Le commissaire chargé de l’Education, de la Science et de la Culture de la Commission de la CEDEAO, Pr Jean-Pierre Ezin, a exhorté les participants à la 5ème Réunion statutaire des ministres de la Culture de l’espace communautaire, à opérer un changement en passant du débat sur «culture et développement» à «culture, pilier du développement et racine de la paix en Afrique», notamment en Afrique de l’Ouest, selon un communiqué de presse de la Direction de la Communication de l’institution régionale en date du 30 janvier 2015.
Dans son allocution prononcée à l’ouverture le jeudi 29 janvier 2015 à Lomé, au Togo, de cette réunion ministérielle de deux jours, le Pr Ezin a expliqué comment on peut réussir ce changement qu’il qualifie d’ailleurs de révolution, estimant que la culture est non seulement une source de sens, d’énergie, de créativité et d’innovation mais également une ressource pour répondre à des défis.
Pour lui, mener à bien cette révolution, «nous demande de reconsidérer les conditions de travail et de vie des créateurs dans nos sociétés, de reconsidérer la préservation de notre patrimoine matériel et immatériel ; d’avoir un autre regard sur nos valeurs traditionnelles fondamentales, qu’elles soient politiques, sociales, religieuses, artistiques, littéraires, scientifiques ou économiques».
En ce siècle de développement vertigineux des moyens de communication, a-t-il souligné, mener à bien cette révolution consiste également pour les ouest-africains à se battre pour assurer une existence efficiente à leurs langues nationales comme vecteurs de transmission des savoirs et au savoir-faire de leurs sociétés.
A ce titre, il a informé l’assistance de la volonté de l’organisation régionale de convoquer une session extraordinaire de la Conférence des ministres de la Culture de la CEDEAO courant septembre 2015 afin d’examiner et de trancher l’épineuse question du choix de la quatrième langue officielle de la CEDEAO.
Le changement que Pr Ezin appelle de tous ses vœux passe enfin par le développement d’un processus d’éducation à la culture de la paix à travers des mécanismes tels les curricula scolaires et académiques ainsi qu’un triple dialogue : interculturel, politique et interreligieux.
A propos justement de religion, le Pr Ezin a salué la présence de leaders religieux parmi les participants, en ce moment où l’intolérance, religieuse notamment, avec son lot de conflits et de guerres, s’importe facilement dans la sous-région, a-t-il souligné.
Abondant dans le même sens, l’ambassadeur du Nigéria au Togo, Matthew Sunday Adoli, représentant le ministre de la Culture de son pays, président sortant de la Conférence des ministres de la Culture de la CEDEAO et la ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et de la Formation civique du Togo, le Pr Kouméalo Anaté, ont eux aussi déploré la recrudescence des conflits armés ou à connotation religieuse en Afrique de l’Ouest.
Pour le Pr Anaté, il urge de réfléchir aux réponses collectives à donner à cette situation d’insécurité grandissante dont la culture et la religion semblent constituer la substance.
«Ce constat nous interpelle, nous tous ici présents, et nous oblige à réfléchir à la meilleure façon de mettre à profit nos richesses culturelles pour promouvoir l’intercompréhension de nos peuples et contribuer au moyen de la culture à la pacification des relations intercommunautaires», a-t-elle indiqué.
Puis, elle a invité les participants à explorer toutes les pistes susceptibles d’éviter l’émergence des extrémismes au nom d’une religion ou d’une identité et de promouvoir le dialogue interculturel et religieux en vue de contribuer à la préservation de la paix pour un développement harmonieux en Afrique de l’Ouest.
«Les ministres de la Culture que nous sommes, pouvons et devons œuvrer grandement à apporter des réponses à ces interrogations qui s’imposent à nous tous aujourd’hui….. Je trouve très pertinent l’esprit de la présente réunion qui veut que la culture soit un instrument de dialogue inclusif pour la paix et le développement en Afrique», a conclu Pr Anaté.
Cette réunion statutaire des ministres de la Culture de la CEDEAO doit examiner des documents essentiels de l’organisation régionale sur les programmes et évènements culturels communautaires, en particulier le rapport des experts. Ce rapport a trait à des questions aussi importantes que la transformation de l’Observatoire régional du droit d’auteur en Organisation régionale de la propriété intellectuelle, à l’organisation de la 1ère édition du Festival des arts et de la culture de la CEDEAO (ECOFEST) et d’un Forum sur l’éducation à la culture de la paix à travers le dialogue intra et inter-religieux.
A noter qu’en marge de la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, le Pr Jean-Pierre Ezin a officiellement remis au Pr Anaté, pour le Togo, l’hologramme du droit d’auteur de la CEDEAO destiné à la lutte contre la piraterie des œuvres artistiques.
De gauche à droite, le Directeur chargé de l’Education, de la Science, de la Culture et de la Technologie de la Commission de la CEDEAO, le Pr Abdoulaye Maga, le Commissaire chargé de l’Education commissaire chargé de l’Education, de la Science et de la Culture de la Commission de la CEDEAO, le Pr Jean-Pierre Ezin, la Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et de la Formation civique du Togo, Pr Kouméalo Anaté.
CEDEAO/AGP