Le bilan de l’attaque samedi à Mogadiscio, revendiquée par les islamistes somaliens shebab, s’élève désormais à 27 morts, un nouvel attentat qui a coûté leur poste aux chefs de la police et des renseignements.
« Le ministre de la Sécurité intérieure a donné des précisions sur l’incident à l’hôtel Nasa Hablod où, a-t-il dit, 27 personnes ont été tuées et d’autres secourues après l’intervention des forces de sécurité », a rapporté le ministre de l’Information Abdirahman Omar Osman, à l’issue d’un conseil des ministres dimanche.
Les membres du gouvernement présents, après en avoir délibéré, « ont finalement voté pour le renvoi des deux responsables, le chef de la police Abdihakim Dahir Said et le chef de l’agence nationale des renseignements Abdillahi Mohamed Sanbalooshe », a poursuivi le ministre.
Le ministre de la Sécurité intérieure Mohamed Abukar Islow « a suggéré que le chef de la police et le chef des renseignements soient renvoyés ».
Cette décision intervient deux semaines après l’attentat au camion piégé du 14 octobre dans le centre de Mogadiscio, le plus meurtrier de l’histoire de la Somalie, qui avait fait au moins 358 morts et 228 blessés. Cet attentat n’avait pas été revendiqué. Mais les autorités n’ont aucun doute sur le fait que les shebab en étaient les auteurs.
Samedi, ces derniers ont rapidement revendiqué la responsabilité d’une nouvelle attaque coordonnée, suivant un mode opératoire désormais éprouvé par cette organisation affiliée à Al-Qaïda.
Ils ont fait détoner deux véhicules chargés d’explosifs à proximité d’un hôtel, le Nasa Hablod, puis un commando d’au moins cinq hommes a pénétré dans l’établissement habituellement fréquenté par de nombreux hauts responsables politiques.
Trois shebab capturés
Le siège a finalement pris fin dans la nuit, après un assaut des forces de sécurité.
« Cinq hommes armés ont pénétré dans l’hôtel. Deux d’entre eux ont été tués et les trois autres capturés », a déclaré dans la matinée Abdiasiz Ali Ibrahim, porte-parole du ministère de la Sécurité.
Un précédent bilan donné de source sécuritaire faisait état samedi soir de 14 morts, « pour la plupart des civils ».
Le président somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo », a condamné cette attaque. « De telles atrocités ne nous dissuaderont jamais, ni ne nous décourageront de combattre les terroristes », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Mais la répétition des attentats de ces derniers mois, avec des charges explosives de plus en plus puissantes, a mis au jour des dissensions importantes parmi les responsables sécuritaires du pays.
Outre le renvoi des chefs de la police et des renseignements dimanche, le ministre de la Défense et le chef d’état-major avaient démissionné quelques jours avant la tragédie du 14 octobre.
Le chef d’état-major a depuis été remplacé, par le général Abdi Jama Warsame, mais toujours pas le ministre de la Défense.
Les shebab ont juré la perte du fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 22.000 hommes de la force de l’Union africaine (Amisom).
Ils ont été chassés de Mogadiscio en août 2011 et ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent dans la capitale, et contre des bases militaires, somaliennes ou étrangères.
AFP