A Gnoungouya, district de 450 habitants dont les moyens d’existence reposent sur l’agriculture, 18 personnes ont été contaminées par le virus Ebola et 9 en sont décédées. Outre ces pertes en vies humaines, l’impact sur l’agriculture et la sécurité alimentaire s’est durement fait ressentir, d’autant plus que cette localité a été considérée comme le point d’entrée de l’épidémie pour la ville de Kindia, située à seulement 18 kilomètres et surnommée « la capitale des agrumes »[1].
M’Mahawa Soumah, mère de 8 enfants, raconte les épreuves traversées: « Ebola nous a trouvé en pleine activité agricole. Nous cultivions des tomates, du piment, des pastèques, de l’ananas, du concombre, de l’aubergine, du riz et de l’arachide. Et toutes les fois où nous allions aux champs, nous étions toute de suite rappelés au village par une annonce de contamination ou de décès par suite d’Ebola. Il nous fallait donc faire un choix, soit aller aux champs, soit faire face à la crise sanitaire. Nous avions, contre notre gré, fini par abandonner nos champs pour nous occuper de notre survie. De plus, nous avions surtout souffert de la stigmatisation des autres populations. Personne n’osait acheter des produits en provenance de notre village ce qui a provoqué leur pourrissement. Sans compter que nous étions devenus la risée de tous à tel point que le jour de la fête de Tabaski, les gens nous ont fui à la mosquée de la sous-préfecture. C’était vraiment trop difficile pour nous. »
Depuis le 30 avril 2015, plus aucun cas de Maladie à Virus Ebola (MVE) n’a été recensé à Gnoungouya. C’est avec soulagement que les populations ont pu reprendre leurs activités habituelles, y compris agricoles grâce à l’action concertée du Gouvernement, de la Banque mondiale et de la FAO.
Dans ce cadre, 1 529 agriculteurs de la préfecture de Kindia reçoivent actuellement un appui pour leurs activités agricoles, dont 44 à Gnoungouya. Parmi eux, M’Mahawa Soumah, agricultrice,et Soriba Camara, imam du village, cultivent à nouveau leur champ grâce aux semences de maïs, aux fertilisants et au petit matériel agricole qui leur ont été remis. « Ce geste est un véritable soulagement d’abord pour nous et pour toutes les populations guinéennes en général. En ce sens que ces intrants ne serviront pas qu’aux seules populations de Gnoungouya. Les retombées iront bien au delà. Nous cultivons mais chacun bénéficie des récoltes. C’est donc tout le monde qui se partage le bénéfice » déclare M’Mahawa Soumah.
Un avis partagé par Soriba : « Cette aide vient à point nommé car, à cause d’Ebola, nous avions tout perdu : nos champs, nos produits, nos commerces et surtout nos proches les plus chers. Avec ces semences et ces outils, il nous sera possible de rattraper peut être les pertes en terme de production et de vente de nos produits agricoles. Nous sommes satisfait et c’est pourquoi nous remercions les donateurs et nous les exhortons à faire plus ».
Des kits agricoles comprenant des semences de riz et de légumes ont également été fournis aux agriculteurs du district. La FAO et ses partenaires procéderont dans les prochaines semaines à la distribution de motopompes, de décortiqueuses et d’étuveuses de riz, ainsi que d’autres matériels agricoles qui permettront de renforcer la production agricole. Des distributions de petits ruminants et une assistance en matière d’aviculture sont également prévus. En parallèle, la campagne de sensibilisation des populations contre la MVE se poursuit dans les zones concernées par le projet.
[1] la ville de Kindia est la plus grande productrice d’agrumes en Guinée avec notamment plus de 2 000 tonnes de mangues et 1 470 tonnes d’ananas par an.