncé à mots couverts son retrait de la vie politique : « Il est temps pour moi maintenant d’aborder une vie avec moins de passions publiques et plus de passions privées. »
L’ancien Président a également demandé à ses électeurs de « ne jamais emprunter la voie des extrêmes » pour la présidentielle 2017, ciblant le Front national de Marine Le Pen.
La mauvaise posture d’Alain Juppé
Malgré ce retard très conséquent, « j’ai décidé de continuer le combat », un « combat projet contre projet », a affirmé Alain Juppé, confronté à la surprise générale à l’hypothèse de renoncer à un second tour. Longtemps donné largement en tête par tous les instituts de sondage, le maire de Bordeaux ne se qualifie finalement qu’en distançant Nicolas Sarkozy d’environ 300 000 voix.
Un sondage Opinionway diffusé mardi 15 novembre donnait François Fillon vainqueur à 54% face à Alain Juppé (46%) en cas de duel au second tour. Un autre, réalisé par Ifop Fiducial et diffusé jeudi 17 novembre, donnait les deux concurrents à égalité (50-50). Mais l’ampleur de la victoire de François Fillon laisse à penser que la dynamique est de son côté.
François Fillon pourrait en outre bénéficier du ralliement des partisans de Nicolas Sarkozy et de Bruno Le Maire, tandis qu’Alain Juppé n’est pour le moment soutenu que par Nathalie Kosciusko-Morizet.
Un duel « projet contre projet »
Les soutiens juppéistes commencent déjà à décocher leurs flèches. « Je suis frappé par les incohérences du projet économique de François Fillon, inquiet de ses orientations diplomatiques. Sa proximité avec Poutine est contraire aux intérêts de la France et à ceux des chrétiens d’Orient », a par exemple lâché le député Hervé Mariton.
Le camp Juppé compte ainsi batailler contre un projet « très conservateur », y compris au niveau sociétal. Autre angle d’attaque à prévoir : l’objectif revendiqué de François Fillon de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires au cours du prochain quinquennat. « Le programme le moins crédible », cinglait la semaine dernière Alain Juppé.
François Fillon sera l’invité de la chaîne TF1 lundi 21 novembre. La semaine dernière, son équipe planchait sur le scénario de deux meetings d’entre-deux tours, dont un à Paris. Alain Juppé sera quant à lui l’invité de France 2 ce même 21 novembre au soir ; deux réunions publiques sont déjà programmées pour lui, mardi 22 novembre à Toulouse et vendredi 25 novembre à Nancy.
AFP