Cinq chefs d’Etat africains se sont prononcés ce mardi 19 mai 2020, sur les impacts de la pandémie du coronavirus et ont élaboré des perspectives pour une Afrique plus forte et plus compétitive. Ces échanges ont eu lieu lors de la première table ronde virtuelle organisée par le New York Forum Institute.
Ce sont cinq présidents africains que sont: Alassane Ouattara, de la Côte d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal, Uhuru Kenyata, du Kenya, Mohammadou Issouf, du Niger et le Président Maada Dio de la Sierra Léone qui ont été invités à tirer les leçons de la crise sanitaire actuelle, mettre en exergue les risques socio-économiques auxquels le continent est aujourd’hui confronté et à proposer des perspectives pour un monde meilleur.
” Pour un monde résilient : l’appel de l’Afrique en faveur d’une nouvelle gouvernance mondiale “, était le thème principal sur lequel les présidents africains qui ont su faire face à la pandémie du coronavirus ont échangé.
Les différents présidents ont tous salué les organismes internationaux pour le soutien dans cette situation sanitaire avant d’étaler les problèmes économiques, sanitaires et d’éducations auxquels l’Afrique fait face. Ceux-ci ont aussi évoqué par la suite la non solidarité de certains pays en faveur de l’Afrique et l’épineux problème de la dette.
Sur la question de la solidarité internationale, le Président Macky Sall, a déploré la non-solidarité des pays occidentaux envers l’Afrique. Il a par la suite plaidé pour un moratoire voire une annulation de la dette des pays africains. « Nous observons que malgré les financements très importants qui sont mobilisés quotidiennement dans les bourses de valeurs, des transactions qui se chiffrent en trillions (milliers de milliards) $ par jour, l’humanité n’a pas été capable de développer une solidarité, entre les pays. Les efforts tout à fait louables du G20 d’aller vers un moratoire sur la dette bilatérale étaient un pas, mais un pas encore insuffisant pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie… Aujourd’hui nous avons des pays qui ont des capacités de dire nous levons 1000, 2000 milliards $. La simple évocation de cette volonté suffit à ces pays pour mobiliser ces ressources », a-t-il déclaré.
Poursuivant Macky Sall a indiqué qu’il “faut donner un sens à l’économie africaine en investissant réellement dans l’agriculture, l’éducation et la santé et tous les autres secteurs susceptibles de générer de la richesse dans le continent”.
A sa suite, le Président Alassane Ouattara tout en invitant les uns et les autres à faire plus. Il a déploré “l’égoïsme” des pays riches en vers les pays africains et dit découragé en raison de la chute brutale du BIP de certains pays Africains. “Pendant des décennies, nous avons tous insisté, pour que les pays industrialisés, consacrent 0,7% de leurs produits intérieurs bruts, pour aider les pays en voie de développement. Avec cette crise, nous voyons que tous ces pays perdent entre 5% et 7% de leurs PIB. Je pense qu’il y a une morale à tirer de cette situation. Il y a quand même eu un égoïsme des pays riches pendant des décennies. Depuis les indépendances, ces pays en voie de développement courent après ces 0,7% de PIB et cela n’a jamais été atteint. Ce n’est pas dire que nous voulons tendre la main. Nous souhaitons des conditions au plan international pour nous aider à résoudre le problème“.
Aussi il a fait savoir qu’« il faut innover notamment sur la dette commerciale. C’est à ce niveau qu’il faut que des efforts soient faits, afin de soulager nos pays et qu’ils soient capables de rembourser cette dette commerciale, et aussi de poursuivre la riposte sanitaire”.
Le Président Alassane Ouattara a aussi plaidé comme ses homologues pour un moratoire en faveur des pays africains afin que les pays qui ont durement subi les affres de la pandémie du coronavirus puissent rapidement se mettre sur les rails du développement et avoir une économie stable. Pour lui, il faut une franche collaboration équitable entre les pays du sud et les pays du nord afin que l’économie mondial connaisse une stabilité.
Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta a abondé dans le même sens, en indiquant pour sa part que la crise actuelle n’a pas été causée par les pays africains mais ceux-ci subissent les conséquences désastreuses dans cette crise sanitaire. Il a de ce fait invité les pays riches à plus compréhension. Selon lui, il faut une concertation internationale afin d’obtenir un partenariat gagnant-gagnant.
” Aujourd’hui nous sommes frappés par une situation qui ne provient même pas de l’Afrique. Nous avons maintenant besoin de flexibilité budgétaire, pour protéger la santé de nos populations, mais aussi s’assurer que ceux qui ont perdu leurs jobs puissent avoir des filets de sécurité. L’heure est venue pour le monde de donner à l’Afrique cette flexibilité. Une fois que nous serons de nouveau sur pied, on pourra avancer“, a-t-il déclaré.
Mahamadou Issoufou du Niger, s’est voulu très formel en précisant que les rapports entre les africains te les pays riches doivent être des rapports basés sur la franchise et la considération. Uhuru Kenyata a invité ses homologues à mettre en oeuvre un nouveau paradigme qui participera à l’essor économique africain.
« Cela suppose une nouvelle gouvernance politique et économique mondiale plus démocratique. On ne peut plus éluder la question de la réforme des institutions des Nations Unies. On ne peut plus éviter, le débat sur les inégalités, et la nécessité d’une nouvelle dynamique sur la répartition des richesses à l’échelle mondiale et de chaque pays. Cette question est purement politique. Le nouveau paradigme post-covid doit être centré, non seulement sur la lutte contre les inégalités, mais aussi sur les défis climatiques ».
Le Président de la Sierra Léone, Mazda Bio a pour sa part indiqué que pour que l’Afrique décolle économiquement il faut une concertation franche des pays africains et occidentaux.
Concernant les perspectives pour une meilleure employabilité sur le continent, les différents présidents africains ont tous été unanimes sur le financement dans les formations techniques afin de générer de nombreux emplois pour la jeunesse africaine.
Notons qu’en dehors des dirigeants qui ont participé à cette table ronde plusieurs hautes personnalités du monde de la finance et des organisations internationales, dont Tidjane Thiam ont indiqué que la relance économique africaine dépendra rapports internationaux et une meilleure utilisation des fonds de développement.
Afrikmag