La pandémie frappe durement la Tunisie et les cas repartent à la hausse dans d’autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient. L’OMS s’inquiète du manque de respect des mesures barrières et des risques accrus de contamination en vue de l’Aïd.
Après un déclin du nombre de cas et de décès durant huit semaines, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète dans un communiqué de l’augmentation significative des cas de Covid-19 dans plusieurs pays du Maghreb (Libye et Tunisie), et du Moyen-Orient (Iran, Iraq). Et prévient que la courbe devrait également progresser dans les prochaines semaines au Liban et au Maroc, où l’état d’urgence a été prolongé jusqu’à 10 août face aux variants Alpha et Delta.
La Tunisie en première ligne
Le cas de la Tunisie, où le variant Delta se répand, est particulièrement préoccupant. Le petit pays recense 8 000 à 9 500 nouvelles contaminations par jour et a le plus haut taux de mortalité de toute la région Méditerranée orientale, mais aussi d’Afrique. Le nombre de décès y a d’ailleurs sensiblement augmenté en quelques jours, passant de 119 à 189 entre les 5 et 8 juillet. En deux mois, le nombre de cas quotidiens recensés a été multiplié par 10.
« LA SITUATION EST CRITIQUE DANS NOTRE RÉGION », A PRÉVENU LE 13 JUILLET AHMED AL-MANDHARI
Et les structures sanitaires pourraient arriver à saturation, étant donné que les lits de soins intensifs sont déjà occupés à 95 %, 90 % pour ceux disposant d’oxygène. Or, moins de 13 % de personnes ont reçu une première dose de vaccin, et moitié moins sont celles ayant à ce jour bénéficié d’un rappel.
Alors que le voisin libyen assure avoir fermé ses frontières terrestres et aériennes avec la Tunisie pour une semaine de manière préventive, il n’est pas non plus épargné. Les variants Alpha et Delta y circulent. Près de 1 300 cas quotidiens y sont identifiés depuis le 4 juillet. Mais seule 5,6 % de la population est partiellement vaccinée.
« La situation est critique dans notre région », a prévenu mercredi 13 juillet Ahmed Al-Mandhari, directeur régional de l’OMS.
L’AÏD AL-ADHA DEVRAIT ACCROÎTRE RÉUNIONS FAMILIALES ET CÉLÉBRATIONS DANS LA RÉGION, À PARTIR DU 19 JUILLET
Il met en garde contre une combinaison de facteurs de risque : l’apparition de variants (en particulier Delta), le faible accès aux vaccins et le manque d’adhésion des citoyens aux mesures barrières. L’organisation appelle donc à les encadrer strictement.
Craintes concernant l’Aïd
La vigilance devrait être de mise dans l’optique de l’Aïd al-Adha (ou grand Aïd), qui devrait accroître réunions familiales et célébrations dans la région, à partir du 19 juillet. Or à la faveur de ces rencontres, la recrudescence des cas pourrait avoir des conséquences catastrophiques, alerte encore le communiqué.
Car des festivités ont déjà laissé des traces ailleurs. En Iran, celles des vacances et rassemblements à l’occasion de la fête de Norouz, fin mars, sont pointées du doigt. Le pays connaît en effet une vague plus sévère depuis la mi-juin, entraînant un nombre de morts plus important ces deux dernières semaines.
Et l’organisation de souligner ce paradoxe d’une escalade nourrie par le manque de rigueur des populations, alors même que certains pays renforcent les restrictions aux voyageurs entrant sur leur territoire. Port du masque et distanciation physique doivent donc continuer à être de rigueur. Et la vaccination encouragée face aux forts déséquilibres mondiaux, préconise l’OMS.
Jusqu’à présent plus de 11 millions de cas et 223 000 décès ont été recensés dans la région Méditerranée Orientale regroupant trois pays du Maghreb (Libye, Tunisie, Maroc), douze pays du Moyen-Orient (Bahreïn, Égypte, Émirats arabes unis, Iran, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Palestine, Qatar, Syrie, Yémen), trois d’Afrique de l’Est (Djibouti, Somalie, Soudan) ainsi que le Pakistan. En Afrique, la barre des six millions de cas a été franchie le 13 juillet dernier.
JA