Son parti, l’UDG, ne compte que 4 députés, mais Mamadou Sylla est le chef de file de l’opposition guinéenne. À ceux qui lui reprochent de n’être que le faire-valoir de la majorité, l’ancien patron des patrons répond qu’il est temps de changer de stratégie et de constituer une opposition réfléchie.
« Marionnette du pouvoir », « illégitime »… Depuis qu’il est devenu, presque malgré lui, le chef de file de l’opposition guinéenne à l’issue des législatives de mars 2020 – boycottées par les principaux partis de l’opposition –, Mamadou Sylla est sous le feu des critiques. Avec 4 sièges sur 114, son parti, l’Union démocratique de Guinée (UDG), ne pèse pas lourd face aux 79 élus du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG-Arc-en-ciel, au pouvoir). D’autant que l’ex-patron des patrons, ancien proche de Lansana Conté, a rapidement abandonné sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020 pour soutenir Alpha Condé et ne cache pas sa volonté de collaborer avec la majorité. Il a cependant réussi à attirer dans son cabinet – aux allures quasi ministérielles – plusieurs poids lourds de l’opposition extra-parlementaire.
Jeune Afrique : Alpha Condé a promis de « gouverner autrement » et vous, de vous « opposer autrement ». Qu’est-ce que cela veut dire ?
Mamadou Sylla : Je fais passer le dialogue avant tout. L’essentiel est de pouvoir s’entendre entre Guinéens. L’opposition a bien sûr le droit de descendre dans la rue, mais en respectant la loi. Si le cas se présente, nous demanderons l’autorisation de manifester et, si elle est nous est accordée, nous le ferons. L’essentiel est de restaurer la confiance entre les acteurs politiques et de développer le pays. Nous voulons proposer avant de critiquer, changer de stratégie, car il y a déjà eu trop de morts.