L’accession de M. Alpha Condé à la magistrature suprême avait suscité au sein de l’élite guinéenne et notamment la classe politique un réel espoir au regard de ses prises de position quant il était opposant. Mais paradoxalement nous assistons sous son magistère à une violation croissante de la constitution et des libertés fondamentales tous azimuts et particulièrement un musèlement de la presse et de la liberté d’expression.
L’on se souvient de certaines atteintes à la liberté d’expression dont entre autres nous citons :
– Le 25 juillet 2011, le CNC avait imposé à tous les médias du pays, l’interdiction d’évoquer l’attentat perpétré contre la personne du chef de l’Etat dans la nuit du 18 au 19 juillet ;
– Le 17 aout 2013, le Directeur général de la station privée Baté FM de Kankan, a été menacé de mort par des inconnus et inquiété par les autorités de Kankan pour avoir donné la parole à des opposants ;
– Le 12 novembre 2014 un journaliste reporter a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour avoir accordé une interview au chanteur reagaeman Elie Kamano qui dénonçait le régime du président Alpha Condé.
– Le 04 octobre 2014 interdiction a été faite aux journalistes et aux ONG des droits de l’Homme par les autorités politiques et militaires de la region de N’Zerékoré de faire leurs investigations de façon indépendante dans l’affaire du drame de Womey ;
– Les agissements répétés du ministre de la communication contre Espace TV et à l’endroit du représentant de RFI en Guinée ;
– La condamnation par la Justice de M. Abdourahmane Bakayoko, Président du Parti des Démocrates guineens, pour ses opinions politiques à Labé ;
– Les exactions répétées contre certains journalistes dont Mandian SIDIBE (Planète FM), Moussa Tata Kourou DIAWARA (Batè FM) qui ont fini par prendre l’exil sous l’emprise de la dictature du régime d’Alpha CONDE.
– Les menaces répétées du président Alpha Condé à l’encontre des hommes de médias et des opposants quant à leurs opinions sur sa gouvernance calamiteuse au cours de ses conférences de presse à Sekoutouréya ;
N’est ce pas que c’est à la lumière de toutes ces restrictions à la liberté d’expression que dans un rapport d’une mission en Guinée, Reporters sans frontières (RSF) a recommandé au Président Alpha Condé « de s’affirmer publiquement comme garant de la liberté de la presse et du respect du pluralisme des médias ». Le même constat est celui du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dans un communiqué reçu par l’AFP à Dakar, en ces termes : « La censure de la presse par le gouvernement guinéen menace les progrès démocratiques accomplis par le pays ces derniers mois »
C’est donc avec une indignation et une consternation sans précédent que nous constatons avec amertume le bâillonnement de la liberté d’expression dans notre pays : des journalistes menacés, arrêtés et condamnés, des leaders politiques également. Cela n’inquiète-t-il pas plus d’un observateur ? Peut-on donc croire que les pratiques qui consistaient à harceler, intimider et violer les droits élémentaires des journalistes, des leaders d’opinion et acteurs politiques ne sont pas encore révolues en Guinée ?
C’est pourquoi, nous les Chargés de Communication des partis politiques de l’Opposition Républicaine :
Exprimant notre attachement aux valeurs républicaines et notre fidélité à notre constitution qui consacre la liberté d’expression en son article 7 ;
Considérant que cette triste réalité constitue de toute évidence un recul démocratique, après maints sacrifices, et qui traduit la volonté du pouvoir à flétrir toute voix discordante ;
Considérant que la liberté d’expression est l’âme de la démocratie et le fondement de la bonne gouvernance ;
Exprimant notre détermination et notre engagement pour l’instauration d’un Etat de droit dans notre pays ;
Condamnons avec fermeté toutes ces violations graves du droit à l’expression, véritable indice de la démocratie et exigeons à cet effet des autorités politiques et judiciaires :
– De s’abstenir à toute attitude attentatoire à la liberté d’expression ;
– De cesser immédiatement les persécutions dont sont victimes des leaders d’opinion, hommes politiques, journalistes, artistes…
– De respecter le principe constitutionnel et intangible de la séparation des pouvoirs, afin que les magistrats dans l’exécution des tâches qui leur sont dévolues dans la République ne se soumettent qu’à l’autorité de la loi pour éviter d’instituer, perpétuellement dans notre pays, une justice aux ordres de l’exécutif et de constituer par ricochet une épée Damoclès sur la tête des opposants ou leaders d’opinions et des hommes de médias au grand dam de la pluralité des opinions ;
– Exprimons toute notre solidarité à l’endroit de tous ceux qui sont en prison ou sont victimes de poursuites judiciaires et autres actes d’intimidation pour leurs opinions par le pouvoir actuel ;
– Appelons la communauté internationale à plus de vigilance dans le respect des libertés publiques et des droits humains à la lumière des conventions internationales que l’Etat guinéen a ratifiées ;
– Rappelons enfin que le fondement de la quiétude et la paix sociale repose sur la jouissance parfaite de tous les citoyens des droits fondamentaux consacrés par notre constitution, notamment la liberté d’expression.
Je vous remercie
Ont signé les Chargés de Communication de :
UFDG, PEDN, BL, UGDD, UFD, NFD, RDIG, UFC, TSA