Le ministre de la Sécurité intérieure, Simon Comparé a affirmé vendredi en conférence de presse à Ouagadougou que 19 militaires, pour la plupart issus de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle, la garde prétorienne sous Blaise Compaoré, ont été arrêtés pour leur implication présumée dans une tentative de déstabilisation des institutions.
Tout serait parti d’un banal contrôle par des gendarmes postés sur le pont de Nazinon à 140 km au sud de Ouagadougou, le 8 octobre. Ceux-ci interceptent quatre individus qu’ils prennent pour des coupeurs de route en raison de leurs grigris et amulettes. Alors qu’ils les conduisent vers Po, ville frontalière du Ghana au sud du pays, une altercation éclate quand les suspects tentent de désarmer les gendarmes. Deux des forcenés sont alors tués tandis qu’un gendarme reçoit une balle dans le ventre, d’après les explications de Simon Compaoré qui s’exprimait vendredi 21 octobre devant la presse.
Selon lui, les auditions des individus ont révélé que trois d’entre eux sont des déserteurs de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), dissous en septembre 2015 après la tentative de putsch du général Diendéré. Les quatre suspects étaient en possession de cartes d’identité ivoiriennes, selon une source proche de l’enquête, et étaient déjà recherchés dans le cadre d’une autre affaire : l’attaque de la poudrière de Yimibi, le 22 janvier 2016.
Un groupe de 32 hommes
La police judiciaire a également découvert « un complot visant à déstabiliser les institutions et à prendre le pouvoir par les armes », a poursuivi le ministre. Et de préciser : « Selon les dénonciations corroborées par d’anciens soldats du RSP, l’adjudant chef Coulibaly Gaston [décrit comme le chef du complot présumé], secondé par le sergent Zerbo Kalifa et Yelemou Issiaka, tous issus de l’ex-RSP, ont travaillé à recruter 30 autres militaires en avançant que l’armée les marginalisait. Certains ont adhéré au projet ».
Les enquêteurs ont ainsi démantelé un groupe composé de 32 hommes, principalement des sous-officiers et des soldats dont seize avaient déserté le RSP, lesquels projetaient d’attaquer le siège de la gendarmerie à Ouagadougou ainsi que la Maison d’arrêt et de Correction des armées où sont détenus les auteurs présumés du putsch manqué de septembre 2015. À en croire Simon Comparé, ils envisageaient également de séquestrer des autorités et de prendre le contrôle du palais présidentiel de Kosyam.
Une vingtaine de soldats encore en garde à vue
Au total, 19 soldats soupçonnés d’être liés à cette tentative de déstabilisation ont été placés en garde à vue, dont dix ont été déférés au Parquet du commissaire au gouvernement. Une dizaine de civils ont également été entendus. « Les investigations se poursuivent et d’autres arrestations ne sont pas à exclure », a ajouté Simon Compaoré.
Pour le ministre, les enquêtes en cours ont permis aux forces burkinabè de défense de déjouer une tentative de complot contre les institutions républicaines. Selon les aveux des suspects arrêtés, l’attaque était prévue dans la nuit du samedi 8 octobre. L’opération devait d’abord permettre aux assaillants de se procurer des armes. Des réunions préparatoires auraient eu lieu à Ouagadougou et dans certaines garnisons situées à l’intérieur du pays, selon une source sécuritaire.
JA