La plupart des pourfendeurs du discours de Cellou Dalein Diallo à Chicago se sont concentrés sur son appel à la guerre. Certes, c’est un élément grave, très grave même. Et il sera une importante pièce à conviction lorsqu’il faudra rechercher les responsables des troubles qui ne manqueront pas d’éclater lors des prochaines joutes électorales en Guinée.
Il y a cependant un autre élément de ce discours qui est tout aussi grave. C’est son caractère exclusivement ethnocentriste.
Analysons l’extrait suivant : « ….On s’est rendu en Basse Guinée et on a été bien accueillis et nos relations sont au beau fixe. Ils nous ont dit qu’ils veulent nous reconnaître comme leurs maîtres (coraniques) et que nous aussi on doit leur reconnaitre que ce sont eux qui nous ont hébergés. Ils nous ont dit qu’ils ne sont pas contre nous autrement on ne serait pas si nombreux chez eux. On s’est compris. Ils disent qu’ils voteront pour nous et en cas de guerre, ils nous aideront … ».
Qui sont ces « On », « Ils », « Nous », « Eux » ? Les adhérents d’un parti ? Assurément non, puisqu’il n’y a pas de parti de Basse Guinée ; la constitution guinéenne interdit ce type de parti et aucun parti guinéen ne s’est proclamé parti de telle ou telle autre région.
Cellou Dalein Diallo parle donc des Peuhls et des Soussous. Cela ne peut souffrir d’aucune contestation. Pour y voir plus clair et pour évaluer la gravité et la portée de ce que vient de faire le Président de l’UFDG, remplaçons les « On, Ils, Nous et Eux » par leur réelle signification : « Nous les peuhls nous sommes rendus en Basse Guinée et on a été bien accueillis et nos relations sont au beau fixe. Les soussous nous ont dit qu’ils veulent nous reconnaître comme leurs maîtres (coraniques) et que les peuhls aussi doivent leur reconnaitre que ce sont eux qui nous ont hébergés. Les soussous ont dit qu’ils ne sont pas contre les peuhls autrement ces derniers ne seraient pas si nombreux chez eux. On s’est compris. Les soussous disent qu’ils voteront pour les peuhls et en cas de guerre, ils les aideront« .
Voici donc la logique dans laquelle s’inscrit un des futurs candidats à l’élection présidentielle en Guinée. Vous ne rêvez pas. Nous sommes bien au XXI° siècle et c’est bien cet irresponsable et ses alliés qui accusent régulièrement Alpha Condé de « détruire le tissu social » en Guinée.
Ansoumane Koly avait déjà attiré l’attention sur l’incapacité de Cellou à se débarrasser du repli identitaire (voir l’article « Autopsie d’une défaite annoncée » http://gn.telediaspora.net/fr/texte.asp?idinfo=44250). Quatre ans après sa défaite, le leader de l’UFDG (des peuhls ?) n’a toujours rien compris. A présent il va plus loin et souhaite entraîner « la Basse Côte » avec lui. Il a déjà remporté une première victoire en obligeant la classe politique à déplacer le débat sur le terrain ethnique. En effet Sydia Touré a cru intelligent de s’investir du pouvoir de désavouer Cellou Dalein Diallo en tant que leader politique « originaire de la Basse Côte ». Bien entendu, il est convaincu que tous les soussous sont d’accords avec lui. Mais on est où là ?
Balakhissa Samoura