En visite en Arabie saoudite, Donald Trump a appelé le 21 mai les pays musulmans à lutter avec détermination contre l’extrémisme. Le président américain voit dans la lutte contre le terrorisme une bataille entre « le bien et le mal ».
Dans un discours prononcé à Ryad devant les représentants d’une cinquantaine de pays musulmans, Donald Trump s’en est violemment pris à l’Iran accusé de « soutenir le terrorisme », à la grande satisfaction des monarchies sunnites du Golfe qui redoutent l’influence de leur grand rival chiite. Se disant porteur d’un message d’amitié, d’espoir et d’amour du peuple américain, le président des États-Unis a souligné la symbolique de son premier déplacement à l’étranger au cœur du monde musulman.
Après voir affirmé pendant sa campagne électorale que « l’islam nous déteste », le magnat de l’immobilier a longuement insisté sur le fait que ce combat n’était pas « une bataille entre religions ».
L’Amérique est prête à être à vos côtés mais les pays du Proche-Orient ne peuvent attendre que la puissance américaine écrase l’ennemi pour eux.
« C’est une bataille entre le bien et le mal », a lancé celui qui a été accusé d’alimenter l’islamophobie et qui, au début de sa campagne, avait proposé de fermer purement et simplement l’accès aux États-Unis aux musulmans.
Le président américain, dont le pays combat depuis 2014 le groupe radical sunnite État islamique (EI) en Syrie et en Irak, a aussi insisté sur la nécessité pour les pays du Proche-Orient et du Golfe de jouer un rôle plus actif dans la lutte antiterroriste.
Divergence rhétorique
Il a appelé les dirigeants musulmans à faire face à « la crise de l’extrémisme islamique », expression sensiblement différente de celle de « terrorisme islamique radical » qu’il avait largement utilisée jusqu’ici mais qui avait provoqué des grincements de dents dans le monde musulman.
Il s’est au dernier moment écarté des extraits qui avait été diffusés à l’avance par la Maison Blanche et qui évoquaient « l’extrémisme islamiste ». Interrogé sur ce hiatus, un responsable de son équipe a souligné qu’il ne fallait rien y voir d’autre que de la fatigue.
« L’Amérique est prête à être à vos côtés mais les pays du Proche-Orient ne peuvent attendre que la puissance américaine écrase l’ennemi pour eux, a insisté Donald Trump. Le chemin vers la paix commence ici, sur cette terre sacrée », où se trouvent des lieux saints de l’islam.
Soulignant que peu de nations avaient été épargnées par le terrorisme, il a évoqué « les atrocités » du 11-Septembre, mais aussi appelé à ne jamais oublier que 95% des victimes sont des musulmans.
« Un discours ne peut peser plus que des années de rhétorique anti-musulmans », a réagi le Council on American-Islamic Relations, réclamant au président républicain « de nouvelles politiques et des actes concrets ».
Comme c’est le cas depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump s’est gardé de toute critique sur la question des droits de l’Homme, devant un parterre de dirigeants dont nombre d’entre eux sont régulièrement montrés du doigt par les organisations internationales.
Revendiquant un contraste marqué avec son prédécesseur démocrate Barack Obama sur ce thème, le président américain assure qu’il préfère agir dans la discrétion, gage, selon lui, d’une plus grande efficacité. « Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux autres comment vivre », a-t-il affirmé.
« Isoler l’Iran »
Sur l’Iran, Donald Trump a accusé ce pays d’attiser « les feux du conflit confessionnel et du terrorisme ». « En attendant que le régime iranien montre sa volonté d’être un partenaire dans la paix, toutes les nations doivent travailler ensemble pour l’isoler ».
Quelques minutes avant lui, le roi Salmane d’Arabie saoudite s’était livré à une attaque en règle contre l’Iran qu’il a qualifié de « fer de lance du terrorisme mondial ».
Téhéran a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, qui a ironisé sur le discours prononcé dans un « bastion de la démocratie et de la modération ».
« S’agit-il de politique étrangère ou simplement de pomper 480 milliards de dollars » au roi de l’Arabie saoudite ?, a-t-il poursuivi sur Twitter, en faisant allusion à des contrats signés entre Washington et Ryad lors de la visite.
L’accueil royal réservé à Donald Trump en Arabie saoudite, où il est venu avec son épouse Melania, sa fille Ivanka et le mari de cette dernière Jared Kushner, contraste avec la tempête politique à Washington marquée par des révélations accablantes sur des liens entre la garde rapprochée du président américain et la Russie.
AFP